Ne plus émettre de CO2 est la principale manière de combattre le réchauffement climatique. Mais il existe une approche alternative qui pourrait contribuer — à plus petite échelle — à lutter contre ce gaz à effet de serre : le recapturer après son émission dans l’air afin de le piéger profondément sous terre. Dans ce domaine, Verdox, une jeune pousse du MIT, a peut-être fait une avancée importante, indique The Times le 3 février.
La startup a trouvé un matériau qui pourrait rendre la capture de CO2 (ou « capture carbone ») plus efficace, moins énergivore et moins chère. Alors que beaucoup d’entreprises utilisent des solvants qu’elles chauffent pour séparer le CO2 de l’air ou des gaz qui sortent des usines, Verdox a adopté une approche différente. Elle a mis au point un type particulier de plastique qui attire le CO2 lorsqu’il est traversé par un courant électrique. Il suffit ensuite de modifier le voltage pour libérer de nouveau le dioxyde de carbone. Verdox met en avant la versatilité de sa technologie, capable de fonctionner sur différentes concentrations de CO2 (élevée à la sortie d’usine, très légère dans l’air ambiant).
Stocker le CO2 sous terre
Verdox indique que son système permet de réduire de 70 % la quantité d’énergie nécessaire pour capturer du carbone. Cette technologie n’en est encore qu’à un stade très expérimental, mais la startup espère à long terme pouvoir capturer des millions de tonne de CO2 par an, à un coût ne dépassant pas les 50 $ par tonne.
Si elle y parvient, ce serait une avancée importante. Les entreprises de capture carbone n’ont guère à se soucier de trouver de la place pour stocker le CO2 : nous disposons de quantité de réservoirs situés très loin sous terre qui pourraient en accueillir. L’Agence Internationale de l’Énergie souligne du reste que « la nature et les mécanismes permettant de piéger, de manière efficace et sûre, le C02 dans ces réservoirs (ndlr : géologiques) sont désormais bien connus ».
Le principal problème qui se pose dans ce secteur est en réalité celui du coût. Lorsque la capture se fait sur un site industriel. à un endroit ou le CO2 est relativement concentré, cela varie entre 13 et 100 € la tonne de CO2, selon l’IEA. Mais lorsque le CO2 est capturé dans l’air ambiant (le Direct Air Capture ou DAC), comme ce que développent entre autres Verdox, les prix se situent habituellement plutôt entre 100 et 300 € la tonne. Si Verdox tient ses promesses et parvient à contenir le coût sous les 50 $ la tonne soit 43 €, cela constituerait donc une baisse de prix significative.
Le fond de Bill Gates a investi dans la capture carbone de Verdox
Les avancées de Verdox dans le domaine ont d’ailleurs tapé dans l’oeil des investisseurs. La startup a levé 80 millions $ de plusieurs investisseurs, parmi lesquels Breakthrough Energy Venture, le fond créé Bill Gates. Ce fond a vocation à soutenir le développement de 4 grands types de technologies vertes considérées comme prometteuses, parmi lesquelles la capture directe de CO2 dans l’air.
Rappelons cependant que l’objectif de la capture carbone n’est pas — et ne sera jamais — de piéger une grande partie des immenses quantités de CO2 que l’humanité génère chaque année (40 milliards de tonnes). « Ce ne serait techniquement et financièrement pas du tout possible », expliquait à Numerama Sofia Kabbej, chercheuse au sein du programme Climat, Énergie et Sécurité de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) en septembre 2021.
Verdir notre production d’électricité, électrifier tout ce qui peut l’être en utilisant cette énergie verte, et réduire la consommation mondiale de viande sont les principales actions à entreprendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La capture carbone pourrait, en revanche, s’avérer utile pour supprimer la part d’émissions que nous n’aurions pas réussi à totalement éliminer. Car c’est bien le zéro carbone que nous devons atteindre en 2050 pour maintenir le réchauffement climatique en deçà des seuils les plus dangereux.
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