C’était en juin 2021. Amazon annonçait le rachat de Wickr, une application de messagerie avec du chiffrement de bout en bout pour garantir l’intégrité et la confidentialité des messages entre internautes. Comme WhatsApp ou Signal, en somme. À l’époque, cette nouvelle acquisition laissait ouverte la question de la stratégie d’Amazon dans les messageries.
Un peu plus d’un an plus tard, nous avons dorénavant la réponse : les particuliers n’auront plus la possibilité d’utiliser Wickr. Amazon a décidé de fermer la version grand public, pour se concentrer uniquement sur les volets dédiés aux professionnels et aux administrations. Ce revirement a été indiqué le 18 novembre sur le blog officiel du service.
Plus aucune inscription fin 2022, plus d’app fin 2023
Cet arrêt se fera en deux temps : à compter du 31 décembre 2022, il ne sera plus possible de s’inscrire sur Wickr Me. Puis, un an plus tard, le 31 décembre 2023, le service sera arrêté. Entre temps, l’application promet qu’elle livrera tout le nécessaire aux internautes pour savoir comment récupérer leurs données.
Le recentrage de Wickr vers le secteur public n’est sans doute pas étranger aux trajectoires convergentes entre l’application et les forces de l’ordre. D’ailleurs, Wickr revendique être « la seule plateforme de collaboration sécurisée qui dépasse toutes les recommandations de la NSA et offre la conservation des données et la conformité requises par chaque agence gouvernementale. »
Quatre mois après l’annonce de l’achat de Wickr par Amazon faite par Stephen Schmidt, vice-président et responsable de la sécurité des informations pour AWS (et accessoirement ancien chef de bureau au FBI) on apprenait l’investissement de 1,6 million de dollars dans Wickr par In-Q-Tel, le fonds d’investissement de la CIA. Ces fonds avaient été envoyés avant l’arrivée d’Amazon.
Amazon n’a livré aucune explication sur l’arrêt de Wickr Me. Les révélations faites cet été par NBC News ont peut-être pesé dans la balance et précipité la décision de ne plus proposer Wickr à n’importe qui. En effet, le journal américain a signalé que l’application servait de vecteur pour propager des contenus pédopornographiques.
L’article pointait alors les mesures insuffisantes d’Amazon pour éviter le partage de ces fichiers — une lutte compliquée lorsqu’il s’agit d’une application qui a du chiffrement de bout en bout, puisque le contenu des messages est inaccessible pour des tiers. En outre, Wickr permet les messages éphémères, retire les métadonnées sur les médias et n’exige pas un numéro de téléphone à lier.
Rien ne dit que c’est pour cette raison qu’Amazon renonce à Wickr Me. La gravité des faits relatés par NBC News constituerait toutefois une justification valable pour mettre un coup d’arrêt à l’offre grand public, qui est celle utilisée pour ce genre de partage. En arrêtant tout, Amazon s’épargne une usine à gaz cherchant à concilier répression de la pédopornographie et garantie du chiffrement de bout en bout.
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