C’est une épidémie naissante, qui suscite d’inévitables inquiétudes. La variole du singe, qui est une maladie virale identifiée depuis les années 1970, connaît depuis mai 2022 une certaine propagation hors d’Afrique. Des cas ont été signalés ou sont suspectés en Europe, en Amérique du Nord ainsi qu’en Australie. On dénombre environ 190 cas confirmés et une centaine de suspects.
La manifestation de la maladie peut être spectaculaire, compte tenu de l’éruption cutanée qu’elle provoque. Des boutons apparaissent à différents endroits du corps et peuvent être douloureux. La bonne nouvelle, néanmoins, c’est que cette affliction est assez peu grave. La létalité est basse et il existe par ailleurs des traitements, dont des vaccins taillés contre la variole.
Vaccination des malades et des cas contacts
Les personnes effectivement touchées par la variole du singe sont évidemment éligibles pour une prise en charge vaccinale et médicamenteuse. Tout comme le sont les personnes cas contacts. C’est ce que préconise la Haute Autorité de Santé dans un avis rendu public le 24 mai. Cela concerne principalement le personnel médical, de facto plus exposé.
« La HAS recommande la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive, c’est-à-dire autour d’un cas confirmé : les adultes dont le contact avec une personne infectée est considéré comme à risque, y compris les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle », développe l’autorité publique dans son communiqué.
Pour maximiser les chances d’efficacité de lutte contre la variole du singe, la HAS ajoute que « cette vaccination doit être effectuée uniquement avec le vaccin de troisième génération ». En l’espèce, le vaccin qui sort du lot est le produit Imvanex de la firme Bavarian Nordic (il est appelé Jynneos aux États-Unis). Il est autorisé à la fois en Europe et aux USA.
« Il présente un mode d’administration et un profil de sécurité beaucoup plus favorable que ceux des vaccins de 1ère et 2ème génération, tout en assurant une [réponse immunitaire] comparable. Il a été montré que la vaccination antivariolique avait une efficacité de 85 % pour la prévention de la variole du singe », lit-on dans l’avis de la HAS.
Après une exposition, il est recommandé de procéder à une première injection du vaccin dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours. Des effets secondaires sont évidemment susceptibles de se manifester, comme pour n’importe quel autre vaccin.
En France, trois cas ont été confirmés. C’est peu. Aucun n’a requis un voyage à l’hôpital — d’autres à l’étranger ont toutefois dû être pris en charge par les services de santé. Sur les cas détectés hors d’Afrique, aucun décès n’a été remonté. Des pays proches de la France sont concernés : l’Espagne (une centaine de cas), le Royaume-Uni (71) et le Portugal (une quarantaine).
Le profil d’un virus comme celui de la variole du singe s’avère moins préoccupant qu’un virus tel SARS-CoV-2, car la variole du singe est « un virus à ADN », relève Camille Besombes, médecin infectiologue à l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes chez l’Institut Pasteur. De fait, « il est moins susceptible de muter que des virus à ARN comme le SARS-CoV-2. »
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