La 5G présente-t-elle un risque particulier pour la santé humaine ? Pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), la réponse n’a pas changé depuis la dernière fois : il est « peu probable » que cette nouvelle génération de la téléphonie mobile induise de « nouveaux risques pour la santé ».
L’avis rendu par l’Anses le 17 février 2022 vient en fait actualiser un premier avis qui avait été émis dès avril 2021, soit à peine quelques mois après les premiers déploiements de sites 5G en France (SFR avait commencé à activer son réseau dès novembre 2020, suivi par Orange, Bouygues Telecom et Free Mobile dans les semaines qui ont suivi).
À l’époque, l’analyse de l’Anses sur les effets sanitaires supposés de la 5G était perçue comme une condition sine qua non par une partie de la classe politique pour décider ou non du déploiement, au motif qu’il était nécessaire d’avoir une synthèse de la littérature scientifique sur l’impact des ondes sur la santé pour pouvoir décider et, éventuellement, prendre des précautions supplémentaires.
Le fait est toutefois que des critiques avaient émergé, car l’avis de l’Anses sur la 5G semblait avoir été rendu très tôt — cela pouvait donner l’impression d’un avis rendu précipitamment. C’est dans ce cadre qu’arrive cette actualisation, cette fois plus d’un an et deux mois après l’ouverture effective des premiers réseaux commerciaux en 5G.
Une nouvelle analyse qui ne relève pas de nouveaux problèmes
À la suite de ce premier avis, rendu en avril 2021, l’Anses a donc ouvert une autre phase, qui s’est étalée jusqu’en juin de l’année dernière. Cette séquence a permis de recueillir 200 contributions supplémentaires — des particuliers, des associations et des industriels — et chaque retour « a fait l’objet d’une analyse », ce qui a permis de compléter ou modifier l’avis, mais sans en changer le sens.
L’Anses signale également avoir tenu compte « des dernières données disponibles de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) en matière d’exposition aux champs électromagnétiques mesurés au voisinage des antennes relais 5G ». Plusieurs travaux en ce sens avaient déjà été rendus publics, que ce soit sur les sites pilotes ou sur les sites commerciaux, et rien d’alarmant n’a été constaté.
Pour ce qui est des fréquences actuellement utilisées pour la 5G (3,5 GHz, 700 MHz, 2,1 GHz, 1 800 MHz), « les niveaux globaux d’exposition aux champs électromagnétiques seront comparables ou légèrement supérieurs à ceux des technologies existantes ». Or, aucun lien scientifique avéré n’a été démontré sur un risque sanitaire, dans le cadre d’un usage courant.
Pour la future fréquence de 26 GHz, qui n’est pas encore utilisée en France pour la 5G, l’Anses constate que « l’exposition se différencie par une pénétration beaucoup plus faible des ondes », ce qui est une bonne nouvelle. En clair, à supposer qu’il y ait un risque, qu’il faut encore démontrer, celui-ci ne se localiserait que dans les couches les plus externes du corps.
Mais comme lors de l’avis d’avril 2021, cette bande est trop peu analysée sur un plan scientifique. L’Anses souhaite la production d’études additionnelles. Ainsi, l’agence écrit que « les données sont à l’heure actuelle trop peu nombreuses pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires ». Son déploiement en France n’est pas envisagé avant quelques années.
De façon générale, d’ailleurs, l’agence plaide pour la poursuite des études, incluant les fréquences dont les résultats s’avèrent rassurants. « L’acquisition de connaissances nouvelles, notamment sur les liens entre expositions et effets sanitaires, reste essentielle » pour évaluer la nocivité ou l’innocuité à long terme des ondes sur le cerveau, la fertilité ou les organes.
Outre l’Anses, le gouvernement a fait paraître en septembre 2020 un rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G. Il concluait à l’absence d’effets néfastes avérés à court terme, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales. Le rapport s’appuie sur une littérature scientifique qui remonte aux années 1950, en France et dans le monde.
Dans le cadre des travaux de l’Anses, un financement de douze projets est en cours sur les radiofréquences — qui portent sur les mécanismes d’action au niveau cellulaire, les effets physiologiques et sanitaires des radiofréquences, l’hypersensibilité électromagnétique ou encore la caractérisation des expositions. L’Anses n’a pas fini de parler de 5G.
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