On se croirait dans Star Trek : en octobre 2021, le Dr Josef Schmid et son équipe ont été « holoportés » à bord de la station spatiale internationale. L’usage d’hologrammes 3D projetés de la Terre vers l’espace est une première, que la Nasa a débriefé quelques mois plus tard dans un post mis en ligne en avril 2022.
Il s’agissait plus particulièrement d’une téléconsultation médicale, pour un astronaute que l’on connaît bien en France : Thomas Pesquet. Le Français « a eu une conversation bidirectionnelle » avec les images holographiques des médecins. Ces derniers étaient comme virtuellement présents en face de l’astronaute.
D’un point de vue technologique, l’agence spatiale a mobilisé une caméra Kinect Hololens de Microsoft et un ordinateur équipé d’un logiciel développé par la société AEXA Aerospace. Sur Terre, l’équipe médicale était scannée : des modèles 3D en haute définition étaient construits et compressés numériquement, puis transmis et reconstruits, tout cela en temps réel. Sur l’ISS, Thomas Pesquet était équipé de l’HoloLens, des lunettes qui permettent de projeter des images holographiques en face de l’utilisateur ou de l’utilisatrice.
La différence avec une communication par écrans interposés est la sensation de se retrouver dans le même espace physique. Thomas Pesquet et les médecins ont pu se faire une poignée de main virtuelle : « C’était la première poignée de main holoportée entre la Terre et l’espace. »
« Une nouvelle forme de communication »
On est tout de même bien loin de Star Trek et de son holodeck — la définition vidéo n’était pas excellente et les images corporelles parfois incomplètes. Et les hologrammes 3D ne sont pas une nouveauté, bien qu’aucun n’avait été encore projeté vers l’espace. Mais la Nasa présente cela comme une démonstration d’une « nouvelle forme de communication ». Cette téléconsultation sert donc de précurseur pour une utilisation plus étendue lors de futures missions.
« Nous l’utiliserons pour nos conférences médicales privées, nos conférences psychiatriques privées, nos conférences familiales privées et pour amener des VIP sur la station spatiale afin de rendre visite aux astronautes », précise Josef Schmid sur le site de la Nasa. Ce type de technologies pourrait trouver une utilité dans les futures missions longues, vers Mars notamment, où les astronautes risquent d’être isolés pendant de nombreux mois avec un délai de communication rallongé. Les hologrammes pourraient maintenir un lien humain plus fort.
L’agence entend associer les images holographiques avec de la réalité augmentée, ce qui permettrait donc d’ajouter des objets virtuels lors des séances. Mais la Nasa a aussi l’ambition d’ajouter un retour haptique, c’est-à-dire un sens du toucher et de la proprioception — ce qui se traduirait par des gants permettant de sentir les objets et leur position.
« Imaginez que vous puissiez amener le meilleur instructeur ou le véritable concepteur d’une technologie particulièrement complexe juste à côté de vous, où que vous soyez en train de travailler. (…) Vous pourriez travailler ensemble sur l’appareil, un peu comme deux des meilleurs chirurgiens travaillant pendant une opération », détaille Schmid.
La Nasa conclut sur une utilité terrestre potentielle — pour communiquer avec des équipes situées des environnements extrêmes tels qu’en Antarctique, par exemple, « ce type de technologie peut aider les personnes dans ces situations à communiquer, en rapprochant les gens, quelles que soient la distance ou les difficultés environnementales », estime l’agence spatiale.
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