Les humains vont retourner sur la Lune ! C’est le mot d’ordre derrière les missions du programme Artémis de la Nasa. Mais, patience : si la mission Artémis I est terminée, ce n’était que la première étape d’un voyage bien plus long qui va occuper l’agence spatiale américaine pendant quelques années.
Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce programme censé revenir à l’exploration humaine de notre satellite, plus d’un demi-siècle après la dernière visite.
Qu’est-ce que le programme Artémis ?
C’est un ensemble de trois missions de la Nasa, dont l’objectif est de faire atterrir des astronautes sur la Lune d’ici à 2027, selon les dernières prévisions. L’objectif scientifique est de mener des analyses de roches et d’étudier la présence d’eau sur notre satellite. Mais, aussi, et surtout, de préparer le terrain en vue d’une exploitation plus poussée de la Lune, voire d’un établissement permanent d’une station lunaire. Ce qui serait très utile en vue de programmes plus lointains à destination de Mars.
Où en est le programme Artémis ?
La première des trois missions s’est achevée en décembre 2022, après 1,4 million de km parcourus dans l’espace. Son lancement en novembre ne s’était pas fait sans difficultés. Artémis I devait s’envoler pendant l’été 2022, mais le décollage a dû être repoussé. Des problèmes de fuite, au moment du remplissage des réservoirs du lanceur avec de l’hydrogène, se sont présentés, suivis d’aléas météorologiques gênant le départ d’Artémis I. La Nasa avait prévu 157 dates de repli, au cas où.
Pourquoi ce nom de programme ?
Artémis est une déesse grecque, la jumelle d’Apollon. Ce choix marque la volonté de la Nasa de faire le lien avec les missions Apollo, qui avaient permis le premier pas sur la Lune. Dans la mythologie, Artémis est associée à la Lune, comme son frère Apollon au Soleil. En plus, c’est une femme : cela permet donc d’insister sur le fait que des femmes seront impliquées dans la mission et marcheront sur notre satellite.
Première étape : la mission Artémis I
Artémis I était la première étape du programme Artémis de la Nasa. C’est une mission qui a décollé sans passager. Le vaisseau spatial Orion a fonctionné comme s’il était occupé pour préparer les prochaines étapes. Cependant, il n’a fait qu’un aller-retour vers la Lune, pour une mission qui devait durer de 26 à 42 jours au total (la durée dépendant de la date du décollage).
Quel est l’objectif de la mission Artémis I ?
Il n’y a pas d’objectif scientifique pur. Le principal but de la Nasa avec cette mission préparatoire était de vérifier que sa nouvelle fusée, le SLS (Space Launch System), fonctionne correctement. Il fallait aussi s’assurer que les connexions avec le vaisseau Orion se déroulent comme il faut. Le vaisseau a suivi à peu près la trajectoire de la mission Apollo 8 avec deux survols de la Lune à basse altitude, un passage vers la face cachée avant un retour sur Terre.
Quand a été lancée Artémis I ?
La Nasa avait calé le lancement pour février 2022. Mais, quelques mois avant l’échéance, un problème informatique a conduit l’agence américaine à revoir ses plans. Le lancement devait avoir lieu fin août, mais diverses contrariétés ont maintenu la fusée clouée au sol.
Les derniers tests peuvent toujours révéler des défauts et provoquer un nouveau report. La météo peut également contrarier les plans, car les fusées y sont très sensibles. Il faut se rappeler que des délais comme ceux d’Artémis I ne sont pas si rares dans l’histoire de l’exploration spatiale. Et, finalement, la Nasa a réussi à lancer sa mission le 16 novembre 2022.
Quels satellites accompagnaient le vaisseau ?
Le vaisseau Orion n’est pas parti seul. Il était accompagné d’une dizaine de satellites de petite taille disséminés autour de la Lune. Ces nano-satellites devaient profiter de ce voyage si loin de la Terre pour étudier les champs magnétiques du Soleil, ou encore voir comment de la levure réagit au rayonnement spatial. Parmi les plus intéressants, se trouvait OMOTENASHI, un CubeSat japonais qui devait se poser sur le sol lunaire, une première. Malheureusement, ce mini-satellite a loupé la Lune. Il y avait aussi le Near-Earth Asteroid Scout, prévu pour aller survoler un astéroïde grâce à sa voile solaire.
Deuxième étape : la mission Artémis II
Avec Artémis II, les choses sérieuses commencent. Cette fois, Orion décollera avec à son bord quatre astronautes. Direction, la Lune ! Mais, les astronautes ne vont pas se poser, ils vont se contenter de faire une orbite autour de la Lune avant de revenir au terme d’une dizaine de jours de voyage. L’équipage d’Artémis II a été présenté par la Nasa en avril 2023 : il sera composé des Américains Christina Koch, Victor Glover, Gregory Reid Wiseman, et du Canadien Jeremy Hansen.
Quel est l’objectif de la mission Artémis II ?
Comme pour Artémis I, Artémis II est avant tout une mission préparatoire. L’idée générale est de tester le vaisseau Orion, ses performances, l’efficacité de son système de support de vie, mais aussi les différents systèmes de communication et de navigation. Enfin, l’équipage s’assurera que la rentrée dans l’atmosphère se déroule comme prévu.
Quand doit être lancée Artémis II ?
La date de lancement est encore un peu floue et dépendra du succès ou non d’Artémis I, mais la Nasa parie pour l’instant sur l’horizon 2024.
Troisième et dernière étape : la mission Artémis III
Artémis III ira beaucoup plus loin, puisque l’idée est cette fois d’emmener quatre astronautes, dont deux qui poseront le pied sur la Lune. Le site d’atterrissage a été défini vers le Pôle Sud où des traces d’eau ont été découvertes, ce qui pourrait être bien pratique pour y installer un camp de base.
Ils vont y passer une petite semaine avec, au programme, des sorties extra-véhiculaires et des prélèvements de roches lunaires. Puis, ils reviendront sur Terre au terme d’une mission qui aura duré 25 jours.
Quel est l’objectif de la mission Artémis III ?
L’objectif primaire est de réussir toutes les étapes, depuis le décollage jusqu’à l’atterrissage sur la Lune afin de s’assurer que la méthode est au point en vue des futures missions. Ensuite, l’équipage devra effectuer des analyses pour préparer les séjours de plus longues durées à la surface de la Lune.
Cela implique des aspects technologies avec l’utilisation de l’atterrisseur, mais aussi des travaux purement scientifiques pour mieux connaître les ressources disponibles sur place, notamment sur la présence d’eau.
Enfin, Artémis III comporte aussi quelques objectifs scientifiques, mais ils restent assez généraux à propos de la compréhension des processus planétaires et de l’histoire du couple Terre-Lune.
Quand doit-être lancée Artémis III ?
Pour le moment, l’objectif est de décoller en 2027, mais il reste énormément d’incertitudes dues en grande partie à la réussite des missions précédentes.
SLS, HLS, Orion… De quoi parle-t-on ?
Qui dit programme spatial ambitieux, dit fusée à sa hauteur. Et, pour Artémis, la Nasa a vu les choses en grand. Les trois missions doivent quitter la Terre à bord du Space Launch System, ou SLS. La fusée gigantesque d’un peu plus de 100 mètres de haut était en développement depuis déjà une dizaine d’années. Sa première version, qui a fait son premier vol avec Artémis I, est capable de mettre 27 tonnes de charge utile en orbite lunaire. Elle sera enrichie pour les vols suivants avec des capacités augmentées.
Sa charge utile principale, c’est Orion. Un vaisseau spatial capable d’accueillir quatre passagers. Il a volé une première fois, en 2014 et sans personne à l’intérieur. Un test à vide, mais le programme Artémis devrait lui donner l’occasion de briller davantage.
Pour Artémis III, un nouveau challenger entre dans la partie : HLS. Le Humain Landing System développé par SpaceX doit permettre aux astronautes de relier le vaisseau Orion à la surface de la Lune.
Dans le scénario actuel, l’idée est de mettre le HLS autour de la Lune, puis d’attendre Orion avec ses passagers. Les astronautes passent d’Orion au HLS pour descendre jusqu’à la surface, puis remontent et rentrent chez eux. Si Orion est le navire qui traverse les océans, HLS est la petite barque qui fait les derniers mètres jusqu’à la terre ferme.
Et après ?
HLS n’est pas censé attendre seul en orbite lunaire. Si tout se passe comme prévu, le vaisseau doit être amarré au premier module de la station Lunar Getaway.
Cette station en orbite autour de la Lune sera nécessaire dans un second temps pour faciliter l’accès à notre satellite. Comme la Station spatiale internationale, elle sera composée de plusieurs modules qui rejoindront le tout petit à petit. Ce projet très ambitieux n’en est qu’à ses balbutiements, mais il devrait être central une fois les missions Artémis terminées.
Et les astronautes, dans tout ça ?
Il est encore bien trop tôt pour connaître tous les équipages qui auront la chance de partir pour la Lune, mais quelques données sont déjà connues. Pour commencer, il s’agit d’une mission avant tout américaine, il faut donc s’attendre évidemment à une surreprésentation de la bannière étoilée sur les combinaisons.
Cela dit, il est désormais confirmé qu’un astronaute du Canada fait partie de la mission Artémis II. Pour Artémis III, c’est un peu plus flou, mais la Nasa devrait ouvrir la participation aux autres États. Comme l’Europe est une des principales contributrices du programme Lunar Gateway, cela devrait lui donner droit à au moins un siège dans la mission.
De là à dire que Thomas Pesquet s’envolera pour la Lune, il y a un gouffre, mais on peut toujours rêver !
En tout cas, la Nasa a annoncé que les deux personnes à poser le pied sur la Lune seraient un homme et une femme. L’agence a aussi insisté sur sa volonté d’ouvrir la sélection aux personnes issues des minorités, encore très sous-représentées dans le spatial.
Ah, et au fait, vous pouviez partir vers la Lune, vous aussi (presque)
Vous voulez être du voyage ? Il est malheureusement trop tard pour vous inscrire pour Artémis I (mais il sera sans doute possible de renouveller l’expérience avec Artémis II). Il était possible de créer une carte d’embarquement virtuelle, ensuite chargée sur une clé USB qui est partie avec Orion. Une façon d’être (un tout petit peu) sur la Lune, vous aussi. Si vous vous étiez inscrit, vous pouvez retrouver votre « carte d’embarquement » ici.
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