En attendant que le procès opposant Twitter à Elon Musk commence, les avocats des deux parties se disputent au travers de documents légaux envoyés au tribunal. Une proposition étonnante, et semble n’être là que pour le spectacle : le débat proposé par Elon Musk entre lui et le PDG de Twitter. Mais il y a un procès qui peut servir à cela.

Elon Musk souhaitait un procès en 2023, mais le tribunal du Delaware a finalement privilégié une échéance plus brève. C’est du 17 au 21 octobre 2022 que le procès entre le patron de Tesla et Twitter se tiendra, avec pour objectif de répondre à la question « Elon Musk peut-il renoncer au rachat du réseau social ? », après avoir promis de l’acquérir pour 44 milliards de dollars en avril.

Les débats s’annoncent tendus, car aucune des deux parties concernées ne paraît avoir envie de parler de la même chose. Twitter veut s’en tenir au contrat signé, Elon Musk souhaite remettre en question le nombre de faux comptes présents sur la plateforme — ce qui n’est pas l’objet du procès. Un dialogue de sourds, qui a déjà commencé.

Les avocats d’Elon Musk et de Twitter ont effectivement déjà commencé à envoyer de longs documents au tribunal. Certains passages peuvent faire sourire, d’autres donnent un bel avant-goût de la teneur des débats, qui promettent d’être animés.

Twitter s’amuse et confirme que « Musk tweete beaucoup »

Les avocats d’Elon Musk ont publié un premier document de 165 pages (récupéré par The Verge), tandis que ceux de Twitter ont rédigé un texte de 127 pages. Le premier n’apporte quasiment aucune surprise, Elon Musk considère que Twitter n’est pas ce qu’il pensait acheter et veut donc revenir sur son engagement. En revanche, le second est beaucoup plus intéressant. Et savoureux.

Pour l'instant, le procès Twitter v. Musk est toujours prévu du 17 au 21 octobre. // Source : Montage Numerama
Le procès Twitter v. Musk commence le 17 octobre. // Source : Montage Numerama

Celui-ci consiste en une succession de réponses à des déclarations d’Elon Musk, avec une pointe d’ironie. Twitter joue la carte de transparence sur certains éléments, en dément d’autres, mais il s’amuse surtout à se moquer de la partie adverse en répondant à des évidences. Le réseau social dit d’ailleurs que des arguments déployés par l’entrepreneur américain peuvent être démentis par le « bon sens ». Une façon pour le site de tenter de prendre un peu de hauteur. Voici quelques-unes des déclarations du document :

  • « Twitter reconnaît que Musk est un utilisateur de Twitter et qu’il a fondé plusieurs entreprises ».
  • « Twitter reconnaît que son business est complexe ».
  • « Twitter reconnaît que Musk tweete beaucoup ».
  • « Twitter admet que Musk est un utilisateur de Twitter et a plus de 100 millions d’abonnés ».

Il semblerait que Twitter réponde à toutes les phrases écrites par les avocats du milliardaire, y compris celles qui n’attendaient pas de réponse. Les représentants du réseau social répondent aussi sérieusement à certains points bien plus centraux. Ils disent par exemple « ne pas savoir si Musk croit en la liberté d’expression » et reconnaissent ne pas avoir fourni les documents demandés par l’intéressé sur les faux comptes avant le 28 avril, puisque Elon Musk n’avait pas signé d’accord de confidentialité. Une manière de dire qu’il n’y avait rien d’anormal, contrairement à ce que Musk affirme.

Elon Musk propose un débat public à Parag Agrawal

De son côté, Elon Musk est plus discret. On commence à découvrir la liste des participants au procès (beaucoup des proches de Musk sont conviés), mais le milliardaire commente peu l’affaire. Il a fait une exception le week-end du 6 août, en indiquant une nouvelle fois que tout se jouerait sur la question des faux comptes. Si la méthodologie de Twitter est bonne, il ne s’oppose pas au fait de racheter Twitter. Sinon, il veut sortir du rachat. Elon Musk a proposé à Parag Agrawal, le patron de Twitter, un débat public… mais semble oublier que c’est justement le but du procès.

Quel serait l’intérêt de ce débat public ? Elon Musk a continué la conversation en appelant ses fans à répondre à la question suivante « Y a-t-il moins de 5 % de faux comptes sur Twitter ? ». Sans surprise, ils sont allés dans son sens, ce qui lui convient comme preuve. Pas sûr que la juge voit ça du même œil.

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