Le port du masque n’est plus obligatoire dans les établissements recevant du public, à l’exception de l’ensemble des transports en intérieur et dans les lieux de santé ou de soins. Pour autant, avec un taux de reproduction R supérieur à 1, l’épidémie n’est pas en train de régresser en ce début de printemps 2022. Les contaminations restent bien au-dessus du seuil de vigilance avec plus de 100 000 cas quotidiens.
Et avec un taux d’incidence de plus de 1 000 pour 100 000, des clusters émergent à l’issue de réunions, salons et autres meetings. C’est ce qu’il s’est passé lors du Festival de BD d’Angoulême où nombre d’exposants, visiteurs et journalistes ont attrapé le coronavirus.
À défaut de pouvoir imposer le masque, quels leviers peut-on activer pour limiter le risque de transmission dans les lieux publics clos ?
Tester et isoler
Première étape, la plus logique : si l’on veut prévenir les transmissions du covid dans un lieu clos, il faut éviter que le virus n’entre dans ces lieux. Il s’agit alors de continuer de promouvoir l’isolement des personnes positives et celui des personnes symptomatiques en attente d’un test. L’isolement n’étant pas obligatoire, cela repose sur la responsabilité individuelle.
Pour les événements de grande ampleur, des tests antigéniques pourraient être proposés à l’entrée pour ceux et celles qui le souhaitent. De même, il s’agirait alors de se baser sur la bonne volonté des participants.
Le masque agit contre les postillons et les aérosols
Ensuite, il nous faut revenir sur les modes de transmission du coronavirus SARS-CoV-2 et sur le rôle du masque — c’est ce qui permettra aussi de mieux comprendre les actions qui peuvent pallier, en partie, l’absence de masques.
Si la transmission par les surfaces a été largement surestimée pendant un temps, il est désormais établi que le covid se transmet par les gouttelettes — c’est-à-dire par les postillons, visibles, que l’on émet lorsque l’on tousse, crache ou éternue ; et par les aérosols, qui sont des particules en suspension dans l’air, d’une taille inférieure à 5 microns. Aussi invisibles et impalpables que soient ces particules, c’est par elles que se fait la majorité des contaminations.
Le rôle du masque est à la fois d’éviter la transmission par ces gouttelettes et de limiter celle par aérosols. L’efficacité des masques pour freiner les contaminations est pleinement établie, le plus efficace étant le FFP2, suivi du chirurgical. Ainsi, rien n’empêche un lieu public ou une entreprise de préciser que le port du masque est recommandé.
Il est possible de diminuer la transmission du covid, même sans masque
Il est assez facile de lutter contre les contaminations par gouttelettes en respectant les gestes barrières, car les postillons retombent rapidement au sol après leur émission. Parmi ces gestes, on trouve :
- Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir.
- Respecter une distanciation physique — d’un mètre minimum quand c’est possible.
En revanche, pour ce qui est de la transmission par aérosols et tout particulièrement dans les lieux publics clos où se produisent les clusters, les choses sont un peu plus complexes, mais pour autant réduire les risques n’y est pas impossible.
Aérer, aérer et aérer encore
L’aération est une mesure clé. Puisque les aérosols se dissolvent dans l’air, « l’idée est d’assurer un renouvellement de l’air suffisant à la fois en jouant sur les jauges et en œuvrant à la qualité de l’aération/ventilation des locaux », explique Jean-Michel Courty, physicien et membre du groupe de travail Projet CO2.
Pour ce faire, l’idée est de pouvoir mesurer le taux de dioxyde de carbone (CO2) des espaces et d’agir en conséquence afin d’éviter que le taux dépasse 800ppm. Comme le signale le physicien : « Il existe de nombreux paramètres qui font que le bon sens n’est pas opérant en la matière. » Il est donc difficile d’établir des généralités, ce qui implique des stratégies au cas par cas.
Parmi les différents facteurs qui jouent sur la concentration en CO2 — et ainsi sur la concentration en aérosols potentiellement contaminants, notons :
- Les possibilités d’ouvrir les fenêtres et les portes, et de créer des courants d’airs.
- La météo. Jean-Michel Courty explique : « En hiver, lorsque l’on ouvre les fenêtres, les échanges d’air sont rapides et l’aération est efficace. Mais, dès le printemps, quand il fait la même température dehors et dedans, les échanges d’air sont limités. Il faudrait alors laisser les fenêtres ouvertes en permanence. »
- La hauteur des plafonds permettant plus ou moins la dispersion des aérosols.
- Le type d’activité des personnes présentes : « Lorsque l’on fait un effort physique, lorsque l’on chante, lorsque l’on crie et même lorsque l’on parle, on émet davantage d’aérosols que lorsque l’on reste silencieux et immobile », rappelle Jean-Michel Courty. Ainsi une salle de sport ou une classe de chorale devront être aérées plus souvent et plus longuement qu’un théâtre ou une bibliothèque.
Lorsque qu’il est impossible d’ouvrir les fenêtres pour aérer correctement et faire baisser le taux de CO2 à un niveau acceptable, il convient de s’équiper de ventilations mécaniques dotées de filtres HEPA. « Ce sont des filtres de haute efficacité capables de supprimer des petites particules de la taille des aérosols » explique Jean-Michel Courty.
Ces mesures ne remplacent toutefois pas à 100 % le port du masque. Celui-ci constitue une tranche de l’« emmental » des dispositions anti-covid, quand l’aération-ventilation en constitue une autre.
Si le risque zéro n’existe pas, il est toutefois possible de réduire les risques de contamination en surveillant de près le taux de CO2 des espaces intérieurs et en agissant en conséquence pour ne pas dépasser un taux de plus de 800ppm attestant d’un renouvellement de l’air insuffisant.
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