Nokia, avec Qualcomm et Elisa, a célébré un record de débit dans le cadre d’une démonstration sur la 5G. Mais, cela a nécessité l’emploi de fréquences spéciales, qui ne sont pas encore une réalité pour les particuliers.

C’est une réussite technique indéniable. Mais, n’espérez pas bénéficier très vite de ce genre de performances au quotidien. La démonstration que viennent de boucler Nokia, Qualcomm et Elisa en matière de 5G s’est déroulée dans des circonstances très particulières, avec des fréquences spéciales, que l’on ne verra d’ailleurs pas en France avant des années.

En l’espèce, les trois partenaires ont annoncé le 21 juin 2022 avoir battu le record de débit en liaison montante 5G, c’est-à-dire du terminal utilisé pour l’essai vers l’antenne. Vitesse au radar ? 2,1 Gbit/s. L’essai a eu lieu en Finlande, non loin du berceau de Nokia — une ville porte d’ailleurs le nom de l’industriel. C’est plus précisément à la Nokia Arena, à Tampere, que le transfert s’est déroulé.

Nokia 5G
Un exemple d’antenne 5G de Nokia // Source : Nokia

Les trois partenaires ont utilisé une technique d’agrégation de porteuses. Autrement dit, ils ont mobilisé plusieurs bandes de fréquences au sein du spectre électromagnétique pour optimiser le débit de données circulant entre le terminal et l’antenne. En 2020, un record semblable avait été atteint, cette fois sur une liaison descendante, à 8 Gbit/s.

L’équipementier américain Qualcomm précise dans un communiqué que cela offrira à Elisa, opérateur de télécommunications finlandais, la perspective de proposer des services ultra-performants et à faible latence qui amélioreront l’expérience des personnes se rendant à la Nokia Arena. Toutefois, il faudra attendre un an pour que cette solution soit pleinement déployée, est-il précisé.

Une démonstration spectaculaire, mais sur des fréquences particulières

Les débits affichés par ce type de test sont évidemment spectaculaires et ont de quoi faire tourner quelques têtes. Cependant, il faut rappeler que cette prouesse ne dit rien du débit véritable que l’on pourra espérer au quotidien en 5G. Même dans un scénario optimiste, la capacité de l’antenne relais 5G est divisée par le nombre de personnes utilisant activement la cellule.

Par ailleurs, il convient de noter que la démonstration de Nokia, Elisa et Qualcomm a mobilisé une portion particulière du spectre, à savoir la bande 26 GHz. C’est ici que l’on trouve les ondes dites millimétriques (mmWave), c’est-à-dire dont la longueur d’onde (l’écart entre deux crêtes) va d’un centimètre à un millimètre. Cela concerne les fréquences à partir de 24 GHz et jusqu’à 86 GHz.

Les bandes de fréquence 5G identifiées // Source : ANFR
Les bandes de fréquence 5G identifiées. // Source : ANFR

Or, le déploiement effectif des fréquences établies sur les ondes millimétriques pour les bénéfices de la 5G n’est pas pour demain. En tout cas, en France. Le régulateur des télécoms a bien ouvert en 2018 des consultations sur la bande 26 GHz, mais le paysage n’a pas changé depuis. Aucune campagne d’attribution n’a été lancée. Il n’existe aucun réseau actif aujourd’hui dans le pays.

Le déploiement de la bande 26 GHz n’est pas l’absolue priorité ni des opérateurs ni du régulateur, même si ce dossier s’imposera un jour sur la table — c’est un sujet qui se posera véritablement dans quelques années, d’autant qu’il charrie d’autres problématiques comme la compatibilité des antennes relais, qu’il faudra adapter et les interférences avec d’autres usages de cette bande.

Le manque d’empressement peut se comprendre aussi au regard des spécificités techniques des fréquences mmWave. Certes, elles délivrent des débits incroyables et le record des trois partenaires est là pour le rappeler. Mais, ces bandes couvrent très mal l’intérieur des bâtiments et ont une portée limitée à l’extérieur. Pour couvrir un territoire, ce n’est pas formidable.

Source : Numerama

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