C’est une intervention qui est présentée comme une première mondiale. En Suède, un homme de 71 ans a eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un drone transportant un défibrillateur. Les faits, tels qu’ils sont présentés par la société Everdrone dans un communiqué publié le 4 janvier 2022, se sont produits au mois de décembre à Trollhättan, dans le sud-ouest du pays.
Le sénior a été victime d’une crise cardiaque alors qu’il pelletait de la neige dans son allée. L’intéressé a eu une chance incroyable : il a eu son malaise au moment où un médecin se rendait en voiture à l’hôpital quand il a vu l’homme s’effondrer. Il a alors procédé immédiatement à un massage cardiaque, tandis qu’un autre passant a fait le 112 pour demander des secours.
C’est à la suite de cet appel qu’une ambulance a été dépêchée sur place, mais aussi un drone transportant un défibrillateur — celui-ci est arrivé en premier au domicile du malheureux, trois minutes après l’appel, et a permis au médecin de poursuivre ses gestes de premiers secours, jusqu’à ce les ambulanciers prennent le relais et transportent la victime à l’hôpital.
Si le drone n’a été qu’un maillon dans une chaîne dont l’issue est heureuse, cette première donne du grain à moudre pour les partisans des drones de secours — et pour les entreprises qui se positionnent sur ce créneau. L’enjeu, ici, est de pouvoir commencer très tôt le massage cardiaque et la défibrillation. Plus le temps passe, plus les chances s’amenuisent.
L’enjeu du temps pour sauver les victimes de crise cardiaque
Selon la ville de Paris, il y a trois personnes chaque jour qui sont victimes d’un arrêt cardiaque dans un lieu public. Or, le délai moyen avant l’arrivée des secours à Paris est de 10 minutes. Et à chaque minute de perdue, c’est 10 % des cellules du cerveau qui sont détruites ! Être sous la barre des 5 minutes est décisif pour avoir de bonnes chances de relancer le cœur.
Il y a en France environ 50 000 personnes victimes d’un arrêt cardiaque chaque année, selon l’entreprise AED MAP, qui opère un service de géolocalisation de secouristes bénévoles en cas d’arrêt cardiaque — des bons samaritains. Or, peu de gens survivent : à peine 7,5 %, c’est-à-dire moins d’une personne sur dix. D’où l’envie de développer l’approche de drones secouristes.
Le sujet n’est pas nouveau : la piste est imaginée depuis des années (on en trouve une trace par exemple dès 2014). Dans le même genre, on a aussi vu émerger le concept d’un drone sauveteur en mer, qui pourrait larguer une bouée à une personne en difficulté, plus ou moins loin des côtes, en attendant l’arrivée d’un jet-ski ou d’un zodiac pour la repêcher.
Cela a également été une question politique, lorsqu’un député a posé, sans succès toutefois, une question au ministère de la Santé et des Solidarités. Le parlementaire voulait connaître l’opinion du gouvernement sur ces drones défibrillateurs dans un schéma de secours aux victimes, puisqu’ils sont capables d’enjamber la circulation pour gagner un temps précieux.
Des obstacles restent toutefois à lever, à commencer par l’autorisation de faire voler un drone en ville — mais une exception au statu quo serait tout à fait justifiée, vu les buts poursuivis par le drone de secours.
La connaissance du public vis-à-vis des gestes de premiers secours en est un autre : si les défibrillateurs automatisés externes sont relativement simples d’emploi, il serait toutefois préférable de savoir comment faire un massage cardiaque, pour donner des chances à la victime en attendant un drone, une ambulance ou bien un tiers avec un DAE.
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