Qui dit nouvelle année, dit nouvelles recommandations. Comme tous les ans, le Socle interministériel de logiciels libres (SILL) actualise ses suggestions pour les administrations qui souhaitent quitter certains programmes propriétaires. 2022 ne déroge pas à cette règle et des propositions supplémentaires — quelques dizaines — ont été rajoutées ces derniers mois.
Le document, daté du 5 août et partagé par le compte Twitter code.gouv.fr (le pôle « logiciels libres » d’Etalab et de la DINUM (direction interministérielle du numérique), inclut plusieurs nouveautés depuis le début de l’année, en plus des programmes qui continuent d’être conseillés, comme Firefox, Gimp, Chromium, Debian, Drupal, FileZilla, Discourse ou Apache.
Parmi les nouveautés arrivant cette année, on trouve Kleopatra (un gestionnaire de certificats pour des opérations de chiffrement), Blender (un logiciel de modélisation), Raspberry Pi OS (le système d’exploitation du Raspberry Pi), Bitwarden (un gestionnaire de mots de passe), et des outils de développement web, comme Symfony, PHPUnit, AngularJS.
Si le SILL se veut un guide à destination des services publics pour orienter dans le choix des logiciels libres, le travail de sélection tient compte aussi de leurs besoins et de leurs retours d’expérience. En la matière, Les contributions sont variées : ont contribué au SILL des partenaires comme Pôle Emploi, le ministère de la Culture, l’IGN, le CEA et des universités.
Le SILL bénéficiait par le passé d’une mise à jour annuelle. Désormais, cela se fait au fil de l’eau. « Il est actualisé en continu par les groupes de travail et publié par Etalab en version web », indiquait à ce sujet la DINUM en mai 2021. Il y a un site dédié dorénavant, consultable à tout moment pour voir s’il y a eu de nouvelles entrées depuis la dernière fois.
Une ouverture aux logiciels libres depuis dix ans
2012 constitue un premier tournant dans l’ouverture de l’État à l’égard des logiciels libres. Le SILL est né dans le sillage de la circulaire Ayrault, qui fixe les orientations et des conseils sur son usage. Il offre « de nombreuses expériences positives », bénéficie « d’une longue pratique de son usage » et aide au « développement de compétences. »
Quatre ans plus tard, un article dans la loi pour une République numérique a soutenu cette trajectoire, en demandant aux services qu’ils « encouragent l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts lors du développement, de l’achat ou de l’utilisation, de tout ou partie, de ces systèmes d’information », en parallèle des logiciels propriétaires.
Cette évolution est vue favorablement par la Cour des comptes. Elle soulignait en 2018 que cette catégorie de logiciels « étend la portée des mutualisations au-delà de la seule sphère de l’État », « amplifie la modernisation numérique de l’État ». « Le partage de développements libres apparaît désormais comme un puissant facteur d’efficience et d’influence », ajoutait-elle.
Ces bénéfices sont reconnus par la DINUM. Le logiciel libre est vérifiable (son code source est accessible à tout le monde), contrôlable (ce qui permet de voir s’il y a des fonctionnements malveillants) et adaptable (on peut créer une branche pour ajouter des fonctions manquantes). En somme, tout est transparent et tout le monde peut s’en servir, sans vraies contraintes.
La DINUM ne conteste pas ces atouts. Mais elle n’envisage pas pour autant l’abandon des logiciels propriétaires, qui ont aussi des arguments — si on dit que le logiciel libre coûte moins cher qu’un outil propriétaire, il faut toutefois envisager des dépenses dans la formation du personnel et une possible résistance de sa part à une transition sur un autre logiciel.
En conséquence, le SILL est avant tout un guide pour accompagner les services publics. Il ne s’agit pas forcément de remplacer tout de manière idéologique. À ce sujet, la DINUM rappelait que « l’approche de l’État privilégie l’efficacité globale, en dehors de tout dogmatisme, pour lui permettre de choisir entre les différentes solutions, libres, éditeurs ou mixtes. »
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