Ramasser les crottes déposées par votre chien est un geste essentiel pour la propreté des espaces partagés. Mais une étude publiée le 6 février 2022 rappelle qu’il s’agit aussi d’une nécessité écologique.
Dans ces travaux, on apprend que dans les quatre réserves étudiées, autour de Ghent en Belgique, on trouve dans chaque hectare 11,5 kg d’azote (qui provient de l’urine et des excréments des chiens) et 4,8 kg de phosphore (principalement des excréments). Ce sont là, bien évidemment, des matières naturelles. Pour les auteurs, cependant, en de telles concentrations, elles ont un impact négatif sur l’écosystème.
Pour comparaison, on compte un ajout de 5 à 25 kg d’azote par hectare par l’agriculture et les combustibles fossiles dans les zones concernées par ces sources. « Nous avons été surpris par l’importance des apports de nutriments provenant des chiens. Les apports atmosphériques d’azote provenant de l’agriculture, de l’industrie et de la circulation font à juste titre l’objet d’une grande attention de la part des politiques, mais les chiens sont totalement négligés à cet égard », précise Pieter De Frenne, dans un commentaire sur l’étude.
Fertilisation excessive par excès d’excréments
Pas moins de 1 629 « visiteurs canins » en un an et demi sont recensés dans l’étude dans les quatre réserves naturelles analysées. Puisqu’ils sont pour la plupart tenus en laisse, leurs besoins sont concentrés dans les mêmes endroits, sur les chemins parcourus. « Les apports de nutriments, tant en azote qu’en phosphore, dépassaient les limites légales pour la fertilisation des terres agricoles », constatent les chercheurs face à leurs relevés. « Ce qui est assez stupéfiant, puisque notre étude portait sur les réserves naturelles ! ».
La fertilisation est une bonne chose… mais dans une certaine limite. « Dans de nombreuses réserves naturelles, la gestion vise spécifiquement à abaisser les niveaux de nutriments du sol afin d’améliorer la biodiversité végétale et animale. Cela peut se faire par des méthodes comme le fauchage et l’enlèvement du foin. Nos résultats suggèrent que les apports actuellement négligés des chiens dans les réserves naturelles pourraient retarder les objectifs de restauration. »
Le fait que les déjections soient « contenus » dans une partie spécifique, grâce à la laisse, réduit quelque peu l’impact global sur l’ensemble de l’écosystème. Malgré tout, ramasser les crottes n’en demeure pas moins important. Dans le scénario dressé par les chercheurs où les propriétaires ramassaient les excréments, le niveau de fertilisation était réduit de 56 % pour l’azote, et 97 % pour le phosphore. Le déséquilibre est logique étant donné que l’azote vient aussi de l’urine (…qui ne peut pas être ramassée).
Dans leur étude, les chercheurs en concluent qu’il serait nécessaire d’encourager les visiteurs à ramasser les excréments de leurs chiens. Ils suggèrent aussi de bien appuyer sur l’importance de la laisse dans ces parcs, pour concentrer les effets, mais amènent aussi l’idée de créer davantage de parcs où les chiens peuvent gambader gaiement sans laisse, ce qui permettrait à terme d’alléger l’effet sur les réserves naturelles.
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