Le nom de Zigazoo n’est pas encore très connu. Pourtant, l’app vient de lever 17 millions de dollars, a-t-on appris le 28 juin 2022, avec une idée drastique : devenir le plus grand réseau social au monde dédié aux enfants et proposer une « plateforme d’éducation aux NFT ». Parmi les investisseurs qui ont participé à la campagne de financement, on trouve la NBA, l’association nationale de basket américaine et des célébrités de TikTok, comme les sœurs d’Amelio.
Les NFT ne font pas consensus sur Internet. Considérés comme une « révolution » par certains, et comme une arnaque par d’autres, ils sont aussi largement décriés pour leur consommation énergétique. L’aspect spéculatif du marché des NFT, où certains tokens s’échangent à des millions de dollars, est également l’une des raisons pour laquelle ces derniers soulèvent des débats. Pourtant, Zigazoo a décidé de permettre à des enfants et à leurs parents d’acheter, directement sur l’app, des NFT. Cela ressemble bien à la pire idée au monde.
Une idée vraiment désastreuse
Zigazoo n’est pourtant pas, à la base, une plateforme de vente de NFT. Il s’agit d’une app pensée pour les enfants, et qui reprend les codes et le fonctionnement de TikTok. « Contrairement à la plupart des autres réseaux sociaux, Zigaroo privilégie la sécurité et les interactions positives grâce à des fonctionnalités pensées pour garantir la sécurité des enfants », explique le réseau social sur son site. Tout le contenu publié sur l’app est ainsi « rigoureusement examiné » par les équipes de modération de l’app, afin d’être sûr qu’il s’agit de vidéos appropriées. Selon le dirigeant de la plateforme, Zak Ringelstein, cette dernière compterait un million d’utilisateurs.
Mais, pourquoi diable les enfants auraient-ils besoin d’acheter des NFT ? Parce que Zigaroo s’est donné pour mission (tout seul, personne n’avait demandé) de devenir la plateforme permettant d’ « éduquer les familles à propos du Web3, et où vendre les premiers NFT pour les enfants ». Une mission d’éducation au Web3, une version d’internet décentralisée pour les crypto-monnaies, n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais, c’est le fait de l’accompagner d’une plateforme de vente de NFT, spécialement dédiée aux enfants, qui est au mieux de mauvais goût, au pire, un énorme piège.
Les enfants n’ont pas besoin d’acheter de NFT, malgré ce que Zigazoo veut faire croire. Il n’existe pas un besoin fondamental de « permettre aux enfants de façonner le paysage des NFT et du Web3 », et Zigaroo n’a absolument pas besoin de « donner une vision saine et positive » des NFT afin de faire d’eux des « citoyens digitaux de demain ». Le langage mielleux du communiqué de presse ne change pas le fait qu’il s’agit surtout d’une opération marketing, pensée pour vendre aux enfants et à leurs parents une technologie dont ils n’ont pas besoin (et qu’ils ne comprennent pas forcément, surtout dans le cas des enfants).
Les NFT vendus dans la boutique de Zigaroo soulèvent de plus de nombreuses questions. L’app affirme que Flow, la blockchain sur laquelle elle se base, consomme très peu d’énergie — dans la mesure où cette dernière fonctionne avec un protocole de proof of stake, on peut penser que c’est en partie vrai. Mais, il est impossible de prouver que, comme Zigaroo le prétend, « créer un NFT sur Flow consomme moins d’énergie que publier sur les réseaux sociaux ». Éduquer aux NFT signifie expliquer quels sont les enjeux de la technologie de la blockchain, pas se cacher derrière des affirmations invérifiables.
Enfin, dernier point dérangeant : les NFT vendus sur Zigaroo ont tous été dessinés par des enfants stars de la plateforme, comme les sœurs Bercovici, des Canadiennes de 8 et 10 ans suivies par plus de 30 000 personnes sur l’app. Est-il légal de faire travailler des enfants pour la production de NFT ? Ont-ils été rémunérés pour leur travail ? Ce n’est jamais précisé sur Zigaroo.
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