Vous aimez le café ? Dommage : si le changement climatique continue sur cette voie, la denrée pourrait devenir rare et chère. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude.

Les conséquences du dérèglement climatique, provoqué par les activités humaines, sont nombreuses. Beaucoup d’entre elles concernent l’alimentation, tant les cultures sont dépendantes du climat. Des travaux de recherche, publiés le 26 janvier 2022 dans la revue scientifique PLOS One, se penchent plus spécifiquement sur le café, la noix de cajou et l’avocat.

Les quatre scientifiques à l’origine de cette étude ont mobilisé trois scénarios différents d’évolution du climat, à l’horizon 2050, pour modéliser les impacts futurs du changement climatique sur ces cultures, « à la fois au niveau mondial et dans les principaux pays producteurs ». Pour chaque denrée, le dérèglement a bel et bien un impact, provoquant une reconfiguration des zones cultivables ou non à l’échelle planétaire. Certaines zones en altitude pourraient bénéficier de l’augmentation des températures minimales, mais dans les pays producteurs (et pour lesquels ces cultures sont une part importante de l’économie), cela pourrait restreindre le nombre de zones cultivables. « L’adaptation au changement climatique sera nécessaire dans la plupart des grandes régions productrices de ces trois culture. »

L’une de ces trois denrées ressort tout particulièrement de l’analyse comme étant menacée : le café. « Le café s’est avéré être le plus vulnérable, avec des impacts climatiques négatifs dominants dans toutes les principales régions productrices », écrivent les auteurs.

Imaginez la même scène mais sans le café. Trahison ! Déraison ! Malfaçon ! // Source : Pexels
Imaginez la même scène mais sans le café. Trahison ! Déraison ! Malfaçon ! // Source : Pexels

Des zones cultivées qui deviendront moins cultivables

Ces travaux montrent qu’une grande part des zones cultivables aujourd’hui — et qui sont actuellement utilisées par les producteurs de café — seront restreintes par les effets du changement climatique.

Le graphique ci-dessous, issu de l’étude, montre l’évolution des zones cultivables dans les tropiques, pour le café, dans un scénario climatique 4.5 — c’est-à-dire « business as usual », si les émissions de gaz à effet se poursuivent sans baisser (mais sans trop augmenter non plus).

Évolution des terres où il est possible de cultiver du café arabica, d'ici 2050, selon un scénario climatique « business as usual » (sans baisse des émissions). // Source : Plos One, 2022
Évolution des terres où il est possible de cultiver du café arabica, d’ici 2050, selon un scénario climatique « business as usual » (sans baisse des émissions). // Source : Plos One, 2022

Ce graphique montre de nombreuses zones qui deviennent moins adaptées à la culture du café, en raison de changements dans le climat. Comme il s’agit du scénario « business as usual », le résultat pourrait être pire en cas d’augmentation plus forte des émissions ou, au contraire, bien meilleur en cas d’efforts suffisants pour baisser les émissions.

Paradoxalement, des régions jusqu’alors peu adaptées à la culture du café pourraient le devenir. Là où des pays comme le Brésil et la Colombie pourraient voir le nombre de zones cultivables chuter, d’autres comme la Chine ou même les États-Unis verront apparaître des zones plus propices. Mais il ne suffit pas de « déplacer » les cultures ; et les conséquences socioéconomiques pourront être graves dans les régions perdant leurs cultures.

Fini le café quotidien ?

De fait, dans un scénario où le nombre de zones cultivables se restreint, une denrée comme le café deviendra plus rare et donc plus onéreuse. Le café « pourrait même passer du statut de boisson quotidienne bon marché à celui de friandise prisée à déguster lors d’occasions spéciales, un peu comme un bon vin », estime le biologiste Denis J Murphy dans un commentaire de l’étude publié dans The Conversation.

Et comme le relève ce chercheur, ce problème est loin de ne toucher que le café. Compte tenu de l’impact du dérèglement sur les zones tropicales, « de nombreuses cultures tropicales deviendront plus rares et donc plus chères à l’avenir. » Les mesures d’atténuation sont, en conséquence, d’autant plus urgentes. Une part des effets est aujourd’hui inévitable, mais plus les mesures sont prises tôt et plus elles sont fortes, plus elles ont un impact concret pour éviter que cela s’aggrave au long terme. Le besoin de politiques à court terme était l’objet du dernier rapport du GIEC.

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