Cela faisait un moment que Bruno Le Maire n’avait plus parlé crypto-monnaies. Après l’avoir mis un peu de côté, le ministre de l’Économie et des Finances a remis ce sujet au centre de ses préoccupations lors d’une interview avec BFMTV. L’occasion pour lui de faire part de ses projets pour le secteur — notamment son ambition d’agir pour que « la France soit le hub européen de l’écosystème des crypto-actifs. »
Mais ce n’est pas pour autant que le gouvernement est d’accord sur tout : le ministre a encore des doutes sur de nombreux aspects des crypto-monnaies, dont leur impact environnemental. Surtout, Bruno Le Maire est toujours opposé à l’utilisation du bitcoin en tout que monnaie officielle.
Pas question de faire du bitcoin une monnaie officielle
Interrogé sur la possibilité que les Français paient un jour leurs impôts en bitcoin, comme c’est le cas dans l’État américain du Colorado, Bruno Le Maire souligne que ce n’était pas « à l’ordre du jour ». « Je vois mal comment nous pourrions assurer l’égalité devant l’impôt si chacun choisissait sa monnaie pour payer ses impôts », avance-t-il.
Interrogé sur le nombre de commerçants acceptant les paiements en bitcoin, le ministre va même plus loin : « Je le dis sans ambiguïté, notre monnaie doit rester l’euro et le bitcoin n’a pas vocation à devenir un moyen de paiement à grande échelle dans l’Union européenne ».
« Il s’agit d’abord d’un sujet de cohésion sociale. La monnaie, parce qu’elle est le moyen d’échanger des biens et services et de rémunérer le travail, est au cœur de la confiance dans une société. […] Il s’agit également d’un sujet de souveraineté. Nous ne pouvons être maîtres de notre destin sans maîtriser en Europe notre politique monétaire », prévient-il.
À la place du bitcoin, le ministre voit plutôt d’un très bon œil les plans de la Banque centrale européenne pour le développement d’un euro numérique. « Ce projet [d’euro numérique] doit préserver notre souveraineté. De la même manière, MiCa [un projet de règlement européen en cours de discussion, NDLR] doit permettre le développement de stablecoins adossés sur l’euro […] Je crois aux vertus de la blockchain au service de l’euro, pas en l’abandon de celui-ci au profit du bitcoin. »
Autant dire qu’il s’agit d’une douche froide pour les amateurs de cryptos. À ce jour, bien que de plus en plus d’entreprises permettent de payer en crypto-monnaies et que quelques communes mettent en place des initiatives pour payer en crypto, le bitcoin reste une monnaie majoritairement dépensée en ligne. Les deux seuls pays à avoir fait du bitcoin une monnaie officielle sont le Salvador et la République centrafricaine — avec, pour l’instant, des résultats mitigés. La France et l’Union européenne ne sont, semble-t-il, pas près de rejoindre ce cercle très fermé.
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