La pandémie n’est pas terminée — 100 personnes meurent de cette maladie, chaque jour, rien qu’en France. Malgré ce constat, le coronavirus SARS-CoV-2 semble s’être évaporé de l’actualité. La circulation du virus étant toujours active, avec un risque accru de réinfections, de nouvelles vagues sont encore possibles. Le Conseil international des sciences a publié, au printemps 2022, un rapport sur l’avenir de la pandémie.
Ces scientifiques, qui sont spécialisés en santé publique ou encore en virologie, dressent 3 scénarios sur la forme que pourrait prendre la pandémie d’ici 2027. Ce rapport se penche plus spécifiquement sur la gestion de crise sanitaire, plutôt que sur l’évolution biologique du virus. Les auteurs combinent donc des données épidémiologiques avec des projections politiques sur l’état du monde, pour déterminer ces 3 scénarios sur la forme de la pandémie.
Scénario 1 : l’optimisme
Le scénario intitulé « Collaboration Plus » est optimiste. Dans cette projection, l’importance du covid est réduite au cours des cinq prochaines années grâce à « de hauts niveaux de collaboration internationale ». Et, grâce à cela, plus de 70 % des personnes dans le monde auront reçu au moins une dose d’un vaccin efficace.
Dans ce scénario, le développement continue et l’amélioration des capacités de fabrication/distribution des vaccins permettraient une protection élevée à l’échelle internationale, ce à quoi s’ajouteraient des antivirus largement disponibles (et donc accessibles même aux pays à faible revenu). « Les systèmes de santé des pays à faible revenu peuvent encore être surchargés lorsque des poussées de Covid-19 se produisent, mais la maladie est devenue plus gérable », dans un futur de ce type.
En matière de résilience, cette situation permettrait d’éviter la plupart des mesures restrictives, mais aussi l’enclenchement d’une reprise verte dans les pays qui le peuvent. Par ailleurs, « les gouvernements et le système multilatéral ont tiré les leçons de la pandémie et ont renforcé les mécanismes de préparation aux catastrophes et de conseil scientifique pour améliorer la résilience face aux crises futures ».
Scénario 2 : la continuité
Dans ce scénario, « Continuity », les auteurs n’imaginent pas une amélioration ni une dégradation dans la gestion de la crise sanitaire à l’échelle mondiale. Il s’agit d’un scénario relativement correct quant à l’impact du covid, mais qui met en exergue de nets points d’amélioration. Cela touche notamment la stratégie vaccinale : dans cette projection, ce sont les pays à faible revenu qui ont le plus bas taux de vaccination, comme c’est déjà le cas depuis le début de la pandémie. De fait, en cas de poussées du covid, des mesures assez restrictives pourraient encore être prises, en particulier dans ces pays.
C’est également dans ce scénario ambivalent que les auteurs du rapport envisagent que le covid deviendrait endémique, c’est-à-dire qu’il s’installerait au long court de manière saisonnière, nécessitant une mise à jour régulière des vaccins. Il ne serait donc pas à proprement parler sous contrôle, sans pour autant être hors de contrôle.
Scénario 3 : la reprise ratée
La troisième projection, « Missed Recovery », est la plus pessimiste. Dans ce scénario, ce sont les tensions politiques (dont « la montée du populisme » dans le monde) qui ont un impact négatif sur la gestion de la crise sanitaire et la résilience. En raison des difficultés dans la collaboration internationale et des réticences favorisées par des idéologies politiques, moins de 60 % de la population mondiale serait vaccinée efficacement contre le covid pendant les 5 prochaines années. Sauf que les variants continueraient alors d’autant plus d’apparaître, puisque la circulation épidémique serait accrue, favorisant les mutations potentiellement problématiques. De fait, « des mesures sanitaires et sociales restrictives, telles que les politiques de travail à domicile et les confinements régionaux, sont toujours nécessaires dans certains pays ».
« Dans ce scénario, les mécanismes de rétablissement après la Covid-19 et les investissements dans les systèmes sociaux et de santé ont été limités. En conséquence, la maladie Covid-19 reste largement incontrôlée avec de graves récidives dans certaines parties du monde », précisent les scientifiques à l’origine de ce rapport.
La coopération internationale et régionale au cœur de la pandémie
En résumé, pour que ce dernier scénario pessimiste n’advienne pas, et faire possiblement mieux que celui de la continuité, les auteurs recommandent de développer le plus possible les mécanismes de coopération mondiale, mais aussi de coopération régionale, car ce sont des « composantes fondamentales de la recherche de solutions et de protection continue ».
Les épidémiologistes alertent effectivement depuis les débuts de la pandémie sur la nécessité de mettre en place la meilleure égalité possible dans la gestion de la crise. Tant que la protection contre le covid n’est pas un minimum équitable sur la surface de la planète, la pandémie ne pourra pas être considérée comme étant derrière nous.
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