C’était malheureusement prévisible. Du fait de la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine et l’immense riposte diplomatique, économique et politique de l’Occident qu’elle a provoquée, on se doutait bien que la mission ExoMars 2022 allait en pâtir. L’enjeu n’était alors pas vraiment de savoir si une interruption allait survenir, mais quand.
Et ce quand a désormais une date : le 17 mars 2022. C’est en effet ce jour que l’Agence spatiale européenne s’est rendue à l’évidence : il n’est plus possible, pour des raisons évidentes, de coopérer avec la Russie sur cette mission, compte tenu de l’invasion en cours à l’est de l’Europe. Aussi l’Esa a-t-elle annoncé l’arrêt pour une durée indéterminée du programme.
« L’Esa, réuni à Paris les 16 et 17 mars, a évalué la situation découlant de la guerre en Ukraine en ce qui concerne ExoMars et a, à l’unanimité reconnu l’impossibilité actuelle de mener à bien la coopération en cours avec Roscosmos [l’agence spatiale russe, NDLR] sur la mission du rover ExoMars avec un lancement en 2022 », lit-on dans le message de l’agence.
ExoMars était attendu en septembre et devait constituer le second volet d’un programme démarré au milieu des années 2010. L’objectif ? Envoyer une mission robotisée sur Mars. La Russie devait fournir le lanceur et la plateforme d’atterrissage, tandis que les pays européens s’occupaient de l’astromobile et de sa suite scientifique.
En 2016 a eu lieu la première phase de ce programme, avec l’orbiteur ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) et l’atterrisseur expérimental Schiaparelli, qui a connu un funeste destin. La seconde phase était espérée pour 2018, mais sa date de départ a subi une série de reports. Elle a été reprogrammée en 2020, puis en 2022. La guerre a fait le reste.
Et maintenant, quelle suite pour ExoMars ?
Dès la fin février, on pouvait déjà percevoir l’impasse dans laquelle allait se trouver ExoMars 2022. Un premier communiqué de l’Agence spatiale européenne ne transpirait pas d’enthousiasme — la poursuite de l’offensive militaire sur le territoire ukrainien et la multiplication des sanctions contre Moscou a rendu toute perspective impossible.
C’est évidemment un coup dur pour les scientifiques qui travaillent depuis des années sur ce projet. Ça l’est d’autant plus que les voyages vers Mars ne peuvent pas être planifiés n’importe comment : compte tenu des orbites respectives de la Terre et de la planète rouge, les créneaux les plus intéressants pour voyager ne s’ouvrent que tous les deux ans.
Est-ce à dire qu’ExoMars 2022 va devenir ExoMars 2024, quand les trajectoires seront favorables ? Impossible à dire à court terme, d’autant que les sanctions contre la Russie pourraient durer. En outre, il y a un autre souci : si la Russie n’est plus partenaire, cela veut dire qu’il va falloir trouver un lanceur de remplacement, mais aussi une plateforme d’atterrissage.
Qu’est-ce qu’on va faire du rover, en attendant ? Il va sans doute être mis en pause le temps de savoir quoi faire ensuite. C’est ce que suggère la suite du communiqué de l’Esa : il a été demandé de procéder à « une étude industrielle accélérée afin de mieux définir les options disponibles pour aller de l’avant dans la mise en œuvre de la mission du rover ExoMars. »
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.