Qu’est-ce que BookTok ?
Vous avez peut-être, comme moi, fait partie d’un club de lecture au collège ou au lycée. BookTok, c’est un peu la même chose : des passionnés de livres partagent leurs coups de cœur et font des recommandations aux autres lectrices et lecteurs dans de courtes vidéos. Puisque nous sommes sur TikTok, les vidéos sont très rythmées, avec de la musique, et souvent une bonne touche d’humour. Sur le réseau social chinois, le hashtag #BookTok totalise plus de 162 milliards de vues, en faisant l’une des plus grosses tendances.
Comme pour beaucoup de sujets niches sur TikTok, une communauté s’est formée autour. Ces aficionados des livres commentent leurs vidéos respectives et se conseillent mutuellement. Ce qui fait le succès de BookTok est le sentiment de proximité entre les créatrices et créateurs de contenus et les personnes qui les suivent : ici, pas besoin d’avoir un diplôme en littérature pour parler d’une œuvre, le plus important est de transmettre les émotions ressenties.
Pourquoi dit-on BookTok ?
« BookTok » est un terme anglais. On utilise le même terme en français. Il correspond à l’agrégation des mots « book », livre en anglais, et « TikTok », la plateforme qui accueille cette tendance. BookTok, c’est donc le TikTok sur lequel on retrouve des livres, et celles et ceux qui sont passionnés de littérature.
Quels genres littéraires y a-t-il sur BookTok ?
Si différents styles d’écriture peuvent être appréciés par les internautes sur BookTok, certains genres ont encore plus la cote : c’est le cas de la littérature pour jeune adulte ou YA en anglais. Celle-ci évoque souvent des personnages adolescents en proie à des difficultés caractéristiques du passage à l’âge adulte, avec en plus de la romance. De nombreux créateurs de contenus BookTok sont spécialisés sur les livres de science-fiction, de fantasy et de fantastique (SFFF).
À l’intérieur même de BookTok, on peut retrouver d’autres niches, généralement liées aux minorités. Les livres avec des personnages et des romances LGBTQIA+ sont très présents sur la plateforme, alors qu’ils ont souvent été invisibilisés dans le milieu de l’édition et sont absents de nombreuses bibliothèques. Citons, par exemple, la série de bande-dessinée écrite par Alice Oseman, Heartstopper, qui a été adaptée en série télévisée sur Netflix.
Est-ce que BookTok a un impact sur l’industrie du livre ?
Si vous vous êtes rendus dans de grandes librairies ces derniers temps, que ce soit en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou aux États-Unis, vous avez peut-être vu des étagères BookTok. La tendance TikTok est certes virtuelle, mais elle fait vendre du papier dans le monde réel. Certains livres sont devenus des incontournables de BookTok : Le chant d’Achille de Madeline Miller, Le prince cruel d’Holly Black, Les Sept Maris d’Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid, etc. D’après une étude américaine, en 2021, les autrices et auteurs à succès sur BookTok comme Colleen Hoover ou Leigh Bardugo auraient vendu 2 fois plus de livres que l’année précédente, grâce à BookTok justement.
En 2023, le réseau social est même devenu partenaire du Salon du Livre à Paris : « Alors que la prescription numérique prend une place inédite dans le choix de lecture des plus jeunes, nous nous félicitons de ce partenariat majeur avec TikTok ! Ce partenariat consacre une nouvelle étape dans la médiatisation des ouvrages et des auteurs », a déclaré le Directeur général du Festival. BookTok commence donc à gagner en légitimité auprès des professionnels du secteur.
Les maisons d’édition se sont même mises à TikTok en créant leur compte, comme Hachette et ses 100 000 Abonnés, en 2021. Elles n’hésitent pas à reprendre les codes et l’esthétique de BookTok à coups de musique trendy et de petits sketchs pour promouvoir leurs produits et rajeunir leur image.
BookTok accusé de romantiser les violences
La tendance BookTok permet à la fois de démocratiser la critique littéraire et de relancer l’industrie du livre chez des générations plus jeunes. Toutefois, une partie de la communauté est critiquée pour mettre en avant des œuvres de fiction au sein desquelles on retrouve des personnages de femmes victimes de violences, et d’hommes mystérieux et sadiques. On peut, par exemple, citer la « dark romance », un sous-genre littéraire mettant en scène des histoires d’amour fondées sur la domination, dans un environnement malsain.
C’est le cas du roman Captive de Sarah Rivens, qui dépeint la vie de femmes kidnappées par des membres de réseaux criminels. L’une d’entre elles ne peut pas s’empêcher d’être attirée par son nouveau ravisseur, qui la blesse pourtant psychologiquement et physiquement. Des romances basées sur la misogynie ? C’est ce que dénoncent certains lecteurs sur les réseaux sociaux. D’autres argumentent que le plus important est surtout d’éviter que ces livres ne tombent entre les mains des enfants, sur une plateforme très utilisée par les moins de 24 ans.
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