L’horizon se dégage pour OneWeb. L’entreprise britannique a annoncé ce 21 mars 2022 avoir conclu un accord avec SpaceX pour acheminer ses futurs satellites de télécommunications. Le deal trouvé avec le groupe américain met ainsi un terme à une brève période d’incertitude, née de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine depuis la fin février.
« Le premier décollage avec SpaceX est prévu en 2022 et viendra s’ajouter à la constellation en orbite de OneWeb qui compte actuellement 428 satellites, soit 66 % de la flotte », développe OneWeb dans un communiqué de presse. La constellation de satellites doit compter à terme 648 engins positionnés en orbite basse, tout autour de la Terre.
OneWeb entend proposer un accès à Internet par l’espace, grâce à une vaste flotte de satellites. Cette offre à haut débit est rivale d’autres opérateurs existants, comme Starlink, mais aussi ViaSat. Certaines de ses formules sont d’ailleurs disponibles en France, avec des prestataires spécialisés. On trouve bien sûr Starlink, mais aussi des sociétés comme Nordnet ou Bigblu.
SpaceX prend le relai
Pour qui suit de près l’actualité spatiale, le rapprochement inattendu entre OneWeb et SpaceX a d’ailleurs une certaine saveur, car SpaceX est justement l’entreprise qui commercialise Starlink. De fait, SpaceX va, avec ce partenariat, participer directement à l’accroissement d’un réseau satellitaire concurrent, en mobilisant ses fusées Falcon 9.
SpaceX a-t-il manqué de jugeote ? La réflexion, en réalité, peut-être retournée : la société d’Elon Musk s’est peut-être dit que OneWeb aurait fini tôt ou tard par trouver une solution de secours, ce qui aboutira au même résultat — le réseau OneWeb finira par être complété. Dès lors, autant être l’entreprise qui va recevoir le paiement pour les lancements.
Si OneWeb et Starlink opèrent chacun une constellation de satellites, les deux sociétés ne s’adressent pas exactement au même marché : Starlink vise directement les particuliers, comme un FAI classique. OneWeb, lui, a plutôt une approche de « B2B », en proposant des prestations aux opérateurs télécoms, aux FAI et sociétés spécifiques.
Ces deux sociétés ne devraient pas se marcher l’une sur l’autre à court terme, mais rien ne dit que leur modèle d’affaires n’évoluera pas de telle façon à ce qu’elles finissent par entrer plus directement en compétition. Côté orbite, les deux firmes peuvent être tranquilles : Starlink se trouve à 550 km d’altitude, là où OneWeb évolue bien plus haut (1 200 km).
Dispute croissante avec la Russie
Jusqu’à présent, OneWeb se reposait sur les fusées Soyouz tirées depuis le centre spatial guyanais. Depuis 2019, il y a eu pas moins de treize lancements, avec à chaque fois un peu plus de trente satellites OneWeb expédiés. Mais le déclenchement de la guerre a rendu impossible la suite de cette coopération : fin février, la Russie mettait fin aux décollages de Soyouz depuis Kourou.
À cela s’est ajouté un enjeu diplomatique : la Russie était opposée à ce que OneWeb couvre la Russie, au motif que le Royaume-Uni, qui a pris en partie le contrôle de l’entreprise, pourrait s’en servir à des fins d’espionnage. Le début de la guerre a aggravé les tensions autour du projet : Moscou a sommé Londres de renoncer à sa participation, évidemment en vain.
Face à ces positions irréconciliables, il était attendu que la Russie refuse de mettre son lanceur Soyouz ainsi que ses bases de lancement à disposition de ce réseau de satellites. Le conseil d’administration de OneWeb a dans le même temps voté la suspension de tous les lancements depuis Baïkonour, qui est une autre base de départ utilisée par OneWeb, avec le cosmodrome Vostotchny.
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