Réalisée en laboratoire de biologie, la sérologie est une analyse de sang qui permet de détecter la présence d’anticorps spécifique à un virus. Contrairement aux tests antigéniques ou PCR, elle ne permet pas d’effectuer un diagnostic ni de savoir si la personne est contagieuse, puisque les anticorps se forment sur le tard, plusieurs jours après l’infection. Pour le Covid-19, elle a à un moment servi essentiellement à voir si une personne avait été au contact du SARS-CoV-2.
À quoi sert une sérologie ?
Aujourd’hui, avec la vaccination qui permet, elle aussi, de développer des anticorps protecteurs, la sérologie trouve d’autres indications. C’est notamment le cas avec le suivi des personnes immunodéprimées (par exemple, atteintes d’un cancer sous chimiothérapie ou greffées ou dialysées), comme l’explique le Dr. Jérôme Barrière, oncologue médical, à Numerama : « On sait que chez eux, la vaccination peut-être moins efficace. Alors, si leur taux d’anticorps est faible, cela permet de guider des rappels vaccinaux plus précoces et répétés (4ème dose possible depuis septembre en France) ».
Il conçoit quelques imperfections à la méthode : « Il est compliqué de définir un seuil de protection suffisant. En outre, en raison d’un échappement immunitaire, Omicron change la donne : ce variant nécessite un taux d’anticorps protecteurs plus élevés pour éviter une forme symptomatique. »
Le Dr Barrière signale d’autres usages de la sérologie : « Cette analyse peut avoir un intérêt pour s’assurer qu’une personne a bien eu le Covid lorsque l’on suspecte un Covid long. Un sérologie positive peut aussi, en réanimation, orienter vers un faux pass sanitaire en cas de forme grave qu’on ne s’explique pas chez une personne vaccinée. »
Des sérologies différentes pour les personnes vaccinées et infectées ?
Peut-on distinguer les sérologies d’une personne vaccinée et d’une personne précédemment infectée ? Dans certain cas, oui. « C’est très variable, différents paramètres entrent en jeu, comme le temps après infection ou vaccination. Une infection peut conférer un niveau d’anticorps globalement supérieur à celui conféré après 2 doses. Niveau qui sera rattrapé nettement grâce à la 3ème dose vaccinale », complète le Dr Barrière.
En effet, si on veut chercher la petite bête, on peut la trouver. Éric Billy chercheur en immuno-oncologie à Strasbourg et membre du collectif Du côté de la science explique : « Lorsque l’on effectue des tests ELISA en laboratoire, il est possible, contrairement aux tests sérologiques rapides (TROD), de distinguer les anticorps anti-spike (anti-S) et les anticorps anti-nucléocapside (anti-N). »
Petit rappel : Spike est la protéine qui permet au SARS-CoV‑2 de pénétrer dans nos cellules et le nucléocapside désigne l’ensemble formé de la capside du virus et du génome viral. Une infection induit la formation d’anti-spike et d’anti-nucléocapside, la vaccination ne produit que des anti-spike.
Alors, les anti-S seront présents aussi bien chez les personnes qui ont été infectées que chez celles qui ont été vaccinées. En revanche, les anti-N ne seront présents que chez les personnes ayant développé le Covid-19. Ainsi :
- Les personnes vaccinées mais non infectées n’auront que des anti-S
- Les personnes vaccinées et précédemment infectées auront des anti-S et des anti-N
- Les personnes non vaccinées et précédemment infectées auront des des anti-S et des anti-N
Il est toujours possible, notamment à des fins de diagnostic a posteriori, de définir si une personne vaccinée a été préalablement contaminée par le SarS-CoV-2. Reste que les anticorps ont tendance à disparaître à distance de l’infection ou de la vaccination. Il sera ainsi aujourd’hui difficile de dire si la fatigue ou les douleurs que vous trainez depuis 2 ans sont liées à un covid long conséquent à une infection en février ou mars 2020 lorsque les tests PCR faisaient défaut.
Une sérologie positive ne remplace pas la vaccination
Il convient enfin de préciser qu’avoir des anticorps ne suffit pas à protéger d’une infection, mais que leur taux peut donner des indications pour les personnes à risque, comme le rappelle le Dr. Barrière : « Malheureusement, les anticorps ne suffisent pas forcément pour éviter une infection. Sous un certain seuil d’anti-spike après vaccination chez un patient atteint d’une hémopathie maligne ou greffé, il faut lui proposer une protection par anticorps monoclonaux anti SARS-Cov-2, en préventif (EVUSHELD). »
Dans une majorité de cas, chez les personnes non immunodéprimées, la sérologie ne sert qu’à assouvir une certaine curiosité… et ne peut remplacer la vaccination.
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