Les laboratoires Pfizer ont eu un rôle prépondérant dans la crise sanitaire du coronavirus en développant le vaccin Comirnaty, basé sur l’ARN messager. C’est leur traitement en curatif qui vient dorénavant d’être validé par la plupart des autorités de santé. Ce 27 janvier 2022, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son accord. Quelques jours avant, en France, la Haute autorité de Santé (HAS) avait fait de même.
Qu’est-ce que Paxlovid ?
Le Paxlovid est un antiviral qui se prend par voie orale, sous forme de pilule. C’est un traitement en curatif : il vise à soigner une infection en empêchant le virus de se répliquer au sein des cellules (là où un vaccin prépare, en préventif, le système immunitaire).
La pilule de Pfizer est composée de deux substances actives, PF-07321332 (nirmatrelvir) et ritonavir. La première — PF-07321332 — réduit la capacité de l’agent infectieux, le coronavirus SARS-CoV-2, à se multiplier dans les cellules du corps. La seconde — le ritonavir — vient aider la première à subsister plus longtemps dans le corps, afin que la durée d’action soit suffisamment longue pour réellement freiner la multiplication du virus.
Comme l’explique la HAS, le traitement au Paxlovid « se présente sous forme de comprimés (2 comprimés de nirmatrelvir PF-07321332 et 1 comprimé de ritonavir) à prendre par voie orale deux fois par jour pendant cinq jours ».
La pilule anti-covid de Pfizer est-elle efficace ?
Pour autoriser le médicament, l’EMA a étudié les données issues de l’essai clinique mené par le laboratoire, et elle en a déduit une bonne efficacité, en plus de la sécurité du traitement qui ne déclenche pas d’effets secondaires imprévus ou problématiques.
Durant l’essai, il y avait deux types de patients : ceux qui recevaient le Paxlovid et ceux qui recevaient un placebo (un médicament sans effet). Dans les deux cas, les patients n’ont pas reçu de traitement aux anticorps monoclonaux (un traitement déjà utilisé lors de formes graves et qui ne peut se prendre qu’à l’hôpital, car ce n’est pas une pilule). Par ailleurs, la prise avait lieu dans les 5 jours suivant les premiers symptômes du covid.
Le résultat différencié entre les deux groupes est assez net. Lors du mois suivant le traitement :
- 0,8 % des patients (soit 8 personnes sur 1 039) ayant reçu le Paxlovid ont été hospitalisés plus de 24h. Aucun n’est décédé.
- 6,3 % des patients (soit 66 personnes sur 1 046) n’ayant pas reçu le Paxlovid mais un placebo ont été hospitalisés plus de 24h. Neuf décès sont à déplorer dans ce groupe.
Le risque de décès et d’hospitalisation est globalement réduit de 85 %. Bien que l’étude ait eu lieu auprès de personnes majoritairement contaminées par le variant Delta, l’EMA relève que les analyses en laboratoire permettent d’anticiper que Paxlovid « soit également actif contre Omicron et les autres variants ». Même constat pour la HAS : « le mécanisme d’action du Paxlovid® laisse espérer une efficacité maintenue sur les différents variants, y compris Omicron ».
Dans quels cas Paxlovid est recommandé ?
Dans son avis remis le 21 janvier 2022, la Haute autorité de Santé validait cette pilule anti-covid spécifiquement « pour les adultes atteints de Covid-19 ne nécessitant pas d’oxygénothérapie et à risque élevé d’évolution vers une forme grave de la maladie ». La recommandation de l’EMA à l’échelle de l’Europe est la même.
Le Paxlovid aura une spécificité : il sera « accessible en ville », c’est-à-dire qu’il pourra être prescrit par les médecins généralistes. La HAS précise aux médecins qu’il convient de vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication (insuffisance hépatique sévère ou une insuffisance rénale sévère à modérée) ni d’interaction médicamenteuse.
Les publics concernés sont les « patients adultes à risque de forme grave de Covid-19 », ce qui comprend :
- Quel que soit leur l’âge et leur statut vaccinal, les patients adultes sévèrement immunodéprimés ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave (en particulier cancers en cours de traitement, polypathologies, trisomie 21 ou certaines maladies rares)
- Les patients au-delà de 65 ans présentant des facteurs de risques de développer des formes graves (diabète, obésité, insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, insuffisance respiratoire…), en particulier lorsque ces personnes ne sont pas ou pas complètement vaccinées. Sur ce dernier point, la HAS rappelle toutefois que le médicament ne peut être perçu comme un substitut à la vaccination, qui reste la meilleure façon, justement, d’éviter les formes graves.
La HAS a prévenu que les stocks seraient, au moins au début, limités. L’autorité de santé met par ailleurs en place un suivi — comme pour chaque médicament ou vaccin — afin d’évaluer constamment l’intérêt du traitement.
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