Si Elon Musk se soucie vraiment de la politique de modération sur Twitter, il n’a pas franchement émis de signaux convaincants depuis qu’il est à la tête du réseau social. L’entrepreneur américain semble plutôt dans une phase de détricotage de l’existant. Dernier exemple en date ? La dissolution du « Conseil de confiance et de sécurité » en décembre.
Cette structure, mise en place en 2016, avait pour objectif de fournir des conseils et des observations pour aider le site communautaire à « améliorer la sérénité de la conversation publique ». Il s’agissait d’un organe consultatif, dont les remarques n’engageaient pas Twitter, mais devaient lui permettre de traiter correctement de sujets sensibles et compliqués.
Parmi les problématiques abordées par ce Conseil de confiance et de sécurité figuraient la prévention du suicide, la santé mentale, la déshumanisation, les droits humains, le harcèlement, la sécurité en ligne, l’exploitation sexuelles des enfants ou encore les droits numériques. Le conseil rassemblait des bénévoles du monde entier et spécialistes de ces questions.
CNN a partagé le 13 décembre 2022 le mail envoyé aux membres du Conseil de confiance et de sécurité (Trust and Safety Council, en anglais). Dans celui-ci, il est dit que Twitter cherche à « réévaluer » l’intégration des points de vue externes dans sa politique de modération et sa conception de la plateforme. Aujourd’hui, continue la lettre, ce conseil ne serait « pas la meilleure structure pour le faire ».
Un conseil en place depuis 6 ans pour aider Twitter
On ignore aujourd’hui si Twitter souhaite déployer un autre organe consultatif de ce type. Toujours est-il que l’entreprise a pris soin de supprimer la page relative à ce conseil de son site. Elle peut toujours être consultée dans une version archivée, avec notamment la liste de toutes les personnalités et organisations extérieures, en fonction de leurs spécialités.
La disparition de ce conseil a été jugée regrettable par Alex Holmes, le directeur de l’initiative Diana Award, qui en faisait partie. Ces bénévoles « ont donné de leur temps lorsqu’ils étaient consultés par le personnel de Twitter pour offrir des conseils sur un large éventail de préjudices et de questions de sécurité en ligne », a-t-il écrit.
Jamais cette structure n’imposait ses vues à Twitter, en lui disant que faire et de quelle manière. « Il est donc décevant qu’après de nombreux reports, une réunion ait été annulée et qu’un courriel ait été envoyé pour informer le groupe que le conseil était dissous », a-t-il ajouté. « La façon dont les choses se sont déroulées et dont les membres ont été traités est malheureuse et inacceptable. »
Quelques jours plus tôt, Anne Collier, aussi membre de ce conseil, avait annoncé sa démission, aux côtés d’Eirliani A Rahman et de Lesley Podesta, pour dénoncer la trajectoire du réseau social depuis sa prise de contrôle par Elon Musk. « La sécurité et le bien-être des utilisateurs de Twitter sont en baisse », jugeaient-elles alors, dans un message paru le 9 décembre.
Les trois démissionnaires n’ignorent pas le désir de la direction de Twitter de se reposer désormais fortement sur de la modération automatisée. Mais « les systèmes algorithmiques ne peuvent pas tout faire pour protéger les usagers contre les abus et les discours haineux en constante évolution avant que des modèles détectables ne se développent », prévenaient-elles.
Elon Musk se dit très insatisfait
La sortie d’Anne Collier sur Twitter a donné lieu à une séquence dans laquelle Elon Musk a pris la parole pour déclarer que « c’est un crime qu’ils [Twitter, ndlr] aient refusé de prendre des mesures contre l’exploitation des enfants pendant des années », en réaction à une internaute qui a partagé un article de 2021 du New York Post accusant Twitter d’inaction face à de la pédopornographie.
Jake Dorsey, fondateur et de Twitter, a répondu à Elon Musk en lui disant que cette déclaration est fausse. Cependant, l’entrepreneur américain a maintenu ses dires en ajoutant que le directeur général Parag Agrawal et le directeur financier Ned Segal n’ont pas pris les bonnes mesures pour améliorer la sécurité des enfants sur le site.
« J’en ai fait une priorité absolue » a ajouté l’homme d’affaires, qui a exprimé à quelques occasions sa résolution totale à se montrer intraitable sur ce sujet — que ce soit auprès d’Emmanuel Macron, qui lui demandait son engagement, ou bien dans le cas du bannissement du conspirationniste Alex Jones, qui a raconté n’importe quoi sur la tuerie de Sandy Hook.
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