Des millions de doses de vaccin contre le covid vont être jetées, en France, fin mai 2022. C’est ce que l’on apprend dans un article du Parisien, daté du jeudi 5 mai. La Direction générale de la Santé confirme au quotidien que ce sont 3,6 millions de doses qui vont finir à la poubelle.
La nouvelle peut paraître étonnante, car la pandémie est loin d’être maîtrisée. En France, les contaminations connaissent certes une décrue depuis la mi-avril, ce qui laisse penser que nous entrons dans un creux de la vague. Mais le fait est qu’à ce jour, on compte toujours plus de 100 personnes par jour qui décèdent du covid dans notre pays ; sans compter les personnes atteintes de covid long. La possibilité d’une nouvelle vague est par ailleurs loin d’être exclue, puisque le variant Omicron BA.2, majoritaire et plus contagieux, a une forte capacité de réinfection — pour les personnes infectées comme vaccinées.
Qui plus est, la vaccination a récemment été ouverte aux personnes de plus de 60 ans. Une stratégie basée sur le volontariat qui, pour l’instant, peine quelque peu à convaincre les populations concernées — notamment, car très peu de communication est faite sur le sujet.
Pourquoi jeter des doses alors que l’on pourrait en avoir besoin ?
Les doses n’ont pas trouvé preneurs, même à l’étranger
Il faut d’abord se rappeler que les vaccins sont des produits pharmaceutiques et, comme la plupart d’entre eux, ils ont une date de péremption. À partir d’une date limite, le contenu n’est tout bonnement plus viable : le vaccin ne serait pas efficace, car il aurait perdu toute capacité à produire une réaction. C’est la raison invoquée par la Direction générale de la santé auprès du Parisien : les doses sont périmées.
La question suivante est donc : pourquoi ces doses n’ont-elles pas trouvé preneurs dans le délai imparti ? Si 80,6 % des Français et des Françaises ont reçu au moins une dose de vaccin, les injections n’avancent plus énormément dans le pays, malgré l’ouverture volontaire de la deuxième dose de rappel aux plus de 60 ans.
On pourrait alors se demander pourquoi ces doses n’ont pas été envoyées à d’autres pays qui en ont besoin — notamment les pays dits à « faible ou moyen revenu ». D’après les propos de la Direction générale de la Santé, relevés dans le Parisien, ces doses n’auraient tout bonnement pas trouvé preneurs à l’étranger — même au sein du dispositif solidaire Covax. La raison est probablement à trouver dans le fameux « dernier kilomètre », ces populations qui refusent le vaccin pour différentes raisons (le manque d’informations et d’accès aux dispositifs, la peur des effets secondaires, le sentiment qu’il n’est pas utile, etc.).
Le problème est que, comme l’a répété l’Organisation mondiale de la Santé à de nombreuses reprises, on ne peut espérer une pandémie pleinement « maîtrisée » sans que la couverture vaccinale internationale soit égalisée. Cela concerne en partie la situation hospitalière, car face à Omicron, les vaccins servent surtout à éviter les formes graves ou longues de cette maladie qui, rappelons-le, n’a rien d’un simple rhume. Or, si plus de 60 % de la population mondiale a reçu un vaccin, cela ne concerne à ce jour que 15 % des pays à plus faibles revenus.
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