Combien d’utilisateurs y a-t-il dans Decentraland ? La question parait simple, et la réponse devrait l’être. Pourtant, elle a agité la sphère crypto depuis le 7 octobre 2022 et la parution d’un article de Coindesk, stipulant qu’il y avait que 38 utilisateurs actifs dans le métaverse de Decentraland, et 522 dans celui de The Sandbox.
Lancé en 2015, Decentraland est un métaverse dans lequel les joueurs peuvent acheter toutes sortes d’objets, assister à des concerts, ou encore jouer dans des casinos. Quant à The Sandbox, c’est un métaverse spécialisé dans les jeux vidéo, où les joueurs peuvent créer leurs propres plateformes. Il s’agit des métaverses les plus connus avec celui de Meta — c’est dire si ces chiffres sont particulièrement étonnants.
Depuis la parution de l’article, ces nombres ont été très débattus, que ce soit par les fans de Decentraland ou The Sandbox, ou par les entreprises elles-mêmes. Pourtant, une question reste : après les sommes records récoltées, qui utilise vraiment les métaverses ?
Plusieurs milliers d’utilisateurs par jour
L’article de Coindesk a rapidement été fact-checké par le principal intéressé : Decentraland. Sur Twitter, le métaverse a précisé que la méthode de calcul utilisée par Coindesk faussait les résultats. « Certains sites ne comptabilisaient qu’un certain type de transactions, et les ont comptées comme des utilisateurs uniques, ce qui est inexact. »
Selon les données de Decentraland, il y aurait eu une moyenne de 7039 visiteurs uniques par jour sur la première semaine d’octobre 2022. Quant à The Sandbox, Cryptoast rappelle que Sébastien Borget, le créateur du métaverse, estimait en juillet qu’il y avait entre 20 000 et 30 000 utilisateurs quotidiens uniques lors d’évènements spéciaux. Ce chiffre est néanmoins à prendre avec du recul, tout d’abord par ce qu’il concerne des occasions particulières, et ensuite, car il date de juillet.
Ces deux chiffres sont largement supérieurs à ceux avancés par Coindesk, qui se basait sur les données de DappRadar pour son article. La différence peut être expliquée par la méthodologie appliquée : DappRadar ne compte comme utilisateur actif que les personnes utilisant leur porte-monnaie crypto avec le smart contract de la plateforme. Concrètement, le site ne comptabilisait que les utilisateurs achetant des NFT sur la plateforme, ou payant pour quelque chose avec leur crypto-monnaie. Une approche qui ne prend donc pas en compte les personnes qui se connectent dans le métaverse sans effectuer d’achat — un vrai problème.
Le métaverse n’est toujours pas le phénomène espéré
Mais même si les chiffres utilisés par l’article de Coindesk ne sont pas les bons, le constat reste le même : il y a très peu d’utilisateurs dans les métaverses. Même en prenant les chiffres de fréquentation les plus hauts, les métaverses restent en comparaison aux autres réseaux sociaux complètement vides. Pour rappel, Facebook, qui est en pleine perte de vitesse, est utilisé par 26,9 millions de personnes en France tous les jours. Decentraland est pourtant valorisée à plus d’un milliard de dollars, tout comme The Sandbox, et les deux univers ont attiré de prestigieux investisseurs.
Surtout, dans les deux mondes, les parcelles de terrain, mises en vente sous forme de NFT, se sont arrachées à des prix astronomiques : Carrefour a acheté un terrain dans The Sandbox en février 2022 pour 300 000 euros, et une surface de 565m2 s’est vendue pour 2,4 millions de dollars dans Decentraland. Pour une moyenne de seulement 7 000 joueurs et joueuses par jour, était-ce vraiment un investissement raisonnable ?
La mode du métaverse a vraiment été lancée en octobre 2021, lorsque Facebook a officiellement changé de nom pour Meta et a annoncé son grand projet de monde virtuel. Aujourd’hui, un an après, on peut voir que malgré les effets d’annonce, les achats des entreprises, et une certaine curiosité de la part des internautes, le métaverse n’est toujours pas le phénomène espéré. Sans compter le fait que les mondes virtuels rencontrent déjà de sérieux problèmes de modération, et que les casques de réalité virtuelle restent toujours très chers, rendant les métaverses inaccessibles pour beaucoup.
Maintenant que l’effet de mode s’est estompé, on ne peut qu’attendre et espérer la fin de la spéculation sur les prix des NFT dans le métaverse, et l’amélioration de la modération. La question reste cependant toujours en suspens : y aura-t-il vraiment un jour assez d’utilisateurs pour faire du métaverse le successeur d’Internet ?
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