Dans le règne animal, les girafes se distinguent avec un très long cou qui leur permet de déguster les plus hautes branches sans effort. Ce genre de particularités provient du processus évolutif de la sélection naturelle : un avantage qui aide à survivre face à une ou plusieurs « pressions ». Au fil des décennies, des siècles, des millénaires, les individus d’une espèce qui disposent d’un avantage contre ces pressions deviennent majoritaires, puisqu’ils transmettent davantage leurs gènes aux générations suivantes, là où les individus désavantagés disparaissent.
Les mécanismes de l’Évolution, découverts initialement par Charles Darwin à la fin du XXe siècle, commencent à être de mieux en mieux compris. Mais il demeure des mystères à l’échelle de certaines espèces : pourquoi tel ou tel avantage s’est-il imposé chez tel ou tel animal ?
Dans le cas de la girafe, on a tendance à estimer que l’avantage est alimentaire. Les individus disposant d’un plus long cou peuvent atteindre une source de nourriture inaccessible aux autres espèces herbivores, dans des environnements très concurrentiels. Mais cette explication ne satisfait pas tous les scientifiques.
Certains estiment qu’il s’agirait plutôt d’un avantage reproductif. L’observation du comportement des girafes a montré que, pour faire la cour aux femelles, les mâles s’affrontent dans de violents combats durant lesquels le cou est une arme. Il leur sert à projeter puissamment leur solide tête contre l’adversaire, en prenant de l’élan. De fait, plus le cou est long, plus la frappe sera dévastatrice ; et donc les mâles avec le plus long cou, avantagés, sont davantage susceptibles de transmettre leurs gènes. C’est ainsi que le long cou aurait été sélectionné par l’Évolution, génération après génération.
Le long cou à l’épreuve des coups
Le débat ne fait que s’intensifier avec une étude archéologique rapportée dans Science, ce vendredi 3 juin 2022. Ces travaux se penchent sur un lointain cousin de la girafe, dont les ossements avaient été découverts il y a une vingtaine d’années au nord de la Chine. L’espèce, nommée Discokeryx xiezhi, appartenait à la superfamille des Giraffoidea. Elle parcourait la savane durant le Miocène, il y a environ 17 millions d’années.
L’étude approfondie du crâne et des vertèbres de cet ancien herbivore montre que sa structure osseuse lui permettait de résister à des frappes d’une violence hors du commun. En somme, sa tête est particulièrement adaptée aux combats frontaux, ce qui suggère que, même chez les lointains ancêtres de la girafe, le cou constituait d’ores et déjà un atout de taille.
La force de preuve de cette découverte, pour expliquer la sélection du long cou des girafes, demeure limitée car Discokeryx xiezhi est une espèce différente. Elles appartiennent cependant à la même superfamille du règne animal et adoptaient des comportements très similaires. Un élément environnemental vient ajouter son grain de sel : Discokeryx xiezh évoluait dans des prairies ouvertes, comme les girafes, ce qui accroît l’intérêt de la comparaison.
La sélection naturelle n’a pas forcément une réponse précise
« Le combat de cou a probablement été la principale force motrice des girafes qui ont évolué vers un long cou et le broutage en hauteur a probablement été un avantage compatible de cette évolution », estiment les scientifiques à l’origine de ces travaux de recherche, dans leurs conclusions.
Le fait est que la sélection naturelle est un processus complexe, qui a lieu sur des temporalités vertigineuses. Elle répond à plusieurs pressions qui permettent la survie de certains spécimens plutôt que d’autres. Cette étude ne permet pas d’aboutir à une conclusion certaine, ni complète.
Il est probable que le long cou des girafes provienne d’une combinaison d’avantages pour l’espèce : un avantage pour les mâles dans les combats reproductifs ; un avantage alimentaire pour atteindre les hautes branches ; un avantage contre les prédateurs. Ces différentes raisons peuvent, ensemble, faire que les individus avec le plus long cou survivent plus facilement et transmettent donc leurs gènes plus facilement.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !