C’est une annonce qui aurait pu passer inaperçue. Dans la soirée du vendredi 10 juin, Tim Beiko, l’un des principaux développeurs de l’Ethereum, a publié un très long thread Twitter, résumant la dernière réunion des ingénieurs travaillant avec lui. Ses messages parlent surtout de bugs et contiennent de nombreux détails assez techniques. Mais Tim Beiko a également mentionné un autre élément, très important pour le futur de la blockchain Ethereum : la « bombe de difficulté ».
« Pour faire court, nous nous sommes mis d’accord pour retarder la bombe [de difficulté]. Nous étions déjà en retard, et nous voulons être capables de vérifier tous les chiffres avant de choisir une date, mais nous visons un retard de plus ou moins 2 mois », a-t-il écrit. Ce délai pourrait ne pas sembler important de prime abord, mais il pourrait retarder le passage de proof of work à proof of stake de l’Ethereum.
C’est quoi, cette histoire de bombe de difficulté ?
La bombe de difficulté est une étape cruciale pour la suite de l’Ethereum. La crypto-monnaie, qui est la deuxième la plus populaire au monde derrière le bitcoin, est pour l’instant basée sur une blockchain fonctionnant sur un système de proof of work. Ce système demande aux mineurs de répondre à des calculs extrêmement complexes avant d’ajouter un nouveau bloc et de valider les nouvelles transactions.
C’est ce système qui est très gourmand en énergie et qui est de plus en plus critiqué.
Afin de faire de l’Ethereum une blockchain moins polluante, il est prévu qu’elle passe à un autre protocole : celui dit de proof of stake. Il ne demande pas aux mineurs de résoudre des calculs, mais de « gagner » le droit de valider le prochain bloc en mettant en jeu une partie de leur possession en crypto-monnaies.
L’Ethereum ne sera pas la première blockchain à fonctionner avec ce système — mais elle sera la première de sa taille à effectuer le changement entre les deux protocoles, connu sous le nom de « The Merge ». Il s’agit d’une opération extrêmement complexe, qui nécessite de nombreuses étapes de tests, et surtout, la mise en place de la fameuse bombe de difficulté.
Afin de faciliter le changement de processus et de forcer les mineurs, qui seraient récalcitrants à adopter la proof of stake, la blockchain va subir un changement radical dans son niveau de difficulté. Avec la bombe, les équations à résoudre vont devenir tellement complexes qu’il sera quasiment impossible de miner un nouveau bloc. Les mineurs n’auront d’autres choix que de suivre le nouveau système ou quitter la blockchain.
Ce que le retard de la bombe de difficulté veut dire pour l’Ethereum
La bombe ne peut cependant pas être planifiée n’importe quand. Si elle arrive trop tôt, avant le passage à la proof of stake, elle rendrait toute nouvelle opération sur la blockchain impossible. Les conséquences seraient donc désastreuses pour l’Ethereum. Ce n’est ainsi pas la première fois que l’opération est décalée : la bombe a déjà été retardée 5 fois.
Le fait que Tim Beiko et les autres développeurs de l’Ethereum aient décidé de retarder à nouveau la bombe veut donc dire que The Merge pourrait, elle aussi, connaître un nouveau retard. Pour l’instant, rien de tel n’a été annoncé. Officiellement, The Merge doit toujours avoir lieu pendant le mois d’aout 2022.
Mais les inquiétudes se font déjà sentir et certains des développeurs eux-mêmes reconnaissent que la date pourrait encore changer. C’est notamment le cas de Ben Edgington, un autre core dev de l’Ethereum. « Nous décalons la bombe de difficulté de l’Ethereum. Nous disons que cela ne va pas retarder The Merge. J’espère sincèrement que non. Chaque semaine de plus avec la proof of work génère près d’un million de tonnes de CO2 », a-t-il déclaré sur Twitter.
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