La date est enfin connue : l’Ethereum, la blockchain la plus importante au monde derrière le bitcoin, va complètement chambouler son fonctionnement le 19 septembre. La date a été annoncée par Tim Beiko, l’un des principaux développeurs de l’Ethereum, lors d’une réunion publique qui s’est déroulée le 14 juillet, et dont les conclusions ont été partagées sur Twitter.
On sait dorénavant que les dernières phases de tests vont se dérouler tout au long de l’été, avant de se conclure, le 19 septembre par l’évènement connu sous le nom de « The Merge », la fusion en français. C’est un moment attendu de longue date par la communauté Ethereum, car il doit permettre à la blockchain de devenir beaucoup moins polluante, et il s’agit très certainement un jour qui fera date dans l’histoire des crypto-monnaies.
The Merge, un évènement qui va révolutionner les cryptos
Concrètement, The Merge désigne le moment où l’Ethereum va arrêter de fonctionner avec un protocole dit de « proof of work », et va passer à un protocole de « proof of stake ». Grossièrement, les protocoles désignent la façon dont les transactions sont validées sur les blockchains. Changer de protocole, alors que la blockchain fonctionne, est donc une opération technique et très délicate, qui va avoir de nombreuses conséquences sur cette dernière.
Le protocole de proof of work, qui est celui avec lequel l’Ethereum fonctionne depuis ses débuts, est l’un des protocoles les plus répandus dans le monde des cryptos (le bitcoin l’utilise également). Mais il a un principal défaut : il est extrêmement gourmand en énergie. Pour valider des transactions avec un système de proof of work, la blockchain met en compétition des mineurs, qui doivent trouver le plus vite possible la réponse à une équation extrêmement complexe — tellement qu’il faut parfois des centaines d’ordinateurs, qui consomment tous beaucoup d’énergie, pour y parvenir. Une fois qu’un mineur a trouvé la réponse, il gagne le droit de valider les transactions, et est récompensé avec une certaine somme de crypto-monnaies (6,25 bitcoins, en ce moment par exemple).
Dans un système de proof of stake, ce sont les validateurs qui sont en charge de la vérification des transactions. Au lieu de devoir répondre à des problèmes mathématiques, ils vont devoir mettre en jeu une partie de leurs possessions en crypto-monnaies afin de gagner le droit de créer le prochain bloc. Le validateur sera ensuite choisi au hasard parmi toutes les personnes ayant choisi de participer, et les cryptomonnaies mises en jeu serviront à s’assurer de son bon comportement. Il n’y a donc pas de calculs à résoudre, pas d’énormes fermes d’ordinateurs à alimenter, etc.
Une blockchain moins polluante
Si The Merge est autant attendue, c’est donc en grande partie pour des raisons écologiques. « La consommation d’énergie de l’Ethereum va être réduite de 99,95% après The Merge », estime ainsi l’Ethereum sur son site. « Étant donné que la quasi-intégralité de l’énergie consommée par des systèmes de proof of work vient des réseaux d’ordinateurs utilisés par les mineurs, passer à la proof of stake réduit dramatiquement les besoins en énergie ». En tout, les développeurs de l’Ethereum ont calculé que le protocole de proof of stake était 2 000 fois plus économe en énergie que la proof of work.
Les équipes de l’Ethereum ont calculé qu’à l’heure actuelle, la consommation totale d’énergie de la blockchain était de 112 TWh/an, un chiffre comparable à celui des Pays-Bas sur une année. Ils ont également estimé qu’elle émettait 53 mégatonnes par an de carbone, soit un niveau semblable à celui de Singapour. « Passer de la proof of work à la proof of stake va permettre d’abaisser la consommation d’énergie à 0,01 TWh/an », indiquent-elles. Bien que ces chiffres soient à prendre avec du recul — il s’agit, après tout, des calculs des équipes de l’Ethereum, qui sont partiales — une telle baisse ferait de la blockchain un écosystème beaucoup plus écologique.
Ce n’est pas tout : le changement vers la proof of stake devrait également mettre un terme aux achats de cartes graphiques ou d’ordinateurs surpuissants, étant donné que les validateurs d’Ethereum n’en auront plus besoin. Ces derniers pourront « utiliser des ordinateurs classiques, et même des appareils dotés d’une faible puissance », précise l’Ethereum.
Dernier avantage : The Merge va permettre d’avoir une blockchain plus rapide. Le réseau de l’Ethereum connaît des problèmes de congestion : la blockchain ne peut pas valider plus qu’entre 15 et 45 transactions par seconde, ce qui fait que certaines opérations peuvent prendre du temps, ou coûter extrêmement cher (des frais des gaz s’appliquent sur chaque échange, dont le prix dépend de l’encombrement de la blockchain. Une fois que The Merge aura eu lieu, il sera beaucoup plus facile pour le réseau de remédier à ce problème.
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