PARIS – 6 novembre 2003 – La forte baisse de fréquentation des réseaux P2P annoncée par certains professionnels n’a pas lieu et se basait sur des données non pertinentes, affirme l’association RetSpan, dont le but est de rechercher et de proposer des solutions de lutte contre la piraterie de musique, de films ou de logiciels sur les réseaux peer-to-peer d’Internet.
Suite aux menaces de procès contre des utilisateurs de réseaux P2P aux USA, la fréquentation de KaZaA a connu un essoufflement au milieu de l’année 2003. En réalité, la baisse de 40% évoquée par certains responsables de l’industriel musicale ne dépasse pas les 15%.
Les calculs présentés par ces derniers se basaient sur des observations entre d’une part les pics de fréquentation relevés le week-end et en fin de journée avant les menaces de procès par la RIAA, et d’autre part les moments plus calmes durant l’été.
Or il faut comparer la situation avec les années précédentes. On remarque en effet que la fréquentation des réseaux P2P baisse systématiquement durant la période estivale des vacances scolaires depuis plusieurs années. Les menaces de procès n’ont fait qu’amplifier ce phénomène en 2003, mais cet effet s’est largement atténué après la rentrée scolaire.
D’autre part, si les internautes américains se sont inquiétés des menaces de la RIAA, les internautes européens se sont montrés beaucoup moins sensibles. Ainsi, la baisse de fréquentation aux USA a été compensée par la hausse du nombre d’utilisateurs de P2P en Europe, et notamment en France et en Allemagne (évolution liée aux ventes conséquentes d’accès à Internet en haut débit.)
Par ailleurs, si les internautes utilisent un peu moins les gros réseaux tels que KaZaA, ils se tournent vers d’autres réseaux moins populaires et donc moins visés par les attaques des majors. La baisse constatée sur KaZaA est donc contrebalancée par le développement constant d’autres réseaux P2P.
Quoi qu’il en soit, depuis septembre 2003, la fréquentation de KaZaA repart à la hausse et le nombre d’utilisateurs actuels est à peine 15% inférieur à celui du début d’année. La présence de nouveautés sur les réseaux P2P attire toujours davantage les internautes.
On a par exemple trouvé sur Internet le film Le Monde de Nemo des Studios Disney 4 mois avant sa sortie sur les écrans français. De même, depuis fin octobre, des copies du film Runaway Jury (Le Maitre du Jeu) produit par 20th Century Fox sont disponibles sur les réseaux P2P alors que le film ne sort que dans 5 mois en France. Enfin, plusieurs versions (dont au moins une version française) du film Matrix 3 sorti ce 6 novembre 2003 circulent déjà sur les réseaux P2P.
La menace du piratage reste omniprésente et à ce jour, la quantité de données disponibles en permanence sur un seul réseau comme celui de KaZaA représente tout de même un volume de stockage supérieur à 8.000.000 CD-Roms.
Les moyens de lutte contre la piraterie sont pourtant aujourd’hui plus efficaces, grâce à une amélioration notable des prestations proposées. Selon de récentes estimations de RetSpan, le coût de la protection contre la piraterie des albums musicaux ou des films les plus populaires représenterait moins de 1% du budget publicitaire de chaque album ou film pour un pays comme la France. Mais encore faudrait-il que les industriels aient la volonté d’investir dans les solutions existantes.
Un nombre croissant d’artistes réclame aux producteurs la protection de leurs ouvres. Il serait souhaitable que leurs doléances soient prises en compte dans les mois à venir pour limiter l’attrait des réseaux P2P.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.