Amenhotep 1er a régné sur l’Égypte antique du 16e siècle avant notre ère, entre –1525 et –1503. Son nom signifie littéralement « Amun est satisfait » et il fut pharaon lors d’un âge d’or de prospérité et de sécurité. Aujourd’hui, il nous reste sa momie, au musée égyptien du Caire. Là où tant de momies ont été ouvertes (« démaillotées ») par les archéologues ces dernières décennies, l’une d’entre elles fait exception : celle d’Amenhotep 1er.
La raison n’est pas à trouver dans la crainte d’une sombre malédiction, mais dans un état de conservation exceptionnel que les égyptologues ne veulent pas souiller. La momie d’Amenhotep 1er se distingue par une décoration superbe qui a parfaitement traversé le temps : des guirlandes cousues avec des fleurs, ainsi qu’un masque funéraire peint avec réalisme et incrusté de pierres colorées.
Mais voilà que les scientifiques du 21e ont franchi le pas : la momie vient d’être ouverte pour la première fois depuis 3 000 ans. Plus précisément, elle a été « déballée » numériquement à l’aide d’un scanner 3D par tomodensitométrie (CT scan). Grâce à cette technique d’imagerie issue du domaine médical, les égyptologues ont dorénavant une reconstruction en trois dimensions du corps d’Amenhotep 1er à l’intérieur de la momie.
Ces travaux de recherche, publiés le 28 décembre 2021 dans la revue Frontiers in Medicine, détaillent les trouvailles qui en découlent. « Nous montrons que l’imagerie par CT-scan peut être profitable dans les études anthropologiques et archéologiques sur les momies, y compris celles d’autres civilisations, par exemple le Pérou », se sont réjouis Sahar Saleem et Zahi Hawass, co-auteurs des travaux, dans un commentaire sur l’étude. Il s’agit bel et bien d’une technique en plein essor dans ce secteur : encore cette année, une momie enceinte a pu être identifiée pour la première fois.
Amenhotep 1er est mort à 35 ans
On doit la qualité de conservation à travers les âges à une restauration ayant eu lieu au 11e siècle avant notre ère, soit quatre siècles après sa momification. Durant la dynastie d’alors, les prêtres avaient entrepris de déterrer certaines momies royales de précédentes dynasties pour réparer les dommages causés par les pilleurs de tombes. Le déballage numérique de la momie permet donc tout à la fois d’étudier comment il avait été momifié et enterré à l’origine, mais aussi comment il a été traité puis réenterré lors de cette ancienne restauration.
On apprend dans l’étude que ce roi de l’Égypte antique avait 35 ans à sa mort. Il mesurait 1,69 mètre, était circoncis et avait « de bonnes dents ». Lors de l’enterrement, il portait pas moins de 30 amulettes sur lui, une ceinture en or avec des perles elles aussi en or. Anatomiquement, « il avait un menton étroit, un petit nez étroit, des cheveux bouclés et des dents supérieures légèrement saillantes ».
« Nous n’avons trouvé aucune blessure ou défiguration due à une maladie pour justifier la cause du décès », détaillent les égyptologues, bien qu’ils relèvent toutefois des mutilations post-mortem qui semblent causées par les pilleurs de tombe. Lors de sa momification originelle, ses entrailles et autres organes avaient été retirés, à l’exception de son cerveau, toujours dans son crâne, et de son cœur — le cœur était vu comme le siège de l’âme.
Quant à la deuxième momification menée au 11e siècle avant notre ère, Sahar Saleem et Zahi Hawass postulaient que les prêtres de l’époque étaient surtout motivés par un objectif utilitaire : récupérer des accessoires, bijoux et vêtements d’enterrement afin de s’en servir pour de nouveaux enterrements. Mais l’analyse intérieure de cette momie par les deux chercheurs leur a permis de discréditer leur propre théorie, au moins pour Amenhotep 1er. « Les prêtres de la 21e dynastie ont réparé avec amour les blessures infligées par les pilleurs de tombes, ont redonné à sa momie sa gloire d’antan et ont conservé les magnifiques bijoux et amulettes en place », précisent-ils.
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