Les réactions de certains astronomes face au récent incident rencontré par SpaceX avec ses 40 satellites Starlink, perdus à cause d’un orage magnétique, sont révélatrices. Pour beaucoup d’experts, la constellation de satellites imaginée par Elon Musk pour fournir Internet depuis l’espace n’est pas une bonne idée. Entre la pollution lumineuse et les risques de collisions, nombreux sont les scientifiques à pointer du doigt les risques associés au projet Starlink.
La Nasa vient d’apporter un autre argument, repéré par le journaliste Michael Sheetz sur Twitter le 9 février 2022 : d’après les estimations de l’agence spatiale américaine, la mise en orbite de 30 000 satellites (comme c’est l’objectif) aboutirait à avoir « un Starlink dans chaque image de relevé d’astéroïdes obtenue à des fins de défense planétaire contre les impacts d’astéroïdes potentiellement dangereux, diminuant l’efficacité du relevé d’astéroïdes ». La citation repérée par le journaliste est issue d’une lettre rédigée par la Nasa, à l’attention de la Commission fédérale des communications (la FCC, agence chargée de la régulation des télécommunications) le 7 février.
Starlink pourrait masquer des astéroïdes dans les images des télescopes
Aucun risque d’impact avec un astéroïde n’est avéré à ce jour, même si on entend régulièrement parler du prochain astéroïde qui va « frôler » la Terre (c’est faux). Néanmoins, l’absence de danger immédiat n’empêche pas la Nasa de suivre attentivement ces objets. Elle dispose d’outils de plus en plus performants pour traquer les astéroïdes, tout particulièrement les objets géocroiseurs — dont la trajectoire les amène dans les environs de notre planète. Pour étoffer son inventaire d’astéroïdes, la Nasa mobilise des télescopes au sol.
Or, mentionne la lettre rédigée par l’agence spatiale, « ces télescopes trouvent parfois dans leurs images des trainées de satellites qui pourraient interférer avec les détections d’astéroïdes ou les masquer ». Le projet de faire orbiter 30 000 satellites Starlink autour de la Terre suscite donc une crainte légitime : que la plupart des images obtenues par les télescopes à la recherche d’astéroïdes soient tout simplement inutilisables. Et donc, qu’on prenne le risque de louper des astéroïdes représentant un risque, qui auraient pu être repérés sans la pollution visuelle des Starlink.
Cela « pourrait avoir un effet néfaste sur la capacité de notre planète à détecter et éventuellement rediriger un potentiel impact catastrophique », écrit la Nasa dans sa lettre. Reste maintenant à savoir quelle sera la réponse de la FCC et si SpaceX acceptera de considérer ce risque dans sa réflexion. Les critiques sur la pollution visuelle provoquée par l’ambitieux projet de SpaceX n’ont sans doute pas fini de pleuvoir.
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