Réduire notre consommation d’aliments ultra-transformés « offre une occasion unique d’améliorer à la fois notre santé et la durabilité environnementale du système alimentaire », écrivent Kim Anastasiou, Mark Lawrence, Michalis Hadjikakou et Phillip Baker dans The Conversation. Cette équipe rassemble des scientifiques spécialisés dans l’environnement et la nutrition. Ils viennent de publier, fin mars 2022, un article de recherche dédié à l’impact de la nourriture transformée tout à la fois sur la santé et les écosystèmes.
Pour définir les aliments ultra-transformés, ces chercheurs écrivent que « vous pouvez les considérer comme des aliments que vous auriez du mal à créer dans votre propre cuisine ». Leur fabrication résulte d’un ensemble de procédés purement industriels. On y trouve de grandes quantités d’additifs (visant à créer de toute pièce ou améliorer la couleur, la texture, la saveur) et on trouve peu voire aucun aliment entier. L’apport nutritionnel de cette alimentation est très faible.
De type « junk food » (ou « malbouffe »), ce sont par exemple des confiseries produites en série, des boissons gazeuses, des chips, des plats préparés à réchauffer instantanément, et la quasi-intégralité de la nourriture de fast food.
Ces aliments ultra-transformés, qui s’opposent donc aux produits frais ou simplement peu transformés (fruits, légumineux frais ou conservés, laitages…), portent « gravement » atteinte à la biodiversité. « (…) Si l’impact sur la biodiversité des pratiques actuelles d’utilisation des sols et de production alimentaire a fait l’objet d’une grande attention, le rôle des aliments ultra-transformés a été largement ignoré », regrettent les auteurs.
La perte de l’« agrobiodiversité »
La problématique des aliments ultra-transformés n’est pas nouvelle. De plus en plus d’études tendent à montrer qu’une alimentation junk food est néfaste pour l’environnement, notamment en raison des méthodes de production. L’impact sur la santé est, lui aussi, documenté dans plusieurs études.
Les travaux de cette équipe de recherche ajoutent leur pierre à l’édifice, en montrant aussi qu’un « régime alimentaire mondialisé » basé sur de la nourriture fabriquée et distribuée à l’échelle industrielle nuit à la culture, la fabrication et la consommation des autres aliments — frais et peu transformés.
Ils constatent effectivement, à partir de données, que les aliments ultra-transformés sont une « composante dominante » de l’offre alimentaire dans les pays dits à revenu élevé — pendant que les ventes « augmentent rapidement » dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Le problème, expliquent les auteurs, c’est que les aliments ultra-transformés sont issus d’une petite poignée d’espèces végétales à haut rendement — maïs, blé, soja et oléagineux. De même pour les ingrédients d’origine animale, qui proviennent d’animaux élevés en batterie… et nourris avec ces mêmes espèces végétales. Cela conduit, selon les auteurs, à une « perte de l’agrobiodiversité », soit la diversité des agricultures.
« Il existe plus de 7 000 espèces de plantes comestibles qui pourraient être consommées pour l’alimentation. Mais aujourd’hui, 90 % de l’apport énergétique mondial provient de 15 espèces végétales, et plus de la moitié de la population mondiale dépend de trois cultures céréalières seulement : le riz, le blé et le maïs. »
Les chercheurs en appellent à intégrer cet enjeu de manière plus prégnante au sein des sommets dédiés aux systèmes alimentaires, et de l’inscrire plus globalement à l’agenda des politiques contre la pollution et le changement climatique.
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