On adore les dinosaures — notre enfance a été imprégnée par des œuvres comme Le Petit Dinosaure ou Denver. Ils font partie de notre imaginaire sur ce que fut la vie sur Terre il y a des millions d’années. Impressionnants, terrifiants ou bizarroïdes, ces animaux aujourd’hui éteints foulaient autrefois la Terre.
Mais que sait-on vraiment des dinosaures à ce jour ? Voici les réponses à toutes les questions que vous posez sur les « dinos » — ou que vous ne vous posez pas mais dont vous adorerez la réponse.
Que signifie « dinosaure » ?
Le mot « dinosaure » vient du terme scientifique Dinosauria, issu du grec ancien. C’est donc la contraction de deinos, qui signifie « terrible », et de sauros, c’est-à-dire « lézard ». Dinosaures veut donc dire « terribles lézards ». À l’époque où le terme a été proposé, en 1842, pour désigner ces animaux éteints. On pensait alors que les dinosaures étaient seulement des lézards un peu bêtas (et il se trouve que ce sont des reptiles, mais ce sont des animaux plus complexes).
Les dinosaures sont-ils une « espèce » ?
Les dinosaures sont bel et bien des animaux puisqu’ils appartiennent au règne animal (« Animalia »). En revanche, ils ne forment pas une espèce, mais un super-ordre. À l’intérieur, les groupes sont très diversifiés.
On trouve deux « clades » : les ornithischiens et les saurischiens. Au sein de chaque clade, on trouve des sous-ordres (où il y a aussi des « familles » et des « infra-ordres »). Les dinosaures représentent donc un ensemble d’espèces variées.
Quand les dinosaures se sont-ils éteints ?
On estime que les dinosaures ont disparu lors de l’extinction K-pg, ou « extinction Crétacé-Paléogène ». Cette extinction de masse s’est produite il y a environ 66 millions d’années. Tous les fossiles de dinosaures non aviaires (ne provenant pas d’oiseaux) sont datés d’avant cette frontière géologique dans le temps.
Comment les dinosaures se sont-ils éteints ?
L’extinction des dinosaures est le plus probablement reliée au crash d’un astéroïde connu comme l’impact de Chicxulub, dont on retrouve les traces dans l’actuel Mexique. Son cratère est daté de 66 millions d’années, en cohérence avec la frontière K-Pg. À partir de ces traces, on sait que l’astéroïde mesurait environ 180 kilomètres de diamètre. Un impact d’une telle ampleur aurait des milliards de fois la puissance de la bombe d’Hiroshima.
L’impact de Chicxulub
Cette hypothèse est bien établie car il s’agit de celle vers laquelle les preuves convergent. En plus de la datation cohérente avec l’extinction des dinosaures (et des 3/4 des espèces vivantes tous règnes confondus), ce sont les conséquences d’un tel impact qui sont parlantes. La frontière K-Pg est significative par une forte concentration en iridium dans ses strates géologiques aux quatre coins du globe. Or, une forte concentration en iridium est aussi la signature de cet impact (l’iridium est par ailleurs assez rare sur Terre, mais abondant dans les météorites).
L’onde de choc devait être violente : l’impact a probablement soulevé des débris en les projetant dans l’atmosphère, avant qu’ils retombent sous forme de particules puissantes et enflammées. Ces retombées sont susceptibles d’avoir déclenché de nombreux incendies. En observant les dépôts géologiques de l’époque, on découvre des couches entières de cendre, résultat possible de ce phénomène.
Le panache de fumée accumulé dans l’atmosphère aurait, de son côté, déclenché l’équivalent d’un hiver nucléaire, bloquant la lumière du Soleil pendant plusieurs années. Le blocage de la lumière solaire et donc de la photosynthèse aurait alors fait dépérir la végétation, conduisant à la disparition des herbivores puis de leurs prédateurs carnivores. Sans compter que l’incendie généralisé de la végétation, couplé au panache de fumée, fut sûrement à l’origine d’un effet de serre, que l’on trouve dans des traces d’une nette augmentation des températures (après le refroidissement dû à l’hiver nucléaire).
Beaucoup d’espèces qui ont survécu aux conséquences directes de l’impact n’ont pas pu survivre à ses conséquences indirectes. Ce sont des animaux plus petits, ainsi que les insectes, qui ont le mieux résisté.
Cratère de Boltysh
Des travaux, au début des années 2000, avaient daté le cratère de Boltysh de 66 millions d’années. Cette datation et la taille potentielle de la météorite (24 kilomètres de diamètre) laissaient à penser que cet impact aurait pu jouer un rôle de synergie avec Chicxulub. Une étude récente a toutefois solidement réfuté l’hypothèse avec une datation plus précise, située bien après Chicxulub. Les auteurs des travaux initiaux ont attesté que cette nouvelle étude réfutait la leur. L’impact de Boltysh est donc, en l’état des connaissances, sans lien avec la disparition des dinosaures.
Et les volcans ?
Depuis la fin du XXe siècle, un débat a émergé dans la communauté scientifique : les volcans pourraient-ils être la cause de l’extinction des dinosaures ? Il s’agirait plus spécifiquement des Trapps du Deccan, situés en Inde. Ils se sont formés il y a 60 à 68 millions d’années, soit une période proche de la rupture K-Pg. Le dioxyde de carbone et les cendres émis lors du dégazage, lors de leur formation, sont susceptibles d’avoir provoqué des perturbations climatiques importantes.
Cette thèse, toutefois, manque de preuves. Les dernières études en date ont même plutôt tendance à réfuter cette idée. En mars 2021, une équipe de Cambridge a mesuré la quantité de dioxyde de carbone potentiellement émise à l’époque par les Trapps du Deccan. Ils en ont conclu que cette quantité était insuffisante pour expliquer les perturbations climatiques de l’époque. Toutefois, cela a pu jouer un rôle : « Même si les émissions volcaniques de carbone n’ont pas pu, à elles seules, déclencher l’extinction massive, nos données mettent en évidence leur influence sur le climat et l’habitabilité de notre planète. »
Quelle est la date d’apparition des dinosaures ?
On se pose en général plus souvent la question de leur fin, mais on estime que les dinosaures sont apparus il y a quelque 250 millions d’années. L’un des plus anciens spécimens connus est le Herrerasaurus. Il a vécu il y a 230-220 millions d’années dans l’actuelle Argentine. Il est si primitif que lors de sa découverte il était plutôt classé dans comme un animal préalable aux dinosaures. Depuis, on a aussi découvert l’Eoraptor, tout aussi primitif, et qui évoluait sur Terre il y a 230-225 millions d’années.
Ce sont les « premiers dinosaures », en tout cas à partir des archives fossiles. Il y avait d’autres animaux avant, mais ce ne sont pas des dinosaures. On trouvait par exemple déjà des stégocéphales, les Inostrancevia, et des reptiles.
Combien de temps ont vécu les dinosaures ?
Pour résumer la période de vie des dinosaures : ils ont vécu durant l’ère du Mésozoïque, c’est-à-dire dans une période comprise entre −252 à −66 millions d’années. Cette époque est prise en étau entre deux extinctions, celle du Permien-Trias (après laquelle les dinosaures ont émergé) et celle du Crétacé-Paléogène (qui a signé la fin des dinosaures). Cette ère des dinosaures est divisée en trois : Trias, Jurassique et Crétacé.
Les humains ont-ils croisé des dinosaures ?
Aucun humain n’a pu croiser de dinosaure (si l’on met évidemment les oiseaux de côté). Les dinosaures se sont éteints il y a 66 millions d’années, quand les premiers hominidés sont apparus il y a moins de 10 millions d’années. D’ailleurs, les mammouths non plus n’ont jamais vécu à l’époque des dinosaures.
Pourquoi les dinosaures étaient-ils si grands ?
Le climat de la Terre était très différent à l’époque des dinosaures — l’ère du Mésozoïque. On peut donc trouver des raisons évolutives, liées au climat, pour expliquer la taille énorme de ce super-ordre animal. Dans le climat chaud riche en CO2, la végétation était particulièrement abondante : les dinosaures herbivores tels que les sauropodes au long cou ont donc probablement évolué en corrélation avec cette nourriture abondante. De plus gros estomacs, de plus grands corps. En parallèle, leur grandeur les aidait à se protéger des prédateurs. La sélection naturelle a donc œuvré pour que les prédateurs évoluent aussi, et que ceux toujours plus grands dominent.
Récemment, des paléontologues ont pu calculer qu’un sauropode (infraordre des dinosaures) avait un cou de 15,1 mètres, soit six fois celui d’une girafe.
Les oiseaux sont-ils vraiment les derniers dinosaures ?
Oui, ce n’est pas une légende : les oiseaux sont des dinosaures aviens. Ils sont apparus à l’époque du Jurassique moyen, située il y a 175 à 163 millions d’années. Ils appartiennent au clade des saurischiens et, à l’intérieur de ce clade, au groupe des théropodes — où l’on trouvait aussi le fameux Tyrannosaure et le Vélociraptor.
À quoi ressemble le cerveau d’un dinosaure ?
Il ne nous reste que des ossements des dinosaures, aucun reste biologique tel qu’un cerveau. À partir de ces restes, les scientifiques sont aujourd’hui en mesure de procéder à des reconstitutions 3D de ce à quoi pouvait ressembler la boîte crânienne des dinosaures, mais aussi leur cerveau.
Des scientifiques sont parvenus à cela pour le Thecodontosaurus : en reconstituant son cerveau, grâce à la combinaison des restes fossiles de son crâne, son mode de vie a pu être précisé. « Même si le cerveau réel a disparu depuis longtemps, le logiciel nous permet de recréer la forme du cerveau et de l’oreille interne grâce aux dimensions des cavités », expliquait l’un des scientifiques.
En 2021, des scientifiques ont pu à nouveau recréer un cerveau, en 3D, de l’un des premiers dinosaures ayant foulé la Terre, il y a 230 millions d’années : Buriolestes schultzi. Ils ont même pu estimer que son cerveau faisait quelque 1,5 gramme, et ressemblait beaucoup à celui des crocodiles de notre époque.
Comment connait-on le mode de vie des dinosaures ?
Les ossements livrent beaucoup plus de réponses qu’on ne l’imagine, a fortiori depuis que les technologies modernes permettent des modélisations et reconstitutions.
Reprenons l’exemple du crâne du Thecodontosaurus, cité dans la partie dédiée au cerveau des dinosaures. La reconstitution, permise grâce au scan des ossements crâniens, a permis de reconstituer le lobe flocculo-nodulaire. Or, comme celui-ci est de grande taille, on sait alors qu’il était bipède. Et pareillement, comme la taille de ce lobe étant relié à l’équilibre et aux mouvements des yeux comme du cou, cela confirme son agilité. La morphologie de ses dents permet d’en déduire qu’il était essentiellement herbivore, mais sa façon de bouger suggère qu’il pouvait occasionnellement attraper des proies.
Autre exemple : l’étude du crâne de l’espèce Llukalkan aliocranianus a mis au jour des cavités très profondes dans la zone de l’oreille, suggérant une ouïe redoutable, ce qui, associé à d’autres éléments morphologiques imposants, permet de savoir qu’il était l’un des principaux prédateurs de sa région.
De même pour le Shuvuuia, sorte de mélange entre le poulet et la chouette : on a pu en déduire grâce à ce type d’analyse qu’il avait à la fois une vision nocturne et une forte capacité auditive, des bras avant munis d’une griffe puissante, des pattes très agile. De fait, les paléontologues estiment qu’il y a 90 % de chance que cette espèce ait été nocturne et qu’il fut « un chasseur nocturne spécialisé dans les insectes et les petits mammifères ».
Existait-il des dinosaures aquatiques ?
C’est un point qui est assez peu connu du grand public : les scientifiques n’ont jamais été certains que des dinosaures pouvaient être aptes à évoluer dans un milieu aquatique. Il n’existe pas de « dinosaure marin » connu. Cependant, une première preuve en ce sens date — tenez-vous bien — de 2020. « Cette découverte nous ouvre vraiment les yeux sur un tout nouveau monde de possibilités pour les dinosaures », écrivaient les auteurs.
Dans cette étude, les paléontologues relatent leur découverte d’une queue de Spinosaure parfaitement fossilisée, datant du Crétacé (il y a une centaine de millions d’années). Il mesurait 15 mètres de long à l’âge adulte et mangeait essentiellement des poissons. Le fait qu’il se nourrisse de poissons ne prouvait pas qu’il habitait un environnement aquatique : il pourrait se nourrir sur les bords de l’eau — il faut distinguer la « capacité amphibie » de l’environnement aquatique.
Mais cette queue fossilisée, d’après cette analyse récente, remplit tous les critères d’une nageoire. Pour la première fois, donc, un élément tangible suggère qu’au moins une espèce du super-ordre des dinosaures avait conquis l’environnement aquatique. L’un des auteurs écrivait que le Spinosaure « chassait activement des proies dans l’eau, et ne restait pas seulement au bord de l’eau à attendre que les poissons l’atteignent. Il passait probablement le plus clair de son temps dans l’eau ».
Peut-on différencier les dinosaures mâles et femelles ?
Il n’est pas simple de déterminer, à partir des simples ossements, si l’on est en présence du squelette d’un dinosaure mâle ou femelle. Résultat : à ce jour, certains paléontologues estiment que le dimorphisme sexuel, c’est-à-dire la présence d’une vraie différence d’un sexe à l’autre, n’est pas une évidence. « Je ne dis pas que les dinosaures n’étaient pas dimorphiques, mais je dis qu’il n’existe aucune preuve fossile qu’ils l’étaient. Le jury reste ouvert », expliquait le paléontologue canadien Jordan Mallon, en 2017.
Dans un papier publié en 2020, des chercheurs montrent que le problème est que le squelette apporte des informations limitées en matière de sexe. Prenons le Shringasaurus : il n’existe que 8 fossiles de cette espèce. Et l’on a pourtant déduit un groupe mâle et un groupe femelle, à partir de deux cornes manquantes chez deux individus, que l’on associe donc à des femelles. Mais, par exemple, cette absence de corne pourrait très bien être le résultat d’une mauvaise préservation des fossiles.
Cette difficulté peut se comprendre si l’on prend un cas moderne : le Gavial du Gange, un crocodile. On sait repérer le mâle et la femelle de cette espèce, et cette différence s’observe notamment par une fosse nasale différente. Sur des individus vivants, la variante est claire. Mais à partir de squelettes ou bouts de squelette, c’est infime, et s’il manque le crâne, il est quasi impossible de les différencier.
« Notre étude suggère qu’à moins que les différences entre les dinosaures soient vraiment frappantes, ou qu’il y ait une caractéristique claire comme une fosse nasale, nous serons en difficulté pour distinguer un dinosaure mâle ou femelle à partir de nos squelettes existants », en concluent les chercheurs de l’étude sus-citée.
Découvre-t-on encore de nouveaux dinosaures ?
Notre compréhension du monde des dinosaures est loin d’être complète, et l’on découvre encore de nouvelles espèces de dinosaures. Le « faucheur de la mort », par exemple, fut la première espèce de tyrannosaure découverte en 50 ans au Canada.
Jurassic Park est-il crédible ?
Jurassic Park n’est pas réputé pour représenter une version très crédible des dinosaures. Par exemple, le film de 1993 nous montre des vélociraptors intelligents, sociaux, s’organisant pour chasser leurs proies en groupe : en étudiant les restes et la façon dont s’alimentait l’espèce, les paléontologues ont pu déduire que les raptors chassaient en solitaire. Mais ils ne ressemblaient pas non plus à cela et ne faisaient pas cette taille. Par ailleurs, les Brachiosaures ne pouvaient pas se tenir sur deux pattes comme on le voit dans le film : c’était morphologiquement impossible. Le T-Rex ne pouvait pas non plus courir si vite tant il était lourd.
En bref : il y a de nombreuses erreurs dans Jurassic Park. Cela ne retire aucun mérite au film en tant qu’expérience cinématographique, mais attention à ne pas confondre l’imaginaire avec les connaissances scientifiques actuelles.
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