Le décollage du télescope spatial James Webb est imminent. Il ne reste que deux ultimes étapes à franchir avant le grand jour.

Cette fois, ce devrait être la bonne ! Sauf improbable et terrible coup de théâtre, l’envoi dans l’espace du télescope américain James Webb aura bien lieu le 24 décembre depuis le port spatial dans les environs de Kourou, en Guyane française. L’entreprise Arianespace, qui a la tâche de s’assurer que l’observatoire quitte la Terre sans encombre, a confirmé le 18 décembre la date du tir.

James Webb
Cette fois, le télescope spatial James Webb est bel et bien installé dans la fusée Ariane 5. // Source : Northrop Grumman

« Le lancement du télescope spatial James Webb est confirmé pour la date cible du 24 décembre », écrit ainsi le groupe spécialisé dans l’exploitation des lancements spatiaux. Le départ de la mission surviendra à 13h20 (heure de Paris). En Guyane, il ne sera que 9h20 du matin — l’horaire devrait permettre de suivre dans de bonnes conditions l’envol d’Ariane 5.

James Webb est désormais placé dans la coiffe du lanceur européen, prêt à partir. Le 18 décembre, le patron d’Arianespace, Stéphane Israël, indiquait la fin imminente de l’intégration du télescope spatial dans la fusée : « dernières opérations d’encapsulation en cours. Il faut encore quelques heures pour les terminer ». Cette phase est bel et bien bouclée, confirme Arianespace.

Les ultimes étapes avant le départ de James Webb

Avant le jour J, il y a encore deux moments importants à franchir.

Le premier est l’ultime passage en revue des préparatifs en amont du lancement par les équipes de l’agence spatiale américaine (Nasa), mais aussi de son homologue européenne, qui a contribué à la conception de l’observatoire, notamment à travers la fourniture de deux spectromètres, MIRI et NIRSpec. Cette revue finale est programmée pour le 21 décembre 2021.

Le second est le déplacement de la fusée sur son pas de tir le 22 décembre. Cette phase n’aura lieu que si l’examen programmé la veille est un succès. C’est une phase sensible : il faut déplacer Ariane 5 du bâtiment d’assemblage final jusqu’au pas de tir, l’ensemble de lancement Ariane 3 (ELA-3). Le trajet, long de 2,8 km, se fait sur rails.

Ariane 5 ELA-3
L’ensemble de lancement Ariane n°3. On distingue les rails sur la droite qui relient le bâtiment d’assemblage final au pas de tir. // Source : ESA/Stéphane Corvaja

Compte tenu de la position verticale du lanceur, le déplacement se fait à toute petite vitesse : 4 km/h. C’est plus lent que la marche d’une personne, mais c’est requis pour ne courir aucun risque : la fusée étant très haute et longiligne, son centre de gravité fait que l’engin pourrait risquer de tanguer ou de basculer si le déplacement est trop rapide ou s’il marque trop d’à-coups.

Le déplacement de cet ensemble (c’est-à-dire la fusée ainsi que la table sur laquelle elle se trouve) pèse un total d’environ 1 800 tonnes. Et c’est un camion spécial qui est chargé de tracter l’ensemble le long des rails, précise le Centre national d’études spatiales (Cnes). Un camion spécial, car il est doté de 28 vitesses, afin de procéder aux accélérations et aux décélérations le plus doucement possible.

Tout au long du transfert entre le bâtiment et l’aire de décollage, une sorte de train accompagne le convoi. Celui-ci a pour mission d’alimenter en fluides et en énergie la fusée, note le Cnes. Une fois que tout est en place, le camion et le train se replient et le lanceur est relié aux installations sur place, notamment le château d’eau qui sert à protéger les installations.

C’est sur le pas de tir qu’aura lieu la phase tout aussi sensible de remplissage des ergols liquides (constitués d’oxygène et d’hydrogène), pour les étages principal et supérieur. Cette étape, qui dure plusieurs heures, se déroule juste avant le vol, dans les derniers moments, compte tenu de la spécificité des ergols (le dioxygène liquide doit être maintenu à -183°C, l’hydrogène à -253°C).

Ce qui est prévu après le départ de James Webb

Le franchissement de toutes ces étapes ne sera que le début de l’aventure pour James Webb. Au moment du décollage, la fusée Ariane 5 devra passer avec succès un certain nombre d’étapes (séparation des propulseurs d’appoint, éjection de la coiffe, largage de l’étage principal, libération du télescope spatial, suivi de la mise en orbite) dans les minutes qui suivent.

Source : Adriana Manrique Gutierrez
Une vue d’artiste de James Webb dans l’espace. // Source : Adriana Manrique Gutierrez

À moyen et long terme, d’autres étapes clés sont à prévoir dans la mise en place du télescope spatial : ainsi, plusieurs moments sont attendus après la première journée, la première semaine, le premier mois, ainsi que tout au long de 2022. C’est au bout du sixième mois que le déploiement de l’observatoire sera achevé. La mission, d’une durée de cinq ans minimum, pourra alors vraiment débuter.

Il est à espérer que tout se passera bien : il sera impossible de venir en aide à James Webb s’il a un pépin physique (la Nasa a d’ailleurs catalogué des centaines de soucis potentiels). L’observatoire sera placé bien trop loin de la Terre (1,5 million de km !) pour envoyer des astronautes faire une maintenance. Tout juste pourra-t-on lancer des correctifs logiciels pour limiter la casse.

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