Après les arts picturaux, les NFT sont en train de conquérir le monde de la musique. Le groupe de rock Muse sort son nouvel album Will of the People aussi sous cette forme. C’est ironique, tant ce coup marketing est incohérent avec la passion du groupe pour l’approche critique du futur via la dystopie.

Le groupe Muse, mené par Matthew Bellamy, sort son nouvel album ce vendredi 26 août 2022. Baptisé Will of the People, il contient 10 titres qui, fidèlement aux passions du groupe, nous plonge dans une forme de dystopie totale. Une atmosphère aussi retranscrite dans les premiers clips issus de l’album.

Si Will of the People est un excellent retour aux sources pour Muse dans leur approche débridée et hybridée du rock contemporain, il y a bien une nouveauté, et elle ne concerne pas vraiment le travail musical des trois comparses : l’album sera vendu sous forme de NFT à hauteur de 1 000 exemplaires.

C’est ce qu’avait annoncé la Warner, début août. L’album est donc disponible sur le site Serenade (en Web3), où il est toutefois déjà en rupture de stock.

Muse et le futurisme, une longue histoire

S’il y a bien une caractéristique qui relit l’ensemble de la discographie de Muse, c’est son fil rouge science-fictif. Tant via les paroles que les sonorités ou les clips, chaque album plonge dans un monde futuriste tantôt spatial, tantôt ultra-technologique ou post-apocalyptique. Et ce ne sont pas particulièrement des avenirs joyeux : Muse, c’est de la musique dystopique — on se souvient du clip de Madness qui rendait hommage à 1984. Will of the People n’échappe d’ailleurs pas à la règle, décrivant un monde futuriste désastreux, autoritaire et effondré.

On peut s’étonner, quelques années à peine après l’album très cyberpunk Simulation Theory, ou encore la fable écologique The 2nd Law, de voir le groupe vendre sa propre musique sous de NFT — une pratique technologique contestée (même au sein du milieu de la tech) quant à son utilité et à son impact écologique.

On en revient finalement à l’éternel constat paradoxal lié à la science-fiction, notamment concernant qui est politique et dystopique : elle ne présente pas des futurs censés se réaliser ni une quelconque fascination morbide pour ce qu’elle décrit, elle montre les dérives pour qu’en toute connaissance de cause, celles-ci ne puissent pas advenir. En clair : se passionner pour le futur ne signifie pas forcément adhérer sans filtre à toute nouvelle technologie émergente à la mode. La distribution d’un album de Muse en NFT dégage donc une certaine ironie.

Ce sera compté dans les charts britanniques

Quoi qu’il en soit, la vente de l’album en NFT fera date : c’est la première fois qu’un NFT musical sera comptabilité dans les charts, en tout cas au Royaume-Uni. Effectivement, la UK Official Charts Company (OCC), qui régule ces questions, a validé le principe, il y a déjà quelques mois. Tous les albums vendus en NFT sont techniquement compatibles avec les charts ; et c’est la première fois qu’un nouveau format audio est ainsi incorporé dans ce classement depuis 7 ans.

L’album de Muse est tout bonnement le premier à entrer dans cette catégorie, mais ne sera pas le dernier. Et cela vient avec un petit twist : vous remarquez sur la page du site de vente que le NFT est vendu pour 20 livres sterling. Oui, livres sterling. Il n’est pas question de Bitcoins ou d’Ethereum. Si les acheteurs ont des portemonnaies cryptos, ils peuvent les utiliser, mais s’ils n’en ont pas, ils peuvent simplement acheter l’album avec de l’argent « normal », ce qui va créer le portefeuille virtuel.

Voilà qui semble faciliter la démocratisation des NFT, mais qui rend aussi au passage toujours un peu plus flou le principe même de ce que l’on achète vraiment via ce système.

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