La ville de San Francisco vient de donner un permis de tuer aux robots de la police. Les forces de l’ordre peuvent désormais utiliser les machines avec l’intention d’abattre des suspects. Le texte leur donne beaucoup de pouvoir.

Dans certains cas « extrêmes », les robots de la police de San Francisco peuvent désormais être utilisés pour tuer. Le 30 novembre 2022, le conseil municipal de la ville de Californie a donné l’autorisation aux forces de l’ordre d’utiliser les robots dans le but d’éliminer des personnes « violentes, armées et dangereuses », a dévoilé The Verge.

Le texte complet indique que les robots « peuvent être une option utilisée avec l’intention de tuer lorsqu’il existe un risque imminent pour la vie de civils ou de policiers, et que cette option est préférable aux autres options disponibles ».

Quand la police peut-elle se servir des robots tueurs ?

Il est important de préciser que les robots en question ne sont pas autonomes. La police de San Francisco possède pour l’instant 17 robots (dont seulement 12 en état de fonctionner). Il s’agit de machines utilisées initialement dans des opérations de déminage, ou pour faire du repérage. Les robots, fabriqués par les marques QinetiQ et Remotec, sont contrôlés à distance par des opérateurs, et ils sont équipés de bras et de caméras.

Un des robots utilisés par les forces de police de San Francisco // Source : KTVU Fox 2 San Francisco / YouTube
Un des robots utilisés par les forces de police de San Francisco. // Source : KTVU Fox 2 San Francisco / YouTube

La nouvelle législation permet donc aux policiers d’utiliser ces robots de manière létale à distance. Un porte-parole des forces de l’ordre de la ville a indiqué que les machines seraient équipées « d’engins explosifs » seulement dans des situations critiques, selon The Verge.

Le texte qui encadre l’usage de ces robots précise qu’ils ne peuvent être utilisés que dans certains cas : dans le cas « d’entraînements et de simulations, lors d’arrestations de criminels, lors de l’exécution de mandats de perquisition, lors de l’examen de matériel suspicieux », et lorsque « les circonstances l’exigent » ou lors de « situations critiques ».

Le texte définit également ce qui relève de situations critiques, et il se trouve que la description est très large. Les « situations critiques » concernent aussi bien des prises d’otages et des civils touchés par des tirs de balle que des « manifestations potentiellement violentes ». Concrètement, les robots peuvent dont être utilisés lors de prises d’otage, mais également lors d’arrestations et lors de manifestations. À partir de ce moment-là, si les officiers considèrent qu’il y a un « risque imminent pour la vie de civils ou de policiers », ils pourront faire usage de la force avec les robots.

Une décision très polémique

Le nouveau texte a été accepté à 8 votes contre 3, rapporte The Verge, et la décision fait déjà polémique. Shamann Walton, l’un des superviseurs de San Francisco (l’équivalent d’un conseiller municipal) ayant voté contre la proposition, regrette ainsi l’armement croissant des forces de police. « On nous demande constamment de faire des choses qui ne font qu’augmenter les risques d’interactions négatives entre la police et les personnes de couleur », a-t-il expliqué.

Ce n’est pas tout. Comme le note l’Electronic Frontiere Foundation, une ONG de défense des droits humains et de la liberté sur Internet, « c’est un langage législatif extrêmement large. Les policiers pourraient apporter un robot à chaque arrestation, et à chaque perquisition ». Même s’ils ne peuvent se servir des robots de façon létale que lorsque des vies sont en jeu, la décision se base toujours sur l’appréciation des policiers. Or, la capacité décisionnelle des policiers a été très critiquée dans certaines histoires de violences policières aux États-Unis, notamment avec le meurtre de Georges Floyd en 2020.

Donner à une institution accusée de racisme encore plus d’armes pour tuer est potentiellement comme une très mauvaise idée. « Le mélange entre les nouvelles technologies, des armes mortelles, des situations tendues, et une machine télécommandée est une vraie poudrière », prévient l’Electronic Frontiere Fondation. Les problématiques de violences policières pourraient ainsi bientôt se retrouver liées à un nouveau sujet : l’utilisation de robots ayant le droit de tuer.

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