L’insolente réussite avec laquelle des entreprises comme Arianespace et SpaceX envoient des fusées dans l’espace pourrait presque faire oublier que ce genre d’exercice est extrêmement compliqué. C’est cet amer constat qu’a fait la jeune entreprise Astra à l’occasion d’une tentative de décollage le 10 février 2022. La mission n’a pas pu être menée à son terme.
« Nous avons rencontré un souci lors du vol d’aujourd’hui. Je suis profondément désolé que nous n’ayons pas été capables de livrer les charges utiles de nos clients. Je suis avec l’équipe qui examine les données, et nous fournirons plus d’informations dès que nous le pourrons », a sobrement commenté Chris Kemp, le fondateur et PDG d’Astra.
Succession presque continue d’échecs pour Astra
Il s’agit d’un nouvel échec pour Astra, qui connait des débuts compliqués dans l’aérospatial. La quasi-totalité des vols organisés pas l’entreprise américaine depuis 2018 a échoué, sauf un en novembre 2021 — Astra affirme en avoir réussi deux autres, mais cette déclaration est contestée. Le vol de novembre consistait en un vol de démonstration au profit de l’US Space Force.
Le dernier raté d’Astra date d’août 2021 et celui-ci avait attiré l’attention à cause d’un comportement inhabituel de la fusée : au lieu de partir vers le haut, elle s’est mise à effectuer une sorte de glissade latérale. L’évènement avait ravi les réseaux sociaux : de nombreux détournements et montages avaient fleuri peu après pour se moquer gentiment des déboires d’Astra.
Ce nouveau loupé n’a pas donné lieu aux mêmes plaisanteries, qui n’auraient de toute façon pas faire rire la Nasa : l’agence spatiale américaine était cliente du vol qui a échoué le 10 février. Astra a présenté ses excuses à son partenaire, ainsi qu’aux autres clients qui participaient à la mission ELaNa 41 ((Educational Launch of Nanosatellites).
Si l’incident est évidemment une déception pour Astra, la Nasa et les participants à ELaNa 41, son impact reste mesuré, compte tenu de la valeur relative de la charge utile — il s’agissait de cubesats, des satellites de toute petite taille (il faut imaginer les dimensions d’une boite à chaussures) et sommaires — rien à voir avec le désastre qu’aurait été la perte du télescope James Webb.
Si les charges utiles n’ont pas pu être amenées en orbite, la Nasa s’est montrée compréhensive. « Des missions comme celles-ci sont essentielles pour le développement de nouveaux lanceurs dans ce secteur commercial en pleine croissance », lit-on dans un communiqué. D’autres échecs surviendront. Car la conquête spatiale est difficile.
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