Métavers, métavers et métavers… Depuis le changement de nom de Facebook fin 2021, tout le monde n’a que ce mot à la bouche. Malheureusement, ce dernier n’est que rarement bien utilisé. Comme un rapport commandé par le gouvernement français l’a prouvé fin octobre, le terme « métavers » englobe en réalité plein de technologies d’immersion et n’a pas grand-chose à voir avec le concept de monde virtuel façon Ready Player One vendu par certaines marques. Conséquence de ce quiproquo : peu de personnes s’intéressent à l’apparition de la réalité mixte ou de la réalité augmentée, qui sont pourtant des technologies au potentiel bien plus élevé.
Le 11 octobre, Meta a dévoilé le Quest Pro, son premier casque de réalité mixte (il y en a eu d’autres avant lui, comme celui fabriqué par la start-up française Lynx). À 1 799 euros, le Quest Pro n’est pas un produit grand public. Sa mission est de poser les bases pour les futures expériences en réalité mixte/augmentée, en attendant la vraie éclosion de ce marché (possiblement avec des lunettes, même si l’arrivée probable d’Apple en 2023 pourrait accélérer les choses). Que vaut le Quest Pro ? Numerama ne l’a pas encore assez testé pour vous donner son avis définitif. Cependant, en 1 heure avec le casque, on peut déjà affirmer que la réalité mixte ouvre beaucoup plus de possibilités que la réalité virtuelle.
3 expériences, 1 heure
Le 21 octobre, je me suis rendu à Londres sur invitation de Meta. Après plusieurs jours de lobbying pour recevoir le casque en test et pouvoir discuter avec des responsables de l’entreprise, le groupe de Mark Zuckerberg m’a proposé de venir essayer son produit à l’occasion d’une session privée d’une heure dans ses locaux. Vraisemblablement inquiet que les médias ne comprennent pas comment utiliser le Quest Pro, Meta souhaite pour l’instant tout encadrer. Cela peut paraître étonnant, mais il faut reconnaître que Meta, qui a décidé de miser son avenir sur le « métavers », joue gros avec son Quest Pro. J’ai donc décidé de jouer le jeu, en attendant de pouvoir tester le casque plus longuement, comme le Quest 2 il y a plusieurs mois qui nous avait permis de découvrir plusieurs problèmes dans les applications « de métavers ».
Cette session découverte s’est découpée en trois parties. D’abord, j’ai pu interviewer une représentante de Meta présente aux États-Unis dans une salle de conférence virtuelle, avec une projection d’écrans d’ordinateur devant moi. Ensuite, j’ai rencontré les développeurs d’une sorte de GeoGuessr version réalité virtuelle/mixte. Mais c’est de la troisième expérience que j’ai décidé de vous parler ici : celle d’un cours de mix à distance.
La réalité mixte rend la réalité virtuelle tolérable
Avant toute chose, il me semble important de commencer par un rappel sur la différence entre la réalité virtuelle et la réalité mixte. À première vue, il s’agit exactement de la même chose. Deux écrans sont positionnés devant les yeux et synchronisent leur alignement pour répliquer une vue 3D normale. Un casque de VR/MR n’est pas transparent comme des lunettes, il s’agit d’une vraie machine d’immersion.
Cependant, la réalité mixte est différente. Grâce à des caméras positionnées tout autour du casque, on voit le vrai monde quand on porte l’engin (Meta appelle ça « color passtrough »). Là où la réalité virtuelle isole complètement, la réalité mixte permet de continuer de voir son environnement, les personnes autour et d’éventuels objets que vous auriez envie de manipuler pendant l’expérience (comme des documents ou un ordinateur). Bien sûr, des éléments virtuels peuvent s’ajouter à la réalité. On peut par exemple accrocher de faux écrans sur son vrai mur ou manipuler une interface directement depuis la paume de sa main. Dans le cadre d’un jeu, comme le ping-pong, on pourrait imaginer qu’une table apparaisse au milieu du salon.
Si les usages sont encore très limités, j’ai vraiment apprécié cette première expérience en réalité mixte. Je ne me crois pas capable de porter un casque de réalité virtuelle pendant plusieurs d’heures d’affilée, mais le Quest Pro ne m’a procuré aucun vertige (il est aussi plus agréable à porter, puisqu’il ne touche pas aux cheveux). Le fait de voir les personnes autour de moi et de ne pas avoir peur de me prendre un mur change tout.
La réalité mixte, à défaut d’être complètement invisible (on voit encore les pixels), rend la réalité virtuelle beaucoup moins contraignante. C’est déjà une première victoire.
Un cours de mix à distance ? Le potentiel est immense
C’est donc en réalité mixte que fonctionne l’application Tribe XR. Son idée de départ est simple : une table de mixage coûte cher, voire très cher (plusieurs milliers d’euros pour le modèle virtuel que j’ai essayé). Beaucoup de personnes rêvent d’être DJ, mais doivent se contenter de versions plus abordables, avec moins d’options. Elles doivent sinon prendre des cours en présentiel, ce qui force à avoir du temps et à trouver un professeur dans ses alentours (c’est sûrement facile sur Paris, moins en région).
Dans Tribe XR, j’ai eu la possibilité de prendre un cours à distance avec un professeur lui aussi équipé d’un Quest Pro. Une table de mixage virtuelle est apparue devant moi (on peut l’afficher sur un bureau ou dans le vide) et le prof, à New York dans la vraie vie, mais en face de moi dans la réalité mixte, m’a expliqué quoi faire. Quand il me parlait d’un bouton, celui-ci était entouré de couleur.
En 20 minutes, j’ai donc eu la possibilité d’apprendre les bases du mixage, en utilisant les manettes comme mains (même s’il doit techniquement être possible d’utiliser ses vraies mains, mais sans l’impression de toucher ou de saisir). Une perche à selfie me permettait de lui montrer des choses précisément, quand je ne comprenais pas quoi faire.
Cette expérience m’a vraiment plu. Elle prouve que la réalité mixte, dans le domaine de l’éducation, est sans doute beaucoup plus intéressante que la réalité virtuelle. En évitant d’enfermer l’utilisateur, le Quest Pro rend agréable la découverte de certaines choses. Le DJ de l’autre côté de l’Atlantique m’a donné un autre exemple du potentiel de cette technologie : celui d’animer un festival virtuel dans un jeu vidéo par exemple. Je suis moins convaincu, mais pourquoi pas ? Quoi qu’il en soit, j’imagine qu’il y a plein d’autres activités coûteuses que l’on pourrait apprendre en réalité mixte, avec un vrai prof à distance. Le ping-pong, le piano, le remplacement d’une prise électrique, la cuisine… Mélanger le réel et le virtuel offre des possibilités intéressantes, contrairement au métavers. J’ai maintenant hâte de tester le Quest Pro à la maison !
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