Un premier courrier en janvier, puis une deuxième missive en juin. Entre les deux, les réponses jugées insuffisantes de WhatsApp aux interrogations de la Commission européenne concernant l’évolution de ses conditions d’utilisation et son modèle économique. Car autour de ces sujets gravite un sujet essentiel : les données des internautes, notamment européens.
Adressée à l’application de messagerie au début du mois de juin, la lettre contient trois requêtes :
- WhatsApp doit dire de quelle manière le service prévoit de communiquer ses prochains changements dans ses conditions d’utilisation ;
- La plateforme doit utiliser un langage intelligible pour que l’on puisse saisir sans difficulté les conséquences de ces changements ;
- Le service doit également « préciser s'[il] tire des revenus des politiques commerciales relatives aux données des utilisateurs.»
La monétisation de WhatsApp préoccupe Bruxelles
Toutes ces explications de texte surviennent après le fiasco de la dernière grande actualisation des règles de la messagerie instantanée, survenue courant 2021. À l’époque, WhatsApp est emporté dans une controverse. Le problème ? L’appli se prépare à partager plus de données avec sa maison mère, Meta (ex-Facebook), dans le but de mieux monétiser le service.
Filiale de Meta depuis 2014, WhatsApp a encore un modèle économique à bâtir, à la différence d’Instagram, Meta Quest (ex-Oculus) ou même Facebook. Une piste qui est envisagée est celle de la mise en relation entre des clients et des entreprises via l’appli, mais cela nécessite de partager des informations avec Facebook pour mettre en contact les bons individus entre eux.
Bruxelles n’est pas opposée à ce que Facebook cherche un moyen de faire de WhatsApp une nouvelle source de revenus, mais cela ne doit pas se faire au détriment du cadre législatif européen, qui est très sourcilleux dès qu’il s’agit des données des internautes — c’est d’ailleurs un point sur lequel la Commission européenne insiste davantage dans ce nouveau courrier.
« WhatsApp doit veiller à ce que les utilisateurs comprennent ce qu’ils acceptent et comment leurs données à caractère personnel sont utilisées à des fins commerciales, en particulier pour offrir des services à des partenaires commerciaux », a ainsi prévenu Didier Reynders, commissaire à la justice. En clair, WhatsApp doit rendre plus transparent son modèle économique.
La Commission européenne suit avec attention le dossier WhatsApp, car l’appli est l’une des plus utilisées au monde pour ce qui est des discussions instantanées — on évalue à plus de deux milliards le nombre d’internautes s’en servant dans le monde. Surtout, l’app WhatsApp est elle-même rattachée au plus vaste des réseaux sociaux, Facebook, qui compte aussi des milliards de membres.
Bruxelles n’ignore pas, par ailleurs, le modèle économique particulier de Facebook, qui repose sur la monétisation des données personnelles, ni les accusations dont la société fait l’objet en la matière — que l’on pourrait résumer en une phrase : le site est critiqué pour systématiquement privilégier les profits au détriment de tout le reste. Mais il y a aussi bien d’autres reproches.
Surtout, l’Europe n’a pas oublié l’entourloupe dans le dossier du rachat de WhatsApp par Facebook. Brian Acton, le fondateur de l’appli, a laissé entendre que son ancienne direction l’aurait poussé à mentir à la Commission lors du processus d’achat de WhatsApp par Facebook et sur le partage des données entre les deux services.
En 2017, la Commission européenne a infligé une amende 110 millions d’euros à Facebook pour avoir « fourni des renseignements inexacts ou dénaturés au cours de l’enquête que la Commission a effectuée en 2014 […] concernant l’acquisition de WhatsApp par Facebook ». Cinq ans plus tard, Bruxelles voudrait éviter une autre mauvaise surprise de ce genre.
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