Dans l’inconscient collectif, Bill Gates a deux statuts qui lui collent à la peau. Pour la majorité, il est le milliardaire fondateur de Microsoft. Pour la frange marginale qui aime croire à une grande conspiration, il est l’instigateur du coronavirus (et de tout un tas de projets fantasmés, du contrôle des populations par la 5G à l’ajout d’une puce dans les vaccins).
Mais si l’on suit la carrière du personnage depuis longtemps, on sait qu’il consacre désormais la plupart de son temps à la lutte contre les pandémies — et en particulier, contre le paludisme. Depuis son départ opérationnel de Microsoft en 2008, autant le dire clairement, Bill Gates a dépensé des centaines de millions de dollars chaque année pour la recherche et la mise en place de programmes de vaccination — desquels il ne tire évidemment aucun bénéfice.
Cette activité ne lui a pas donné les clefs de lecture scientifique d’un épidémiologiste, mais après plus d’une dizaine d’années de terrain, son expérience a de la valeur. Pour preuve parmi d’autres, cette fameuse vidéo que la frange adepte d’un complot n’a pas hésité à brandir comme une preuve de son implication dans la pandémie actuelle. Gates y décrit assez fidèlement, 5 ans avant les faits, ce que le monde a connu à partir de 2020, en extrapolant simplement ses connaissances de l’épidémie d’Ebola. Il avait aussi raison sur la disponibilité des vaccins à ARN messager, quand le monde entier doutait.
En ce mois de décembre 2022, Bill Gates a fait une série de tweets, dans lesquels il s’essaie à une nouvelle prédiction concernant le coronavirus. Elle pourrait se résumer facilement : cela va aller très mal avant d’aller mieux.
Le danger d’Omicron
Pour lui, le danger est évident : il se nomme Omicron. « Ce variant se diffuse plus rapidement que n’importe quel virus dans l’Histoire. Il sera bientôt dans tous les pays du monde », lance-t-il, avant de prévenir : « Nous devons le prendre très au sérieux en attendant de savoir s’il entraîne des formes sévères de la maladie. S’il est ne serait-ce que moitié moins grave que le variant Delta, il saturera les hôpitaux ». Ce qui est simple à comprendre : même s’il s’avère qu’il cause plus marginalement des formes graves du covid-19, le variant Omicron sera tellement diffusé que les hospitalisations vont augmenter.
Ce qui fait ajouter à Bill Gates des recommandations de base : respect des gestes barrière et vaccination avec une dose de rappel pour contrer les effets graves éventuels de la maladie. Tout en précisant ce que la frange antivax ne manquera pas de relever : que des gens vaccinés seront contaminés, et que cela sera amplifié avec Omicron. « Cela semblera préoccupant, mais ce n’est qu’un facteur lié au nombre de gens vaccinés et à la vitesse de diffusion du variant. les vaccins sont conçus pour empêcher les gens d’être gravement malades et fonctionnent très bien pour cela ».
Où est l’espoir dans tout cela ? Dans la compréhension de comment un virus fonctionne et de comment le covid-19 a fonctionné par vague jusqu’ici. Pour Bill Gates, au rythme où les contaminations à Omicron vont, il faudra « moins de trois mois » pour qu’il soit dominant dans un pays. Cela signifie que la vague va être rapide, exponentielle, mais également de courte durée. Des conclusions que l’on retrouve déjà dans les quelques données que nous possédons au sujet du variant Omicron.
Cette rapidité fait conclure à Bill Gates que si les bonnes actions sont prises, la pandémie pourrait s’arrêter en 2022, après une vague extrême liée à Omicron. On lit entre les lignes que le milliardaire estime qu’Omicron jouera, dans une certaine mesure, le rôle d’un virus saisonnier, qui disparaît après un pic, en l’absence d’hôte à contaminer. Pour l’heure, la prédiction, aussi réjouissante soit-elle, ne pourra faire oublier ce qui se passera avant son éventuel accomplissement : une vague Omicron qui a déjà conduit certains États à des mesures fortes pour minimiser la pression hospitalière.
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