L’astrologie des Mayas fascine, mais la plupart des connaissances que l’on en a provient de quelques codex écrits durant la période classique, quelques siècles avant l’arrivée des colons au 16e siècle. Les codex restants sont ceux qui ont survécu à la destruction ordonnée par l’évêque Diego de Landa en 1562. De nouvelles excavations mettent parfois au jour des artéfacts Maya plus anciens : en 2011, des tables astronomiques ont été identifiées autour du 9e siècle de notre ère.
La nouvelle découverte rapportée dans Science, le 13 avril 2022, est toutefois encore plus ancienne. Ces fragments d’une peinture murale mésoaméricaine sont issus d’un calendrier Maya — avec un haut niveau de certitude. La datation au carbone 14 permet de les placer quelque part autour de 200 à 300 avant notre ère, soit près d’un millénaire avant les tables astronomiques découvertes en 2011.
Les fragments appartiennent à la pyramide Maya de Las Pinturas, située à San Bartolo, au Guatemala. C’est un haut lieu des découvertes archéologiques sur cette civilisation. Les peintures murales y sont des descriptions majeures de la mythologie Maya, et des éléments tout aussi précieux sont enfouis au-dessous : il n’y a pas moins de 5 couches de construction. Dans la couche la plus profonde, on trouve des murs peints de hiéroglyphes, qui sont les plus anciennes preuves d’écriture hiéroglyphique Maya. C’est de là que sont issus les fragments de calendrier.
Que montre le plus ancien calendrier Maya connu ?
Ce qui permet d’identifier ces fragments, ce sont les gravures d’un animal, et plus particulièrement d’un cerf (deer) précédé d’un chiffre. L’ensemble représente « 7 deer », le septième jour du cerf. En Méso-Amérique, le calendrier divinatoire était composé de 260 jours, et chaque date était représentée par un chiffre suivi d’un nom — souvent un animal ou quelque chose en lien avec la nature. Ainsi, dans ce calendrier, 7 Deer est suivi par 8 Rabbit, 9 Water, 10 Dog.
« Les significations étaient souvent similaires d’une langue à l’autre, forgeant un système de calendrier qui est devenu un facteur élémentaire dans la définition de la Méso-Amérique en tant que région culturelle », écrivent les auteurs de l’étude dans Science. Cela crée en effet des points communs : presque tous les systèmes d’écriture mésoaméricains représentent le septième jour par un cerf, bien que le dessin lui-même varie. Et c’est donc le cas dans ces fragments, ce qui permet l’identification comme calendrier.
Le système calendaire Maya est-il encore plus ancien ?
« L’enregistrement du septième jour du cerf représente le plus ancien exemple de calendrier maya daté de manière sûre, et c’est important pour comprendre le développement du calendrier de 260 jours et les aspects associés de la religion mésoaméricaine et de la science cosmologique », écrivent les archéologues. La datation elle-même relève d’une information historique précieuse : la capacité à retracer l’usage de ce calendrier à quelque 23 siècles est « un témoignage de son importance historique et culturelle ».
D’autant plus que cette découverte permet d’observer une écriture hiéroglyphique particulièrement mature. La date représentée par le cerf est accompagnée d’autres inscriptions, dont la signification n’a pas été percée à jour, mais, d’après les auteurs, il semblerait que la date soit une sorte de légende pour situer les événements racontés par les hiéroglyphes du dessous. Cette richesse ne peut pas être le fait d’un stade précoce de l’écriture, tout au contraire.
« Les fragments muraux témoignent d’une solide tradition de scribe, avec des mains et des styles d’écriture multiples qui démontrent l’existence d’une communauté locale de scribes. Et le niveau de la technologie picturale de San Bartolo, associé à la combinaison du texte et de la figure, indique une tradition artistique et d’écriture mature dans les basses terres au cours du troisième siècle avant notre ère », relatent les archéologues.
Cette robustesse signifie que le calendrier lui-même et son système de représentation sont potentiellement bien plus âgés que la datation de ces fragments spécifiques. Pour les auteurs, l’origine des écritures et des registres calendaires de la Méso-Amérique est à envisager « au cours » de la période Préclassique moyen (qui commence en –2 500 avant notre ère), « voire avant ».
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