Ça y est : Elon Musk a racheté Twitter dans la nuit du 27 au 28 octobre 2022. Le milliardaire a mis fin à la saga, démarrée en avril avec son achat de 9,2 % des parts de l’entreprise, et qui a connu de nombreux rebondissements. Entre la première annonce du rachat, puis la marche arrière de Musk, le procès intenté à ce dernier par le réseau social, et enfin la finalisation du rachat et l’arrivée de l’homme d’affaires à sa tête, les derniers mois ont été compliqués pour Twitter.
Dès les premières annonces, certains utilisateurs du réseau social ont aussi commencé à se poser des questions sur les conséquences de l’arrivée de Musk. Quelques heures après la signature officielle, ils étaient déjà nombreux à annoncer qu’ils allaient définitivement partir du site, déserté au bénéfice de Mastodon ou d’autres. Mais, pourquoi ? Twitter est déjà un enfer — et Musk ne devrait pas y changer grand-chose.
Le plan d’Elon Musk pour Twitter ne va pas fondamentalement le changer
Le plan d’Elon Musk pour Twitter est simple : il veut tout changer. Avec le « projet X », il veut en faire une sorte de réseau social intégral, comme un WeChat chinois, où un service de messagerie et d’autres fonctionnalités s’ajouteraient au Twitter que l’on connaît aujourd’hui. Il veut en faire la « place centrale numérique » de l’humanité, rétablir une liberté d’expression absolue. Tout le monde semble convaincu que Donald Trump va (finalement) pouvoir revenir sur Twitter.
Mais, tous les plans d’Elon Musk ne vont rien changer au fait que Twitter est déjà l’un des pires réseaux sociaux en termes de toxicité. Une étude parue en février 2022 révélait que 60 % des utilisateurs français de Twitter avaient déjà été victimes de cyberharcèlement.
Une autre, parue en juin et publiée dans Forbes, montrait que Twitter était l’app la plus délétère pour ses utilisateurs : 90 % des répondants ont expliqué avoir déjà vu des propos racistes sur la plateforme, et 86 % des propos homophobes. Twitter est aussi un endroit particulièrement toxique pour les femmes et l’ONG Amnesty International a conclu que l’entreprise « échoue à faire respecter les droits des femmes en ligne ». La transphobie prospère également sur le réseau social, malgré ses déclarations sur le fait que les personnes trans y sont protégées.
Ce n’est pas tout. Le réseau social a permis à des discours extrêmes de s’imposer, aux fake news de pulluler. Des politiciens d’extrême droite comme Éric Zemmour ou des complotistes se sont servis de la technique de l’astroturfing pour faire émerger leurs idées — ce qui est pourtant une pratique officiellement interdite sur Twitter. Au contraire, le site a déjà censuré des comptes féministes dénonçant les agressions sexuelles commises par les hommes, tous comme des comptes de militants LGBTQ+.
Twitter est déjà violent envers les femmes et les minorités. Elon Musk n’a pas prévu de renforcer les équipes de modération ou de durcir les règles contre les propos haineux, certes. Mais, est-ce que la situation sur la plateforme peut vraiment empirer ?
Cela sert-il vraiment à quelque chose de partir de Twitter ?
Elon Musk a beau avoir des idées pour l’avenir de Twitter et la liberté d’expression absolue, il ne va pas pouvoir s’affranchir d’une chose : le respect des lois fixées par les États. Le milliardaire a d’ailleurs été rappelé à l’ordre déjà deux fois par l’Union européenne, par rapport à la nécessité de respecter les lois contre la haine en ligne. En mai, il a ainsi promis à la Commission européenne que le site serait bien modéré. Le 28 octobre, quelques heures après l’annonce de la finalisation du rachat de Twitter, Thierry Breton a renouvelé son avertissement : le réseau social devra respecter les règles.
Alors, oui, Donald Trump va très certainement revenir sur Twitter. Le bannissement de l’ancien président américain a certes permis de réduire drastiquement le nombre de fake news publiées sur le réseau social, un répit bienvenu d’un peu plus d’un an. Toutefois, Twitter n’est pas devenu beaucoup plus vivable depuis son départ : la haine a toujours été présente.
Alors, cela sert-il vraiment à quelque chose de partir de Twitter ? Les appels au boycott des réseaux sociaux et les exodes ne marchent jamais très longtemps. On l’a vu à de nombreuses reprises au fil des années avec Facebook : malgré de nombreux appels au boycott, la plateforme est toujours là. Même les réseaux sociaux « anti-censure » d’extrême droite, comme Parler et Truth Social, n’ont pas de succès. Les internautes reviennent toujours là où les discussions se tiennent. Les utilisateurs ayant quitté Twitter pour Mastodon en réaction à l’arrivée d’Elon Musk seront certainement de retour dans quelques mois — parce que, même s’ils détestent Twitter, le site reste malgré tout au centre d’Internet.
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