« Puisqu’il faut avoir des ennemis, tâchons d’en avoir qui nous fassent honneur » (Charles-Augustin Sainte-Beuve)
Pendant plusieurs années, depuis la loi DADVSI jusqu’aux prémices de la loi Création et Internet, les plus habiles lobbyistes de l’industrie musicale ont dû affronter un adversaire d’un grand talent en la personne de Julien Dourgnon. Avec toujours beaucoup de respect, et souvent d’admiration. Avant d’être licencié pour d’obscures raisons internes, Dourgnon était en effet le redoutable directeur des études de l’Union fédérale des consommateurs, l’UFC-Que Choisir. Un lobbyiste d’un aplomb épatant, d’une agressivité cordiale, redoutable opposant aux maisons de disques lorsqu’il défendait la licence globale aux côtés de la Spedidam ou démontait les DRM imposés aux consommateurs aux côtés des défenseurs du logiciel libre (revoir notamment notre interview du 12 mai 2006 où il fustigeait, déjà, le système de riposte graduée par amendes prévu par la première version de la loi DADVSI, où le débat sur France Info entre Julien Dourgnon et le directeur du Snep Hervé Rony, ou encore le débat contre Denis Olivennes sur LCI).
« En off », comme on dit dans le jargon journalistique, on avait même cru percevoir en Dourgnon une détestation quasi viscérale contre une industrie musicale dont il voyait la mort venir à grand pas. Tel l’acteur habité par son personnage, il incarnait son rôle à la perfection.
Mais l’ancienne figure de proue de l’UFC-Que Choisir a changé de crèmerie. Il est aujourd’hui inscrit à un colloque sur le piratage en tant que délégué aux études et à la communication extérieure de la SACEM.
Un débauchage qui fait honneur à la société collective.
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