« Le réchauffement climatique alors qu’il fait moins 3 ce matin dans les Yvelines. Donc bon hein. » Ce type d’arguments climatosceptiques est-il valable ? La réponse est non. En premier lieu parce que le changement climatique est un fait incontestable. Ensuite, car il ne faut pas confondre la météo et le climat.
Météo et climat : quelle différence temporelle et spatiale ?
La différence entre les deux notions est une question d’échelle de temps :
- La météo correspond à des fluctuations à court terme ;
- Le climat correspond à des ensembles de valeurs structurelles au long terme — sur des dizaines d’années.
La deuxième différence correspond à une échelle spatiale :
- La météo est dans un lieu donné de la planète ;
- Le climat est l’ensemble de l’atmosphère planétaire dans sa dynamique globale.
Cette distinction signifie qu’il n’est pas impossible que l’on connaisse des records de froid — ou de simples froids — dans une période de réchauffement global du climat : ce qui compte, pour parler de réchauffement du climat, est l’ensemble des données météorologiques depuis plusieurs décennies. Si on compte 10 records de chaleur pour 1 record de froid, la tendance est au réchauffement.
Le fait que vous ayez froid en ce moment n’est donc pas le signe d’un refroidissement climatique, ni que le réchauffement planétaire n’existe pas : ce n’est que le résultat de fluctuations locales et temporaires. Malgré tout, pendant ce temps, la température du globe se réchauffe bel et bien année après année.
Pourquoi on peut prédire le climat, tandis que la météo se trompe souvent à 10 jours ?
Comme la météo se fait à court terme et dans un lieu donné, elle obéit à des variables très sensibles, changeantes. C’est pour cette raison qu’elle est difficilement projetée à plus de 10 jours et qu’elle peut se tromper. Pour prédire le climat, en revanche, on se base justement sur l’ensemble des données météorologiques répertoriées sur plusieurs décennies. La météo, ce sont des fluctuations ; le climat, c’est la direction que prennent l’ensemble de ces fluctuations et bien d’autres facteurs encore.
Quand on fait des prédictions climatiques, on ne peut pas dire s’il fera précisément 20 degrés et de la pluie le 23 janvier 2041 à Dunkerque, mais l’on peut estimer, en extrapolant les données actuelles, à quel point l’atmosphère et l’eau des océans seront plus chaudes en moyenne, dans quel écart de températures l’on devrait se trouver, quel impact cela aura sur la fonte des glaciers, sur la biodiversité, etc.
La météo dépend du climat sur le long terme
Si vous comptiez aller à la plage ce dimanche et qu’il 20 degrés au lieu de 22 degrés, cela ne va pas changer grand-chose (au pire vous resterez dix minutes de moins dans l’eau). En revanche, 2 degrés de différence dans le climat de la planète induisent un monde très différent, tous les écosystèmes s’en retrouvant bouleversés. Car les valeurs météorologiques moyennes dépendent des valeurs climatiques sur le long terme.
L’une des meilleures illustrations de la différence météo/climat, et de la dépendance de la météo au climat sur le long terme, est à trouver dans l’excellente série documentaire Cosmos : Possible Worlds.
Dans l’un des épisodes, Neil deGrasse Tyson promène son chien sur la plage en le tenant en laisse. Son compagnon à poils sera amené à bouger vers la gauche et la droite comme il l’entend : sa position fluctue. Le comportement exact du chien est difficile à prédire — lorsqu’il s’apprête à aller à gauche, on le voit tourner, on peut l’anticiper, mais on a du mal à prévoir ses mouvements dans le temps. Mais ces fluctuations sont strictement dépendantes du chemin que trace Neil deGrasse Tyson.
Sur la capture d’écran ci-dessus, le climat est donc représenté par la ligne rouge, quand la météo est représentée par la ligne bleue.
On parle de « bouleversement » climatique
D’autre part, il est crucial de retenir que le changement climatique n’est pas seulement une affaire de réchauffement. L’augmentation globale des températures n’est pas la seule strate. On relève aussi un accroissement des phénomènes météorologiques extrêmes (ouragans, incendies, épisodes de vagues de chaleur, etc.), ainsi que la montée des eaux et l’acidification des océans.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les expressions « changement climatique » ou « bouleversement climatique » sont plus correctes, car plus spécifiques, que « réchauffement climatique ».
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