Vendredi matin, les bureaux australiens de Sharman Networks, l’éditeur du logiciel de Peer-to-Peer Kazaa, ainsi que les domiciles de ses deux principaux dirigeants, ont été perquisitionnés par l’industrie du disque. Objectif : trouver les preuves que Sharman favorise le piratage sur son réseau, et faire fermer Kazaa.

Par GioSi l’on trouve que l’industrie du disque a trop de pouvoir en France, que devrait-on penser de l’Australie ? Ce sont en effet de véritables pouvoirs de police judiciaire qui ont été confiés à l’Australian Record Industry Association, la RIAA locale, pour défendre ses intérêts privés. Ses pouvoirs, obtenus par un mandat fédéral, lui ont permis hier d’effectuer des perquisitions et saisies dans les bureaux de l’éditeur de Kazaa, répartis dans trois états du pays, mais également aux domiciles privés de Nikki Hemming, la présidente, et de Phil Morle, le responsable technologique.

La société BDE et ses deux dirigeants, qui forment une joint venture avec Sharman Networks pour vendre des contenus sur Kazaa, ont également fait l’objet du même traitement. Trois universités et quatre fournisseurs d’accès se sont enfin vus saisis des logs de connexions, mais seules des informations concernant Sharman Networks auraient fait l’objet du mandat. Toutes informations concernant les utilisateurs seront donc normalement effacées.

C’est la branche anti-piratage de l’ARIA, le Mipi (Music Industry Piracy Investigations), qui a effectué au saut du lit les opérations préparées depuis plus de six mois. Selon son responsable, Michael Speck, apparemment dopé par une bonne dose d’optimisme, « voici un signal indiquant que le piratage de musique via le net est terminé en Australie ».

Combats judiciaires à venir

Pour Sharman Networks, qui avait acheté Kazaa en 2002, « cette action apparaît être une extraordinaire perte de temps, d’argent et de ressources pour un problème légal qui a déjà été réglé (à l’avantage de Kazaa, ndlrc) dans les tribunaux américains et hollandais au cours des 18 derniers mois ». En effet, la Coûr Suprême des Pays-Bas est en passe de confirmer que Sharman Networks n’est pas responsable des activités illégales des utilisateurs, et la Cour d’appel de Pasadena aux Etats-Unis tend à rendre un jugement similaire auprès de Grokster et Morpheus. Le Mipi tente donc par la force de créer une « exception judiciaire australienne » qui ferait grand bruit.

Les débats judiciaires promettent ainsi d’être houleux. Telstra, l’un des FAI visés, vérifie actuellement avec ses avocats quelles sont les données que le mandat du Mipi leur permettait de saisir, et tient à faire respecter la loi australienne sur les télécommunications et la vie privée. Les Universités de Monash et Queensland ont immédiatement contesté le mandat et devaient entendues dans l’après-midi. Sharman, LEF Interactive (sa filiale en charge des services de direction), et Brilliant Digital Entertainment (la société qui fournit le contenu payant d’AltNet sur Kazaa) affronteront les avocats de l’industrie du disque avant de voir mardi prochain le juge qui a ordonné le mandat.

Malheureusement, les maisons de disques australiennes ne semblent pas encore avoir compris qu’aucune action judiciaire et/ou médiatique ne fera chuter le piratage dans le monde ou ni même seulement en Australie. La fermeture de Kazaa, si elle avait lieu, ne ferait qu’ouvrir la porte à bien d’autres éditeurs qui souhaitent actuellement prendre la place du leader (entre autres, MetaMachine, Streamcast, Optisoft…).

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le site officiel de Sharman Networks est hors-ligne.

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