Le dérèglement du climat s’accompagne de phénomènes météorologiques extrêmes. Parmi eux, les vagues de chaleur. Le Canada et les États-Unis ont connu ainsi une canicule record lors de l’été 2021, atteignant près de 48 degrés Celsius. Mais cet épisode n’avait duré que quelques jours. Celui qui a actuellement lieu au Pakistan et en Inde, ce printemps 2022, traîne en longueur.
Cela fait maintenant deux mois — depuis février 2022 — que cette région connaît une vague de chaleur extrême, provoquant la mort de dizaines de personnes. Au nord-ouest de l’Inde et au Pakistan, les températures moyennes sur cette période atteignent 35,9 degrés, et ce chiffre est 37,78 degrés en Inde centrale. Un record en 122 ans de surveillance météorologique. La ville de New Delhi s’est même maintenue au-delà de 40 degrés pendant sept jours consécutifs. Les températures baissent difficilement au-dessous de 35 degrés la nuit.
Ce type de canicule a des conséquences sur les vies humaines, mais aussi sur les infrastructures et moyens de subsistance. Au Canada, en 2021, des câbles avaient fondu. Lors de la vague de chaleur qui touche en ce moment l’Asie du Sud-Est, on compte des pannes d’électricité, des difficultés d’accès aux ressources telles que l’eau. Et maintenant, un pont pakistanais historique s’est effondré, le 10 mai 2022.
Pourquoi le pont s’est-il effondré ?
L’effondrement a eu lieu dans la région du Gilgit-Baltistan, au nord du Pakistan. Elle se situe aux pieds des montagnes. On y trouve des tapis de neige, des glaciers, des lacs glaciaires. Ces derniers ne sont pas gelés : « glaciaires » signifie que le cours d’eau résulte de l’érosion d’un glacier. Le pont de Hassanabad traversait justement un lac glaciaire.
Mais en cette période de canicule, le glacier de Shispare, accolé au sommet de Shispare, s’est mis à fondre à une vitesse inhabituelle. Cette fonte a provoqué des torrents d’eau, qui ont finalement entraîné dans leurs vagues, à cause d’une érosion accélérée, les fondations du pont de Hassanabad. Il s’est finalement effondré en quelques secondes.
Le changement climatique en cause
L’écroulement du pont est le résultat d’une vague de chaleur qui elle-même résulte du réchauffement planétaire. Dans un communiqué officiel du gouvernement pakistanais, la ministre chargée de la crise climatique, Sherry Rehman, met en cause une « répercussion directe du stress climatique ». La région connaît un double problème : l’augmentation des températures et la sécheresse (62 % de précipitation en moins en 2022 par rapport aux années précédentes).
Lors d’un rapport publié en octobre 2021, Amnesty International prévenait que le Pakistan était en train de devenir « invivable pour les humains ». Ce document se penchait en particulier sur la ville de Jacobabad : « Pour les habitants de la ville, la crise climatique n’est pas une menace lointaine, mais une réalité vécue et Jacobabad offre un aperçu de ce à quoi la vie pourrait bientôt ressembler dans de nombreuses autres régions du monde. » En toute probabilité, cette vague de chaleur n’est que le début, à mesure que le dérèglement du climat suit son cours.
« Ces problèmes nuisent directement aux animaux, détruisent leurs habitats, autant qu’ils bouleversent la vie et les moyens de subsistance des populations humaines », alerte Sherry Rehman, pour qui cette situation met en exergue le besoin urgent de mesures d’adaptation. Quant aux actions pour freiner le réchauffement, elles doivent être prises avec ampleur, maintenant, justement pour limiter la répétition de ces événements extrêmes.
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