Un énorme nuage de 3 000 kilomètres a été repéré sur Mars. La découverte a été annoncée le 14 mars 2022 par le CNRS. Elle s’accompagne d’une publication dans la revue Astronomy & Astrophysics.
« Je cherchais des aurores bleues sur la planète Mars et j’ai trouvé des nuages stupéfiants à 90 kilomètres d’altitude, longs de 3 000 kilomètres, que les satellites ne peuvent pas voir pour des raisons techniques », explique à Numerama Jean Lilensten, astronome et planétologue à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble, qui a initié ce programme de surveillance de Mars.
Pour avoir une idée de ce que représente un nuage long de 3 000 km, il faut imaginer que celui-ci recouvrirait par exemple quasiment toute l’Europe, de Brest à Moscou, soit une large portion de la Terre.
Pourquoi les sondes en orbite martienne n’ont-elles pas vu ce nuage ?
Le fait que les sondes présentes en orbite autour de Mars n’aient pas repéré un nuage aussi énorme peut surprendre. « Ces nuages se forment côté nuit, très haut, vers 90 kilomètres d’altitude. La planète tourne, et quand ils arrivent au Soleil, ils se dissipent à cause de la chaleur (même s’il fait encore froid). Aucune sonde martienne n’est équipée de caméra sensible pour ‘voir’ la nuit et la dissipation est trop rapide le matin », poursuit Jean Lilensten.
Pour voir ces nuages, il faut donc regarder l’atmosphère « en coupe », indique le spécialiste, c’est-à-dire sur le fond noir du ciel. C’est ce qui a pu être fait ici, depuis la Terre.
« Les sondes sont toutes dirigées vers le sol. Bref, elles passent complètement à côté. En plus, leur champ de vision est très faible à dessein (on veut une grande précision). Elles sont incapables de voir des objets aussi étendus, c’est quand même drôle », résume l’astrophysicien.
« Aux portes du vide interplanétaire »
C’est grâce à un programme de science participative que cette structure atypique a pu être repérée dans le ciel martien. Le réseau d’observateurs, constitué en 2018, était réparti sur tous les continents terrestres. À l’origine, l’objectif était d’observer des aurores polaires sur Mars. C’est le 17 novembre 2020, alors que Mars était à l’opposition (à l’opposé du Soleil dans le ciel), que deux Français, Christophe Pellier et Emmanuel Beaudoin, ont découvert le nuage, qu’ils ont photographié pendant 3 heures. La structure est décrite comme située « aux portes du vide interplanétaire » par le CNRS.
De quoi est composé ce grand nuage ? La réponse n’est pas encore apportée, mais il est possible qu’il s’agisse de cristaux de glace d’eau ou de glace carbonique. On sait aussi qu’à la date où le nuage a été vu, une tempête de poussière avait lieu sur Mars. L’événement a peut-être contribué à la formation du gigantesque nuage.
« Pour la première fois, un énorme système nuageux émergeant de la nuit martienne a pu être suivi en direct depuis la Terre », concluent en tout cas les observateurs dans leur étude. Selon eux, leur découverte montre bien que, même si des sondes et des atterrisseurs peuvent explorer Mars sur place, il reste pertinent de continuer à mener des observations depuis la Terre, de façon régulière.
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