Une lettre mençant le P2P, divulguée à la suite d’une fuite, rédigée par le bureau du California State Attorney General Bill Lockyer est la source de nombreuses pages sur le net depuis quelques jours. En effet, outre le fait que les arguments anti-P2P ne soient ni nouveaux ni fondés juridiquement à ce jour, elle est surtout une preuve flagrante du lobbying intense des majors sur les pouvoirs publics.

L’Attorney General de Californie a été pris sur le fait : il a servi de relais « relations publiques » pour les majors du disque et d’Hollywood, et ce au nom du peuple américain (eh oui, il est élu et est supposé représenter les intérêts de tous et non de quelques-uns).

Lockyer, dans cette lettre du 25 juillet adressée à l’attention des 50 autres Attorney Generals, appelle à une interdiction des programmes de P2P qui seraient à l’origine de nombreux délits comme la circulation illégale de pornographie, le vol d’identitée, ainsi bien sûr que de pratiques allant à l’encontre des lois sur le droit d’auteur.

Mais il apparaît dans ce document au format Word que l’auteur originel est « stevensonv », qui ne serait autre que Vans Stevenson, le Vice Président aux affaires législatives de la MPAA, son lobbyiste le plus efficace et le plus connu.

Le P2P a son mini-Watergate

La lettre a en fait été préparée par les collaborateurs de Bill Lockyer et corrigée par Vans Stevenson, qui dépend directement du tout-puissant Jack Valenti, le patron de la MPAA. Bien sûr, la MPAA et Stevenson se défendent en déclarant que l’Attorney les a sollicité pour leur expertise, et qu’ils n’ont fait que fournir leurs informations, et se défendent d’avoir eu un rôle de rédacteur.

Le plus gênant dans cette affaire est qu’il ne semble pas y avoir de conflit d’intérêts aux yeux des autorités, alors que la MPAA aurait rédigé pour partie un document spécifiquement prévu pour augmenter la pression imposée à un groupe d’éditeurs de logiciels commerciaux auquel elle s’oppose violemment depuis longtemps…

Ce document, bien que rédigé pour partie par un groupe de pression, aurait ensuite été présenté comme le travail impartial de l’Attorney General de Californie, avec toutes les conséquences juridiques et morales que l’on peut supposer : il est plus facile de brocarder la MPAA que l’Attorney General, et un document juridique officiel a une valeur indéniable…

Pour le moment, aucun détail concernant les suites données à la parution de ce document n’a filtré. Affaire à suivre.

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