« Pourquoi tu m’as fait acheter un iPhone et pas ça ? » En découvrant le Samsung Galaxy Z Fold 4, ma grand-mère, 82 ans, a été impressionnée. Habituée à switcher entre sa tablette (Facebook, les appels vidéo, le Scrabble) et son iPhone (pour téléphoner, prendre des photos et consulter la météo), elle a immédiatement compris l’intérêt de ce format hybride, qui pourrait lui permettre de glisser son iPad dans sa poche. Malheureusement pour Samsung, le prix de 1799 euros lui a rapidement fait comprendre pourquoi son petit-fils avait préféré jouer la sécurité en optant pour le téléphone à « écran plat » d’Apple. Les smartphones pliants sont cool, mais pas encore accessibles à tous.
Il faut dire qu’aujourd’hui, Samsung est quasiment seul sur ce marché. Premier parti avec le Galaxy Fold en 2019, le Coréen attend patiemment la concurrence qui, si elle commence à expérimenter des choses en Chine (Oppo, Vivo, Xiaomi…), ne semble pas du tout pressée en Europe. Les analystes pensent que les ventes sont sur le point d’accélérer (ils tablent sur 17 millions en 2022, en grande partie grâce à Samsung), mais ce n’est pas encore le cas. Les consommateurs ont-ils encore peur ? Est-ce le produit qui n’est pas encore assez mature ? Nous avons essayé le Galaxy Z Fold 4 pendant 2 semaines.
Points forts
- Une petite tablette dans la poche
- Composants haut de gamme
- Autonomie au rendez-vous
- Très bons appareils photo
Points faibles
- Il est temps de se débarasser du pli
- L’écran reflète beaucoup la lumière
- Il faut vraiment baisser les prix
Un peu de contexte
Le Galaxy Z Fold 4 n’est pas un produit comme les autres. Peut-être que vous connaissez déjà très bien la gamme (dans ce cas-là, nous ne vous apprendrons rien dans cette première partie). Peut-être que vous avez besoin d’une petite séance de rattrapage.
Première rectification, le Galaxy Z Fold 4 n’est pas vraiment un smartphone pliant. Il s’agit plus d’une tablette pliante.
D’ailleurs, à la première utilisation, quand on le sort de sa boîte, c’est sur l’appareil déplié que l’on tombe, avec un grand écran de 7,6 pouces au format presque carré (21,6:18). Ce format a l’avantage de tenir parfaitement dans une main, tout en offrant une large surface. Bien sûr, la magie de cette tablette repose dans sa capacité à se replier sur elle-même à la manière d’un livre. Elle se transforme alors en un smartphone avec un écran de 6,2 pouces au format 23,1:9, ce qui est pour le coup assez déconcertant. On dirait plus une télécommande qu’un téléphone. Ce n’est pas forcément pratique dans la poche, mais ce design a pour avantage de rendre sa saisie très facile. Le Galaxy Z Fold 4, malgré son grand écran, est aussi peu large qu’un iPhone 13 mini.
Quel est l’intérêt du Galaxy Z Fold 4 ? Il permet de transporter un grand écran dans sa poche en permanence pour lire, regarder des vidéos ou jouer.
Refermé, le Galaxy Z Fold 4 est à peine plus encombrant qu’un smartphone normal (264 grammes, pour une épaisseur de 1,42 centimètre). À moitié plié, il se transforme en un redoutable appareil pour passer des appels vidéos ou regarder un match de foot. Enfin, lorsqu’il est complètement déplié, il offre un confort sans équivalent. Numerama avait été un peu dur avec le premier Galaxy Fold mais, entre-temps, Samsung s’est vraiment amélioré. Rien qu’au niveau de la solidité, le Galaxy Z Fold 4 inspire la confiance. Son écran tient bien et on l’ouvre et le ferme comme un ordinateur portable. Si vous en doutez, le mieux est d’aller l’essayer en magasin.
Quid du système d’exploitation ? Vous êtes un amoureux de l’écosystème Apple et n’avez pas envie de changement ? Vous pouvez fermer cet onglet dès maintenant. Pour les autres, le Galaxy Z Fold 4 ne devrait pas vous poser problème. Sous Android 12L, avec la surcouche One UI de Samsung, cet appareil est extrêmement polyvalent.
Un format vraiment génial
Alors oui, le Galaxy Z Fold 4 n’est pas pour tout le monde. Mais si vous aimez ce format, alors vous risquez de ne plus vouloir revenir en arrière. À la maison comme dans les transports en commun, ce grand écran s’avère extrêmement pratique. On adore lire des articles sur le Galaxy Z Fold 4 qui, déplié, semble plus fin que la plupart des autres smartphones. C’est le premier smartphone depuis 2007 à vraiment tenter de réinventer l’expérience des smartphones, ce que l’on ne peut qu’applaudir. Même si les ventes n’ont pas encore décollé, nous sommes vraiment convaincus que ce type d’appareil peut devenir la norme dans le futur. Surtout si d’autres marques, comme Apple, s’y mettent.
Ce qui est plaisant avec le Galaxy Z Fold 4 est que tout fonctionne comme on pourrait l’imaginer. Vous dépliez le téléphone alors que vous l’utilisez fermé ? L’application qui s’affichait au format smartphone sur l’écran de 6,2 pouces s’ouvre automatiquement au format tablette sur l’écran de 7,6 pouces. Il n’y a pas besoin de la relancer. Même le multitâche, qui permet d’afficher jusqu’à trois applications simultanément, fonctionne bien. On glisse l’icône d’une application dans un coin de l’écran pour scinder l’affichage. Sur certains aspects, Android s’en sort même mieux qu’iPadOS, qui peine toujours à proposer un multitâche simple d’utilisation.
Une des nouveautés principales du Galaxy Z Fold 4 (les autres nouveautés sont à retrouver dans cet article, ce test ne se destine pas à celles et ceux qui possédaient le Z Fold 3) est l’introduction d’un dock façon macOS. En bas de l’écran, il y a les icônes de ses applications favorites et des applications récemment fermées. Un moyen de changer de programme sans revenir sur l’écran d’accueil, ce qui est en effet un meilleur moyen de naviguer sur grand écran. Bien sûr, la barre peut être cachée, mais on aime la garder. Elle donne un côté « ordinateur » au Z Fold 4.
L’autre force du Galaxy Z Fold 4 est son logiciel. Tous les smartphones pliants chinois ont un point commun : peu d’applications fonctionnent bien quand ils sont à moitié pliés. On perd alors un des avantages principaux du produit, à savoir la possibilité de l’utiliser comme s’il s’agissait d’un mini-ordinateur portable pour, par exemple, regarder une vidéo sur YouTube sans le tenir. Samsung, lui, a pensé à ça. Plein de réglages expérimentaux permettent de forcer les applications incompatibles à l’être. Dans Amazon Prime Video par exemple, qui n’est pas nativement compatible, la vidéo est poussée en haut de l’écran. En bas, on contrôle la lecture, la luminosité et le volume. L’expérience surpasse presque l’intégration native d’autres logiciels, comme Netflix. Samsung est le seul constructeur qui maîtrise vraiment les smartphones pliants.
Autre exemple : certaines applications, comme Instagram, sont inutilisables en plein écran (les stories en carré, c’est moche). Samsung y a pensé et permet de changer le format d’affichage de certains logiciels. On peut donc mettre Instagram en 16:9 pour conserver une expérience normale, en attendant une mise à jour pour les tablettes (ce que tout le monde réclame depuis 10 ans…).
Il y a plein d’autres bonnes idées dans One UI, la surcouche logicielle de Samsung. Citons par exemple la possibilité d’afficher sur l’écran arrière un retour de l’appareil photo, pour que votre sujet se recoiffe ou la possibilité de prendre des photos en pliant l’appareil pour avoir une aide au zoom sur le côté. Samsung a pensé à plein de choses pour rendre son appareil plus polyvalent que les autres.
La caméra sous l’écran, deuxième essai
Évoquons aussi rapidement une des autres particularités du Z Fold 4, un des premiers smartphones au monde avec une caméra sous l’écran. L’écran « tablette » de l’appareil dissimule une caméra frontale sous un petit écran transparent, un peu plus pixélisé que le reste de l’appareil et capable de la recouvrir lorsqu’elle n’est pas en utilisation. C’était déjà le cas l’année dernière, mais le résultat était très bof.
Cette année, c’est toujours bof, mais quand même beaucoup moins. On voit clairement que les pixels sont différents en regardant de près mais, la plupart du temps, on oublie cette caméra sous l’écran. Samsung réussit donc son pari, à savoir réussir à proposer un écran qui recouvre la totalité de la surface. Seule contrepartie, la qualité des selfies est très moyenne. Mais est-ce vraiment un problème dans le sens où, entre ses trois appareils photo dorsaux et le module frontal de l’écran de couverture, le smartphone a quatre autres capteurs capables de prendre des selfies (on peut en faire en le retournant déplié, avec le triple module caméra). La caméra sous l’écran du Z Fold 4 n’est pas parfaite, mais c’est toujours mieux qu’un gros point noir ou qu’une encoche, non ?
Des caractéristiques (presque) parfaites
Que vous l’appeliez smartphone ou tablette, le Samsung Galaxy Z Fold 4 est un appareil haut de gamme. Cela se sent vraiment à l’utilisation. Son écran est somptueux, les performances sont délirantes (Snapdragon 8+ Gen 1, fabriqué par TSMC et non pas Qualcomm), la fluidité est au rendez-vous et jamais, vraiment jamais, le smartphone n’a ralenti durant nos deux semaines de tests. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire est sa tendance à surchauffer un peu trop en poche, mais les températures estivales n’ont sans doute pas aidé.
À l’exception des autres mobiles haut de gamme de Samsung, comme le Galaxy S22 Ultra, nous ne pensons pas qu’il existe une fiche technique aussi complète sur le marché du smartphone. Petit exemple pour appuyer nos propos, nous avons découvert que le Galaxy Z Fold 4 peut se transformer en un hotspot Wi-Fi 6E. C’est d’autant plus bluffant qu’aujourd’hui, très peu d’appareils sont compatibles avec le Wi-Fi 6E. Du point de vue de la fiche technique, Samsung a une vraie avance sur tout le monde.
Au niveau de l’autonomie aussi, le Galaxy Z Fold 4 s’en sort très bien. En veille, il ne perd quasiment rien. À l’utilisation, il dépasse facilement la journée sur une seule charge. Malgré une batterie « petite » (4400 mAh) et un très grand écran par rapport aux autres mobiles haut de gamme, le smartphone s’en sort merveilleusement.
En photo, le Z Fold 4 s’en sort très bien
Au dos du Galaxy Z Fold 4, on trouve, plus ou moins, le même module caméra que sur les Galaxy S22 et Galaxy S22+. Si à 1799 euros, on peut regretter de ne pas retrouver l’incroyable zoom optique x10 du Galaxy S22 Ultra, on ne peut pas vraiment reprocher à Samsung d’avoir voulu jouer la sobriété pour réduire l’épaisseur de l’appareil. Il faut donc se contenter d’un appareil photo principal relié à un capteur de 50 Mpix, d’un ultra grand-angle et d’un téléobjectif avec zoom x3. Que valent-ils ? Voici quelques photos prises avec le Galaxy Z Fold 4.
Difficile pour nous de vraiment critiquer le Galaxy Z Fold 4 d’un point de vue photo. Il n’est pas le meilleur, mais il est excellent dans toutes les configurations. On peut lui reprocher parfois certaines lenteurs (regardez la voiture à côté du palmier), mais c’est son seul défaut. Cette qualité d’image couplée à son grand écran, qui rend quand même la prise de vue plus facile, nous fait adorer la partie photo du Galaxy Z Fold 4. Il n’y a que très peu d’appareils vraiment meilleurs.
Les points qui nous dérangent
Quid des défauts qui, vous vous en doutez, restent nombreux pour une technologie récente. Nous en avons noté surtout deux, en plus de ceux évoqués plus tôt comme les applications mal adaptées au format tablette.
Le premier d’entre eux est le plus important : le pli au milieu de l’écran. Présent depuis le premier Galaxy Fold, il n’a toujours pas disparu. C’est ce qui nous dérange ici. À l’utilisation, surtout quand on a l’appareil en face de ses yeux, on ne le remarque quasiment pas (et encore, dès qu’il y a beaucoup de lumière, il faut reconnaître qu’il devient un peu plus gênant). Pourquoi critiquer quelque chose qu’on ne voit pas tout le temps ? Parce qu’on ne comprend pas pourquoi Samsung ne met pas tout en œuvre pour éliminer ce défaut esthétique. Beaucoup de personnes n’achèteront pas de Fold tant qu’il est visible, il faut donc impérativement que la marque coréenne règle ce problème. Le pli au milieu de l’écran du Fold donne l’impression qu’il s’agit encore d’un prototype, ce qui est intolérable pour un appareil à 1800 euros.
Le deuxième défaut concerne aussi la technologie de l’écran qui se plie. Pour que cette prouesse soit possible, Samsung utilise à la fois du plastique et du verre ultra-fin (alors que les smartphones normaux ont le droit à du verre normal). Ce n’est pas un problème au niveau de la fragilité (dans la poche, l’écran est protégé car il est fermé), mais ça l’est au niveau de la lumière. Dehors, on est ébloui par l’écran du Fold, qui reflète tout ce qu’il reçoit. Là encore, Samsung doit vite régler ce problème. On trouverait très dommage d’avoir un Galaxy Z Fold 5 avec les mêmes défauts en 2023, alors que Samsung en est conscient depuis plusieurs années.
Le verdict
Samsung Galaxy Z Fold 4
Voir la ficheOn a aimé
- Une petite tablette dans la poche
- Composants haut de gamme
- Autonomie au rendez-vous
- Très bons appareils photo
On a moins aimé
- Il est temps de se débarasser du pli
- L’écran reflète beaucoup la lumière
- Il faut vraiment baisser les prix
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