« 1 000 000 de besties et le nombre ne cesse d’augmenter ! ». Le 21 novembre 2022, le compte Twitter de Hive Social publiait un tweet plein de satisfaction. « Merci à tous ceux qui nous ont suivi, rejoint, partagé leurs publications et leurs profils […] et plus généralement nous ont apporté un soutien incroyable », peut-on lire dans le message.
Vous n’avez jamais entendu parler de Hive Social ? Ce n’est guère étonnant. Il s’agit d’une application sociale relativement jeune, dont les fondations datent d’octobre 2019 — avec la sortie d’une application sur iOS. Sur le site officiel, Hive Social fixe toutefois les débuts du service à juin 2019, avec le lancement du développement.
Une app à mi-chemin entre Twitter et Instagram
Mais depuis novembre, Hive Social connaît une vive attention, non pas tant pour ses propres mérites, mais parce que Twitter traverse une violente phase de turbulence depuis la reprise en main du site communautaire par Elon Musk. Cette agitation profite aussi à d’autres : Mastodon, un réseau social libre et décentralisé, bénéficie aussi d’un relatif exode des internautes.
Aujourd’hui, beaucoup songent à quitter Twitter pour une alternative : parce que la personnalité de Musk est trop clivante, parce que Twitter pourrait peut-être disparaître, parce que le retour de comptes controversés déplait. Les prétextes sont divers. Mais comme il faut avoir un regard lucide sur les forces ainsi que les faiblesses de Mastodon, Hive Social a aussi ses défauts.
L’attention soudaine portée sur Hive Social a donné lieu à plusieurs commentaires sur Twitter pour pointer les caractéristiques du service, et ce qui plait, mais aussi ce qui ne va pas. Par exemple, Hive Social est décrit comme une sorte de croisement entre Twitter (on publie des statuts), Instagram (on partage des photos) et Curious.cat (on répond à des questions que l’on nous pose).
L’interface est plutôt jolie, c’est coloré, il y a des onglets pour trouver les dernières tendances, les publications qui sont censées nous correspondre ou des rubriques par thème. Il y a aussi des notifications que l’on peut activer. L’application prévoit aussi de nouvelles fonctionnalités — comme un profil musical — et se présente comme un endroit accueillant, inclusif et protecteur.
Une app jolie, mais ça ne fait pas tout
Mais d’autres internautes relèvent aussi des limites qui ne sont guère tolérables pour un service se lançant en 2022. Un exemple ? L’authentification forte, qui consiste à sécuriser l’accès à son compte avec un deuxième code en plus du mot de passe, n’existe pas sur Hive Social. Cette fonctionnalité est pourtant courante et améliore grandement la protection des comptes.
Autre faiblesse : les messages privés ne sont pas chiffrés de bout en bout (ce qui n’est pas non plus le cas de Twitter et de Mastodon), ce qui les expose potentiellement à des regards extérieurs. Là encore, la tendance est plutôt à du chiffrement partout : Signal et WhatsApp l’ont par défaut. Et à terme, Messenger, Instagram ou encore Twitter sont sur cette trajectoire.
L’absence de délégué à la protection des données a aussi été soulignée, alors qu’il s’agit d’une exigence fixée par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Autre vide : l’absence d’une version web de Hive Social. Tout passe par une application, sur Android et sur iOS. C’est peut-être moins critique que d’autres points, mais ce trou a été noté.
Sur iOS, les critiques ont aussi relevé les permissions larges que s’autorise Hive Social, en sollicitant à l’accès à toutes les photos du smartphone. Sur Android, ces autorisations n’ont pas été exposées lors de l’installation et de l’inscription. L’app est encore en bêta et fait face à divers bugs — problème que l’on retrouve aussi sur iOS, malgré un développement plus ancien.
Signe additionnel d’un chantier encore loin d’être achevé, Hive Social a admis, par exemple, un problème avec une duplication de l’identifiant des nouveaux comptes — identifiant qui est censé être unique, contrairement au pseudonyme que l’on peut changer. L’identifiant doit permettre de distinguer les comptes entre eux, pour ne pas se tromper d’interlocuteur.
Hive Social a eu un problème de ce genre, que le service a admis le 19 novembre. « Des personnes se sont introduites de force dans le système lorsque nous n’étions pas en ligne et qui ont utilisé un moyen détourné pour entrer », a écrit le site sur Twitter. Promesse a été faite ensuite de résoudre ces doublons indésirables : la génération d’un numéro à la fin de l’identifiant est une piste.
La liste des reproches pourrait encore continuer un moment. Dans cet autre fil, Ricky Mondello, un responsable d’ingénierie logicielle chez Apple avec une spécialisation dans le processus d’authentification, a pointé le fonctionnement assez sommaire de la création d’un mot de passe sur Hive Social. Il manquait aussi la prise en compte des caractères spéciaux.
L’impression générale est que Hive Social est loin d’être abouti — à l’image de cet autre échange entre un internaute et l’application sur un problème concernant la recherche de contacts, possiblement lié à l’emploi de lettres en majuscule ou à bug apparu lorsque l’application était momentanément hors ligne. Dès lors, l’idée d’en faire une alternative grand public à Twitter parait prématurée.
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