44 milliards de dollars. La somme est difficile à assimiler pour le commun des mortels. Ce serait le cas même si nous parlions de millions, mais les milliards semblent encore plus irréels. Il s’agit pourtant bien de la somme dépensée par Elon Musk, sur un coup de tête, pour racheter le réseau social Twitter. L’accord est acté (s’il revenait en arrière, cela lui coûterait 1 milliard de dollars pour la rupture de contrat).
Cette somme pharaonique est démesurée, même à l’échelle des grandes entreprises de la tech. La messagerie Whatsapp avait été rachetée par Facebook pour 22 milliards, en 2014 ; YouTube avait coûté 1,6 milliard en 2006 à Google ; et Microsoft avait dépensé 26 milliards pour LinkedIn en 2016.
La démesure peut aussi s’évaluer non par rapport à d’autres rachats, mais par rapport à des enjeux du quotidien : en l’occurrence, celui du climat. Le hasard fait que la somme dépensée par Elon Musk est, à peu de choses près, la même que celle qui sera dépensée en 2023 par les États-Unis pour le climat. C’est une coïncidence, mais cela permet de mieux identifier l’ampleur du montant.
Le climat et Twitter ont-ils la même valeur financière ?
Dans son budget pour l’année 2023, validé en mars 2022 par le Congrès, l’administration Biden a débloqué près de 45 milliards de dollars pour les progrès contre le changement climatique — des dépenses dédiées notamment à la transition énergétique, la création d’emplois dans ces secteurs, et l’aide aux communautés touchées par les bouleversements climatiques (montée des eaux, vagues de chaleur, etc.).
Ce budget est donc celui qu’une puissance étatique comme les États-Unis est prête et apte à débloquer pour l’urgence du siècle qu’est la crise climatique. Elon Musk, de son côté, est entrepreneur : s’il dépense cette somme, il a forcément des opportunités de rentabilité en tête — pas forcément financières, mais aussi potentiellement morales ou d’influence (pour ses projets entrepreneuriaux et ses idées, par exemple).
Sur Twitter, Elon Musk apparait comme quelqu’un pour qui aucun sujet ne semble réellement sérieux — il disait ainsi vouloir « s’amuser au maximum » avec Twitter, le 28 avril. Encore récemment, en réponse à un article du Guardian dédié l’angoisse climatique, l’entrepreneur se contenait de tweeter la jaquette d’un jeu vidéo.
L’écologie est pourtant bien un sujet sérieux. Et l’entreprise Tesla va dans le sens des recommandations du rapport du GIEC, qui exprime la nécessité de passer au tout-électrique pour améliorer la sauvegarde de l’environnement.
Mais quand on réalise qu’une partie de sa fortune personnelle pourrait venir en renfort utile de la lutte climatique, ne serait-ce qu’en étant une infime partie de l’effort, le comportement n’apparaît qu’encore plus indécent. Surtout lorsqu’il s’agit de racheter un réseau social déficitaire, sans aucun but financier défini derrière. Et de s’amuser de la situation.
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